Drame • de Tim Mielants • 2022 • 1h39 • avec Michelle Fairley, Bouli Lanners, Andrew Still, Julian Glover.
Depuis des années, Phil vit coupé du monde sur une petite île écossaise isolée, au sein d'une communauté presbytérienne. Victime d'un AVC qui provoque une perte totale de mémoire, Phil revient sur son île après une période de convalescence à l'hôpital. Sur place, Millie est chargée de l'aider à retrouver ses marques. Peu à peu, Phil reprend du poil de la bête, se remet au travail et il parvient à récupérer physiquement. Mais il souffre terriblement de cette absence de souvenirs, et ne peut s'empêcher de questionner Millie pour découvrir des bribes de son passé. Cette dernière lui révèle qu'ils étaient jadis des amants secrets...
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Exilé volontaire sur l’île de Lewis, tout au nord de l’Écosse, Phil cache ses secrets derrière un air bonhomme et un dévouement sans faille à la famille d’éleveurs qui l’a accueilli. À première vue, cet étranger au passé mystérieux a tout des perdants magnifiques chers à Bouli Lanners. Mais pour son cinquième long métrage, l’acteur-réalisateur d’Eldorado et des Géants s’est autorisé sa première histoire d’amour. Une vraie, une grande, d’autant plus poignante que ses protagonistes ont dépassé la cinquantaine et n’ont pas été épargnés par la vie. Victime d’un accident vasculaire, Phil perd la mémoire. Millie, la fille de son employeur, célibataire contre son gré depuis toujours, prétend alors qu’ils s’aimaient en secret avant son amnésie…
Bouli Lanners n’a pas perdu son sens de la composition plastique. Ses plans extralarges de la lande et de la plage battues par les vents forment une prison à ciel ouvert pour ses personnages, soumis aux poids social d’une communauté repliée sur elle-même et fidèle à la discipline stricte de l’Église presbytérienne. Dans ces décors à la fois austères et splendides, L’Ombre d’un mensonge prend parfois des allures de drame romantique à la Emily Brontë. Mais où la retenue dans l’expression des sentiments serait la règle… C’est avec une infinie délicatesse que le comédien interprète la renaissance de Phil, et que le cinéaste filme l’éveil de la passion chez Millie. Un sourire s’esquisse sur le visage jusqu’alors bouclé à double tour de Michelle Fairley (la terrible Lady Stark dans Game of Thrones, très émouvante ici), et c’est aussi beau que le soleil qui vient enfin percer la grisaille du ciel écossais.
TÉLÉRAMA • Par Samuel Douhaire • Publié le 22 mars 2022.
