Adapté du roman d’Alice Ferney, « l’Intimité »,« l’Attachement » débute le jour où Sandra, célibataire endurcie et libraire féministe, se voit confier un matin la charge d’Elliott dont la mère, sur le point d’accoucher, part pour l’hôpital. Une mère qui ne reviendra pas. « Maman est morte ? Déjà ? » demande Elliott, petit garçon incroyablement lucide et lumineux, à son (beau)-père terrassé.
Commence alors un long travail de reconstruction pour les témoins et accompagnants de ce drame dont ils réchapperont sans jamais s’en remettre complètement. Le père reconstruit peu à peu sa vie, entre les couches de sa fille, la rencontre avec une jeune pédiatre, le soutien de sa belle-mère et la complicité de sa voisine qui endosse malgré elle différentes fonctions, d’amante impossible à mère de substitution.
Tour à tour légers et graves, réfléchis et spontanés, drôles et mélancoliques, les dialogues servent d’un trait précis des personnages en déséquilibre, assumant leurs balancements et leurs hésitations.
Dans la dernière partie, on voit que Sandra n’est ni officiellement la « mère de substitution », ni seulement la voisine compatissante, mais une présence devenue « évidence » pour la famille. L’affection reste « entre-deux », ambiguë, mais authentique. Le film se termine sur cette idée que la vie continue dans sa complexité, tissée de liens d’attachement vrais mais sans forcément les nommer.
Le film aborde des thèmes puissants (le deuil, la recomposition familiale, l’attachement) mais le traitement reste trop modéré, voire aseptisé. Le message prend le pas sur la vérité des êtres. Le sujet est noble, mais la mise en œuvre ne provoque pas suffisamment l’adhésion émotionnelle.
Points faibles :
- Manque de tension dramatique / figuration trop neutre : « L’attachement » échoue à trouver le ton juste entre émotion et discours. L’émotion est présente mais ne « mord » pas assez, les enjeux sont trop effacés.
- Rythme irrégulier : l’histoire « tourne en rond », les dialogues et les diverses relations entre les protagonistes font souvent du sur-place. Le film peut être perçu comme manquant de direction forte ou de point culminant qui justifie pleinement sa durée.
- Personnages trop symboliques / écriture prévisible : les personnages sont trop stéréotypés (la pédiatre dont le père tombe amoureux n’est absolument pas convaincante), ce qui affaiblit la profondeur de l’histoire (la femme qui apprend à aimer, l’homme qui réapprend à vivre). Leur évolution, attendue, suit une courbe quasi mécanique. »