2001 : L’Odyssée de l’Espace est une expérience plus qu’un récit, et c’est autant sa force que sa limite. Le film impressionne d’abord par ses choix radicaux : une ouverture sans dialogues, des plans contemplatifs interminables, un final psychédélique de dix minutes… Kubrick impose une forme qui frôle parfois l’abstraction totale, et que l’on regarde autant qu’on la subit. À cela s’ajoute un réalisme visuel incroyable pour la fin des années 60 : décors, maquettes, déplacements en apesanteur… tout semble encore d’une modernité folle.
Même si le film m’a laissé à distance par moments, il reste fascinant dans sa manière de jouer du silence, du vide et des images qui s’étirent. J’aime le contemplatif, et certains passages parlent vraiment par leur étrangeté : sons déroutants, cadres figés, atmosphères presque hypnotiques. On sent un cinéaste qui explore plus qu’il ne raconte.
Sur le moment, le sens du film est difficile à saisir. Mais une fois digéré il devient clair que Kubrick propose une réflexion ambitieuse sur l’évolution humaine, de la préhistoire aux horizons cosmiques, avec ce monolithe comme catalyseur mystérieux. C’est aussi là que le film prend toute sa dimension : en tant qu’œuvre d’art qui dépasse largement sa narration.
Je suis content de l’avoir vu, surtout en constatant l’empreinte gigantesque qu’il a laissée sur la science-fiction moderne. Mais l’appréciation émotionnelle reste plus mitigée : trop déconnecté du réel, trop conceptuel pour que j’y trouve un véritable attachement. Déstabilisant, oui. Admirable, sans doute. Aimé… pas totalement.
Une œuvre monumentale et déroutante, plus fascinante qu’attachante. Un pilier du genre, mais pas un film qui se laisse aimer facilement.