« -Quand elle passe les 225, elle se prend…
-Pour un avion »
Le titre original, Ford v. Ferrari, laisse penser que le spectateur va assister à un affrontement direct entre les deux personnages principaux, incarnés par Matt Damon et Christian Bale. En réalité, le cœur du film repose sur leur amitié solide, faite de piques et de chamailleries, mais surtout de respect mutuel. Ensemble, Carroll Shelby et Ken Miles cherchent moins à affronter Ferrari qu’à échapper aux pressions incessantes de la hiérarchie de Ford.
C’est d’ailleurs l’un des points intéressants du film : bien que Shelby et Miles travaillent officiellement pour Ford, le spectateur n’éprouve guère de sympathie pour l’écurie. La firme est dépeinte comme froide, opportuniste, uniquement motivée par l’image et les retombées économiques. Les véritables adversaires de Shelby et Miles ne sont donc pas seulement les voitures rouges de Maranello, mais aussi leurs propres supérieurs. À l’inverse, Ferrari, bien que présenté comme arrogant, fait preuve d’une forme de respect. Le moment le plus marquant reste sans doute la reconnaissance finale d’Enzo Ferrari envers Ken Miles, bien plus sincère que celle de ses employeurs.
Le duo d’acteurs fonctionne à merveille. Christian Bale, en pilote colérique mais génial, donne une intensité et une humanité à Ken Miles, même si son accent paraît parfois un peu forcé. Face à lui, Matt Damon incarne un Carroll Shelby charismatique, calme mais déterminé. Leur complicité rend crédible cette relation d’amitié virile qui porte le film.
Enfin, Le Mans 66 brille particulièrement dans ses scènes de course. James Mangold filme la vitesse avec une vraie inventivité : certains plans, notamment ceux où la caméra est fixée à l’avant de la voiture, immergent totalement le spectateur. La route s’étend alors sur tout l’écran, les obstacles surgissent brutalement, et l’on ressent presque la vibration du moteur et le danger de chaque virage. Ces moments procurent un vrai frisson de cinéma.
Au final, Ford V Ferrari V Ford
