Summary
In this classic adaptation of Emile Zola s novel, a tortured train engineer falls in love with a troubled married woman who has helped her husband commit a murder.
🎬 Le récit d’Emile Zola datant de la fin du 19ème siècle a beau avoir été transposé pendant l’entre-deux guerres, le fatalisme qui le caractérisait est parfaitement transcrit dans le film de Jean Renoir. Le couple formé par Jean Gabin et Simone Simon est magnifiquement bien interprété et certaines de leurs scènes, grâce à la splendide photographie en noir et blanc, sont tout simplement devenues mythiques. En clair, il s'agit d'un classique à voir ! 🎬 🎬 🎬
1938. Avec Jean Gabin, Julien Carette, Fernand Ledoux, Simone Simon, Marcel Pérès,
Drame • (1h40) • 1938 • France • Réalisé par Jean Renoir • avec Jean Gabin, Simone Simon, Ledoux Fernand, Jacques Berlioz. Sous-chef de la gare du Havre, Roubaud se rend à Paris avec son épouse, la belle Séverine, dans l'espoir de bénéficier d'une faveur de Grandmorin, le parrain de sa femme, un cadre supérieur influent dans la compagnie de chemins de fer. Après l'entrevue, aussi brève qu'infructueuse, l'homme comprend, atterré, que Séverine et Grandmorin sont amants. Fou de jalousie, il attire le concupiscent parrain dans un piège, à bord de l'express Paris-Le Havre, et le tue sous les yeux de sa femme. Arrivé en Haute-Normandie, le couple descend du train sans savoir que Jacques Lantier, le mécanicien, les a vus sortir du compartiment où l'irréparable a été commis... 🚂🚂🚂🚂🚂🚂🚂🚂🚂🚂🚂🚂🚂🚂🚂🚂🚂🚂 Le cœur de Jacques le mécanicien balance : il aime Séverine (femme mariée) d‘un amour passionnel et voue à Lison un amour plus sensuel… même si Lison est une locomotive. Non, Renoir n’avait pas imaginé en 1938 le scénario de Titane (Palme d’or 2021, de Julia Ducournau où l’héroïne fait l’amour avec des voitures), il ne faisait qu’adapter Zola en s’éloignant toutefois de la veine naturaliste de l’écrivain pour se focaliser sur le fatalisme amoureux – incarné par Lison donc – qui causera la perte de Jacques (Gabin dans un de ses plus beaux rôles, très noir). En pleine montée du nazisme, Renoir, cinéaste étiqueté « engagé » (il vient de tourner La Marseillaise sous les auspices de la CGT), s’attaque au portrait d’une humanité bestiale qui a les mains dans le cambouis. Il rend la locomotive très humaine et les rapports homme-machine très physiques voire charnels : Gabin donne un petit nom à sa locomotive, la nourrit (image très suggestive de la « gueule » de la chaudière à vapeur qui engloutit le charbon) et se colle à elle pour ressentir sa chaleur. De son côté, la locomotive semble lui dicter ses actes : par son bruit, elle l’empêche de commettre un premier crime et à la fin, c’est elle qui l’éjecte sur les rails. De L’ Arrivée d’un train en gare de La Ciotat, des frères Lumière (1896), à Snowpiercer : le transperceneige, de Bong Joon-ho (2013), en passant par La Roue, d’Abel Gance (1923), le train a inspiré les cinéastes comme symbole hautement cinégénique de progrès technique mais aussi de fuite en avant. Excitant et effrayant, comme la passion amoureuse. TÉLÉRAMA • Critique par Anne Dessuant • Publié le 28/06/2022.