Six parties et un épilogue, c’est ce que nous propose Zack Snyder, et si la durée peut faire peur, elle est nécessaire pour raconter l’histoire. Quand on voit tout ce que le film nous propose, on comprend pourquoi la version cinéma a été tant critiqué.
Après c’est normal que le film soit long, comme le DC univers n’a pas introduit chacun de ses héros avant de les réunir ensemble, comme fait Marvel, il faut bien présenter les héros qui n’ont pas de background ce qui prend nécessairement du temps. Car si on le fait pas, on perd en caractérisation des personnages et donc de l’implication émotionnelle du spectateur.
Sinon, je ne me suis jamais ennuyée. La durée permet également une chose rare dans ce genre de film : s'arrêter sur des regards et des visages, pour laisser un peu d'espace aux silences.
Zack Snyder’s Justice League démarre à peu près là où Batman V Superman s’était terminé, sur le cri de douleur de Superman qui résonne à travers la planète. Cette vague donne la première note mélancolique d’un film qui, cette fois, assume plus simplement la noirceur de la situation. L’Homme d’Acier a disparu et avec lui, une certaine idée de l’espoir s’est envolée. Ce désespoir ronge Lois et Martha, motive Bruce à réparer ses erreurs, et ouvre une brèche pour Steppenwolf : sans kryptonien à l’horizon, sans union entre les peuples et les héros, l’émissaire de Darkseid a un boulevard pour terrasser la Terre.
Snyder a travaillé ses moments de tristesse, et notamment la tristesse de ce monde. Dans un simple effet de montage qui relie un chant islandais mélancolique à un silence de Martha, ou dans un frisson collectif lorsque le plan des méchants touche à sa funeste fin, il installe un univers entier, et connecte des points un peu partout sur le globe pour créer une symphonie entre ces personnages, humains ou surhumains. C’est la solitude qui les relie (ils sont tous orphelins ou presque, au fond), et c’est elle qui doit être vaincue pour affronter Steppenwolf.
Cyborg est évidemment le grand gagnant de la version longue. De carrosserie de luxe encombrante, il passe à personnage à part entière, avec un passé, un présent et un futur. Victor Stone gagne ainsi une dimension humaine grâce à sa rage et sa douleur. L'étendue dangereuse de ses pouvoirs est explicitée, tout comme sa relation avec son père
Steppenwolf est l'autre vainqueur de la version longue. En plus de gagner un relooking nécessaire, il a désormais une identité et une autre dimension par rapport au film de 2h. Il n’est pas encore celui des comics mais au moins il a des motivations réelles. Maintenant que la Terre n’est plus habité d’un Kryptonien, il peut venir la conquérir comme il a fait avec 100 000 mondes auparavant dans le but de retrouver son honneur auprès de son maître qui lui a donné un quota de monde à conquérir après qu’il l’est trahi.
Flash gagne aussi en épaisseur tout en conservant son humour qui fait de lui ce qu’il est, même si ce n’est pas le plus fin et qu’il peut vite agacer (la deuxième partie était mieux niveau blague de sa part). Également, il a le droit à des scènes solos qui le mettent en valeur.
Gal Gadot en tant que Wonder Woman sous la direction de Snyder est vraiment d’une très grande classe et peut être la meilleure version d’elle même qui puisse exister (oui, mieux que son propre film). Elle est enragée et plus badass que jamais. Impitoyable, violente, puissante, expérimenté... Une véritable furie qui ne fait pas de quartier. Une déesse de la guerre. Une véritable Girl Power qui démontre sa force de conviction par ses actes et non par des mots féministes qui a trop grosses doses peut plomber le récit.
Quant à Superman dans ce film, il est en retrait, puisqu’il est mort. Ce qui est une bonne chose. On sait qu’il est cheaté. Si il était là dès le début, la justice league n’aurait aucune raison d’exister, et en plus le méchant ne serait même pas là. Ici le synopsis est simple : le méchant est trop fort pour la team malgré le fait qu’elle soit composée de meta humains. Dont la numéro 2 en terme de pouvoirs, aka Wonder Woman. Comme ils se sont pris une bonne branlée, ils doivent trouver un moyen de ramener Superman à la vie, sinon la Terre est condamnée. C’est donc bien Superman qui vaincra le méchant, un peu aidé par ses collègues (car ils ont signé des contrats qui leur donnent tout de même un rôle quelque peu important), car c’est lui le plus fort. A la différence de Marvel qui nous a mis Captain Marvel, l’équivalent de Superman, mais n’étant pas Robert Downey Jr, elle s’est retrouvée à faire la plante verte pendant tout Endgame.
En point négatif, peut être un peu trop de flashback, qui font pavé dans la mare, car justement il faut tout expliquer des personnages qui n’ont pas eu leur propre film, afin qu’on sache qui ils sont, et comme il n’y en a pas qu’un, cela prend du temps. Autre point négatif, le cours d’histoire de Diana à Bruce prononcé d’une voix théâtrale, peut être que cela aurait pu être présenté autrement. Aussi, les scènes de tension amoureuse entre Diana et Wayne n’étaient alors pas du tout nécessaire, déjà qu’on avait compris dans BVS que Bruce voulait se faire Diana…
Après le film a fait un grand ménage de la première version de deux heures comme par exemple l’intro de Superman filmée au tél, aquaman assis sur le lasso de Wonder woman ou encore la moustache mal effacée d’Henry Cavill. Mais même rafistolé avec des rustines de tous les côtés, le scénario reste un problème. Cette histoire de Boîtes-mères que les héros doivent protéger, et que les méchants doivent voler, avance sur un chemin trop classique et tranquille malgré quelques gros changements et ajouts (notamment dans le climax). Et on est sur le même principe que Avengers Infinity War. De plus, il y a peut être moins de boîte à chercher que de pierre dans Avengers à cherche mais pourtant cela est étiré un maximum. Et clairement cela pouvait être évité.
Aussi, je ne comprends pas pourquoi il faut les boites pour terraformer les planètes, le grand méchant et ses démons n’ont pas l’air d’être spécialement dérangé par les conditions de vie sur notre planète, à la différence des Kryptoniens qui ne pouvaient pas y respirer. Donc ils pourraient conquérir la planète et asservir les humains assez facilement finalement.
Et enfin, la résurrection de superman est quand même assez vite expédiée.
Enfin, comment ne pas s’arrêter sur le visuel du film. Jamais un film de super-héros n’a été aussi beau. La scène d’ouverture permet d’avoir le ton du film. On est pas seulement là pour un film qui réunit des super héros, on est là aussi pour en avoir plein les yeux. Et le film ne se rate pas.
Les ralentis, la photographie, les couleurs, et parfois la musique (même si cette facette est la moins excitante) : absolument tout est mis au service d’une iconisation extrême, avec un surdécoupage qui cherche constamment à mettre en lumière les costumes, les coups, les armes, et les étincelles super-héroïques. Il y a eu le droit à un paquet d’argent pour faire ce qu’il voulait, on le voit, et il y a pu faire une dinguerie.
Au final, ce film est le LE film de super héros par essence mais sans suite à l’horizon, Zack Snyder’s Justice League peut-il être autre chose qu’un grand exercice de frustration ? Si le film parvient plus ou moins à refermer quelques portes (Bruce évoque le Knightmare, histoire de), l’épilogue de 20 minutes est une autre affaire. Elle a une allure de : Vous ne verrez jamais la suite de la trilogie. Tant pis, voici quand même les miettes de quelques plans qui vous permettront d’imaginer ce que cela aurait pu donner si les studios avaient laissé faire Snyder…