Film de science-fiction • (3h10) • 2022 • Etats-Unis • Réalisé par James Cameron • avec Sam Worthington, Zoë Saldaña, Sigourney Weaver, Stephen Lang.
Après plus d'une décennie de relation idyllique sur Pandora, Neytiri, Jake et leurs enfants doivent fuir leur foyer en raison d'un terrible conflit.
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Les héros d’“Avatar” sont désormais parents, mais le danger rôde... Cameron mêle avec bonheur classicisme et technologie, dans un esprit familial.
Le dernier plan d’Avatar (2009), mémorable pic d’intensité, marquait le passage définitif du soldat américain Jake Sully, devenu paraplégique, dans son corps puissant et bleuté de Na’vi. Au milieu de ce peuple extraterrestre, sur la planète Pandora, il allait pouvoir enfin vivre son histoire d’amour avec la belle amazone Neytiri. Grand mystère depuis des années, la suite de ces aventures extraordinaires se révèle aussi simple qu’on pourrait l’imaginer dans la vraie vie. Jake et Neytiri ont eu des enfants, ils ont troqué la passion pour des responsabilités de parents. Et veiller sur leur progéniture n’est pas une mince affaire car les militaires destructeurs menacent toujours et, cette fois, veulent la tête du renégat Jake…
Si Avatar avait représenté un saisissement, offrant une expérience de cinéma inédite, La Voie de l’eau s’installe dans une atmosphère plus familière et familiale. Comme son héros, James Cameron semble s’être vraiment transporté dans l’univers de Pandora, pour lequel il nous fait d’abord partager son attachement. La première partie de ce nouveau film revisite, comme en pèlerinage, les lieux des drames et des exploits passés. Autour du couple central, d’autres personnages reviennent, ou renaissent. La femme que jouait Sigourney Weaver reste présente à travers la petite fille à laquelle elle a étrangement donné naissance, élevée par Jake et Neytiri. Le colonel Quaritch, méchant dézingué à grand mal, est ressuscité, sa mémoire génétique injectée dans un corps de Na’vi. Autour de la petite famille, la grande est là aussi.
Cameron reprend tout ce qu’il aime, sans avoir peur d’apparaître comme le magicien qui ressort de son chapeau le même lapin. Au fil de La Voie de l’eau, on retrouve des machines en tous genres, comme il a toujours adoré en filmer, et un hydroglisseur géant où se déroulent des scènes qui évoquent à la fois Abyss et Titanic. Avec cette suite à laquelle les nombreux personnages d’enfants donnent un esprit plus junior, Pandora devient un coffre à jouets. Le plus extraordinaire d’entre eux, c’est l’eau : à force de s’être perfectionné pour la recréer numériquement, le réalisateur en fait ce qu’il veut. Ici, elle façonne une peuplade chez qui se réfugient Jake et les siens, splendeur d’un monde naturel célébré comme dans des photos du National Geographic. L’eau est aussi la plaine où se joue ce western aquatique (et fleuve), avec des chevaux remplacés par des dragons amphibies et un motif de chasse à l’homme qui reste très bon enfant.
Un amour du cinéma classique traverse cette superproduction née d’une technologie dernier cri. Si la famille en est le thème principal, Cameron promeut d’ailleurs un modèle d’éducation très traditionnel, avec pas moins de trois pères autoritaires qui entendent se faire respecter, Jake le premier. Ce mélange d’ancien et de nouveau fait la saveur d’un spectacle où des émotions intimes se glissent et qui, même s’il est moins bluffant la deuxième fois, reste de l’ordre de l’incroyable. La Voie de l’eau mêle des impressions de blockbuster, de dessin animé, de tableaux composés par un peintre, de jeux vidéo… Une matière en fusion qui recompose tout (allez reconnaître Kate Winslet en cheffe de tribu du peuple de l’eau !), une vraie plongée dans un rêve qui a pris vie.
TELERAMA • Critique par Frédéric Strauss • Publié le 13/12/2022.