Animal

Film de genre sympa, les plans sont beaux, on est transporté en Camargue.

Emma Benestan s'est servie de La bèstio dóu Vacarés (d'Arbaud, 1926) pour traiter de la difficulté pour une femme d'entrer dans un monde d'homme. Le mythe du faune-taureau ici est mis au service du fantastique : une jeune femme qui s'intègre au monde de la bouvine subit un viol, qui génère chez elle une transformation inconsciente en taureau vengeur. La bouvine. Emma Benestan s'est très bien renseignée sur cet univers où les codes appartiennent aux seuls gardians, qui vivent près leurs bêtes dans une nature austère. La cinéaste, franco algérienne, y place un personnage au double défi : femme et maghrébine d'origine. Ce faisant elle la place dans la normalité sociale ; Nejma n'est pas une cagole de banlieue immergée dans une cité à immigrés mais au contraire une femme différente dont la différence s'est dilluée dans un milieu intégrationniste. J'ai connu à Arles de jeunes collégiens, Akim et Mohamed, qui allaient à la mosquée le vendredi et rejoignaient une équipe de razzeteurs le samedi, aussi je pense que l'idée narrative d'Emma Benestan n'est pas du tout extravagante. Les différentes phases de la bouvine, marquage, conduite des bêtes, entraînements, spectacle et fête sont crédibles, ce qui donne de la force au développement surnaturel de la seconde partie du film. Influences. Le mythe de la Bèstio dóu Vacarés, une force primale se manifeste du fond de la Camargue alors que l'être humain transforme ce milieu, est ici détourné pour se mettre au service du thème de la femme outragée qui, inconsciemment, se venge en prenant forme animale. L'argument rappelle également le film de Jacques Tourneur, La Féline (1942), dans laquelle une femme devient panthère pour éliminer ses rivales. Emma Benestan mobilise donc l'argument du fantastique : l'étrange surgit du monde habituel, mais pour exprimer que le viol abolit l'humanité de la victime. Nejma se transforme en l'être supposé pur qu'elle ambitionne de maîtriser. Ainsi elle exercera sa Vengeance. Éléments filmiques. Chaque glissement vers le fantastique est amené par un lent travelling avant. La prise de vue privilégie les gros plans de visages et les plans larges lors des incursions en Camargue. La maîtrise de la lumière, y compris les scènes nocturnes, est évidente. Authentique. Il est notable que le film emploie des acteurs au parler conforme avec la région ou l'action se déploie. Seule l'actrice principale ne parle pas comme les régionaux. Le manadier citera une poésie en provençal.

Ugc seule

Vu avec Alex en avant première avec la présence des acteurs principaux du film