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2025

Lilia Hassaine

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143 avis

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7.5/10

Les avis sur ce livre révèlent une fascination pour son cadre dystopique où la transparence architecturale est censée prévenir le crime, mais soulèvent des inquiétudes sur la perte d'intimité. Les lecteurs sont partagés : certains applaudissent l'originalité et la réflexion sociale profonde, tandis que d'autres critiquent le style d'écriture et trouvent l'intrigue parfois banale ou mal finie. L'ensemble provoque une réaction forte, qu'elle soit d'adhésion ou de rejet.

👍 Concept de transparence totale captivant.

👎 Style d'écriture et fin peuvent décevoir.

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Avis et Commentaires

91 avis
EP
Enora Puyoua noté ★ 8/10
Il y a 4 jours

Une dystopie policière futuriste assez surprenante !

Céline Hacharda noté ★ 10/10
26 septembre 2025

Résumé complet ChatGPT Voici un résumé étoffé, organisé pour couvrir l’univers politique, l’enquête, les personnages, les indices, la chronologie et les thèmes. Univers & bascule politique • Déclencheur (2029) : l’influenceur Julian Gomes tue son oncle après un sondage en ligne (87 % “oui”). L’acte, filmé, déclenche la #RevengeWeek (vigilantisme massif). • Effets immédiats : émeutes, piratage du site de la Justice (“ministère de l’Injustice”), dénonciations publiques de “bourreaux” impunis. • Solution politique : l’avocate Gabrielle Boca obtient la grâce conditionnelle des actes de la Revenge Week et fonde Transparence citoyenne. • Refonte institutionnelle : lois et jugements votés en ligne, documents d’État ouverts (hors Défense), justice de quartier mensuelle où les accusés plaident seuls. • Urbanisme de la transparence (architecte Viktor Jouanet) : maisons-vivariums, vitrages partout (“si l’on n’a rien à cacher…”), sous-sols proscrits. • Durcissement pénal : responsabilité abaissée à 7 ans (cas Jules Peretti, 12 ans, stigmatisé par un show TV → opinion publique → loi). Intrigue policière (Paxton, 2049–2050) Cadre & narratrice • Hélène Dubern, flic et narratrice, mariée à David (relation qui se délite puis se répare partiellement). • Collègue : Nico (loyal mais ambivalent). • Enquête : disparition des Royer-Dumas (la peintre Rose, son mari poète Miguel, leur fils Milo). • Voisinage clé : • Olga (sœur de Rose), • Lou (jeune voisine photographe) & Nadir (juriste/avocat, couple séparé), • Viktor Jouanet (architecte-figure du régime) & sa fille Salomé (12 ans), • Philomène & Johann (leurs enfants Ninon et Arthur), • Paul et son père. • Autre repère : Pablo, père de Miguel (grand-père de Milo). Faits établis & autopsies • 25 juin 2050 : deux corps découverts près d’un jardin d’enfants : • Miguel : traumatisme crânien par objet contondant ; pas de défense. • Rose : asphyxie (ecchymoses cou/poignets, congestion pulmonaire) ; peu de signes de lutte. Passés croisés & renversements d’identité • 2014 : les sœurs Olga/Rose Delage perdent leur frère Thomas (5 ans), fauché par une conductrice en fuite. • Revenge Week : la vraie Rose empoisonne Marine Gautier (la conductrice) avec un barbiturique volé par Olga. • Pour protéger la carrière de Rose, les sœurs échangent leurs identités : • “Rose Delage” devient la peintre célèbre (anciennement Olga) ; • “Olga” porte le fardeau légal (interdiction d’exercer comme infirmière). • Conséquences : dépendance financière d’Olga envers sa sœur ; culpabilité croissante de la véritable Rose (crises autour du 17 novembre, date de naissance de Thomas). Harcèlement de Milo & escalade (17 novembre 2049) • Milo, enfant sensible et solitaire, se fabrique une amie imaginaire matérielle (“Ficelle”, assemblage de lacets) ; suivi par la psychologue Joëlle Lebras. • Harcèlement par Arthur et Salomé (lasers nocturnes, menaces), facilité par la transparence des maisons (plus de refuge). • Salomé remplace de l’eau par de l’acide chlorhydrique → brûlures sévères de Milo. • Miguel, fou de rage, menace Viktor/Philomène/Johann de poursuites (rappelle la nouvelle loi sur les mineurs). Meurtres & maquillage • Proposition de Viktor : argent pour éviter les poursuites (montant jusqu’à 3 M€). • Confrontation chez Olga où Milo est soigné : • Viktor saisit une statuette de la Liberté et fracasse le crâne de Miguel. • Philomène étouffe Rose (sac plastique scotché ; poignets liés). • Dissimulation : • Savonnage des vitres des Royer-Dumas (faire croire à un départ clandestin). • Enterrement des corps au jardin d’enfants (trou pré-creusé par Salomé). • Milo caché par Viktor dans un bunker illégal (sous-sols interdits), soigné par Olga. Indices matériels & logiques de l’enquête • Signature “Olga Delage” sur un tableau chez Rose → piste des identités. • Recueil de Miguel dédié à “Olga” (et non Rose) → confirme l’échange. • Clé/USB avec message vocal de détresse financière → mobile plausible de fuite simulée. • Autopsies cohérentes avec le récit d’Olga. • Geste automatique d’Olga chez Viktor (sait où est la lotion désinfectante) → familiarité de la maison. • Placard à chaussures chez Viktor : tous les lacets manquent → Milo est/était là (refabrique “Ficelle”). • Savonnage des vitres = enfreint le dogme de la transparence → indice de mise en scène. Pressions politiques & pacte du silence • Gabrielle Boca (Transparence citoyenne) craint l’impact systémique de l’affaire : • Ultimatum à Hélène/Nico : silence + Lou libérée + Milo placé chez Pablo vs révélation publique (Milo orphelinat, Nico radié). • Hélène et Nico signent (pour sauver Lou et protéger Milo). Les vrais responsables (Viktor, Philomène, Johann… et la responsabilité de Salomé) restent impunis. Destin des personnages • Milo : retrouvé vivant, amaigri, brûlé ; vit chez Pablo ; continue de s’agripper à Ficelle. • Olga : soignante déchue, protectrice de Milo, victime collatérale de l’échange d’identités ; met la maison en vente. • Lou : initialement condamnée à 30 ans (erreur judiciaire), finalement libérée grâce au pacte ; fréquente le labo photo des Grillons. • Viktor/Philomène/Johann : auteurs matériels/complices, jamais inquiétés ; Salomé (12 ans) instigatrice de l’agression chimique. • Nico : choisit d’oublier pour survivre au système. • Hélène & David : tentative de réconciliation ; Hélène quitte la ville, s’installe aux Grillons, rachète une librairie avec David ; elle écrit pour désobéir et laisser trace. Chronologie synthétique 1. 2014 : mort de Thomas (5 ans) ; traumatisme fondateur. 2. 2025 : ascension artistique de (la “nouvelle”) Rose ; départs/retours. 3. 2029 : Revenge Week → grâce + Transparence citoyenne ; échange d’identités des sœurs. 4. Mi-sept. 2049 : incident du merle ; harcèlement de Milo s’aggrave. 5. 16-11-2049 : RDV parents/école ; tensions culminent. 6. 17-11-2049 : agression à l’acide de Milo → meurtre de Miguel (Viktor) & Rose (Philomène) → mise en scène & cachot de Milo. 7. 25-06-2050 : découverte des corps ; autopsies. 8. 2050 : indices (tableau, recueil, lacets) ; pacte avec Boca ; Lou libérée. 9. Après : Hélène/David s’exilent aux Grillons ; Milo chez Pablo ; silence d’État. Thèmes & motifs • Sondocratie / “gouverner au sondage” : du like au lynchage. • Transparence totalitaire : vitrages, voyeurisme, disparition de l’intime → nouvelles violences (harcèlement sans refuge). • Justice vs vengeance : grâce politique, impunité des puissants, sacrifice des faibles (Milo, Lou, Olga). • Identité & culpabilité : échange de noms comme placebo social ; Ficelle (objet-doudou / frontière d’intériorité). • Passivité complice : voisins spectateurs (“leurs yeux ont participé au crime”). • Famille : lieu d’amour et de perfidie (maxime du mentor d’Hélène). • Symboles : • Vitres savonnées = nier la transparence ; • Statuette de la Liberté = liberté pervertie en arme ; • Bunker = hypocrisie d’un système “sans murs” ; • Ficelle = ultime espace privé que l’enfant se fabrique ; • Lacets manquants = trace matérielle de la survie. Sens de la fin • Hélène choisit l’ombre (les Grillons) contre la clarté imposée ; elle écrit pour résister au mythe de la transparence (“nous ne sommes pas transparents à nous-mêmes”). • L’ordre politique se maintient grâce au silence ; la vérité circule en sourdine, par indices, livres et mémoires, plutôt que par les vitrages et les votes en ligne. ——————— Tout a commencé quand un célèbre influenceur du nom de Julian Gomes a porté plainte contre son oncle. À son million d'abonnés, il avait raconté comment cet homme l'avait violé quand il était petit et expliqué les répercussions qu'un tel secret avait eues dans sa vie. Malgré le retentissement de l'affaire, les interviews, les articles dans les journaux, la plainte fut classée sans suite : les faits étaient prescrits. Julian Gomes propose un sondage à sa com-munauté. Doit-il se faire justice lui-même? La réponse est oui, à 87%. Le lendemain matin, muni d'une caméra frontale, il se rend au 6 boulevard Arago, à Paris, grimpe les six étages qui le séparent de son destin, toque à la porte de son oncle et lui plante un couteau dans la gorge. Julian retourne la caméra vers lui et s'effondre en larmes. Après son arrestation, des messages de soutien affluent du monde entier pour demander sa libération. Face à l'absence de réaction du gouvernement, des manifestations éclatent un peu partout en France. On brandit les photographies d'accusés relâchés, les visages des «salopards » jamais poursuivis. Les témoignages se multiplient: chacun exprime ses griefs personnels à l'encontre de l'autorité judiciaire, sa lenteur, son inefficacité. Le site du ministère de la Justice est piraté et renommé « ministère de l'Injustice ». Une nuit, alors que le Tribunal de Paris est envahi par une centaine de femmes, membres d'une association de victimes de violences conjugales, le ministre de l'Intérieur ordonne leur expulsion. Elles refusent d'obtempérer, se débattent, et l'une d'elles est matraquée par un policier. La séquence, diffusée à la télévision, attise la colère des manifestants. Sur les réseaux sociaux, des centaines de jeunes se coordonnent pour mener des actions ciblées. Ils veulent imiter le geste de Julian Gomes, tous ensemble, et au même moment. » « Le hashtag « Revenge Week » - semaine de la vengeance - devient viral. Un climat insurrectionnel s'installe en France. Les victimes punissent leur bourreau. Une jeune salariée de Mulhouse défenestre le patron qui l'avait harcelée pendant des années. Un étudiant d'Amiens pousse sur les rails d'un train son voisin, un ancien militaire qui battait son chien. Le patron d'un empire pétrolier, responsable d'une marée noire, est empoisonné par des militants écolos. Les parents maltraitants, les prêtres pédophiles, les flics abusifs, les « pourris » en liberté sont éliminés les uns après les autres. Ces crimes sont filmés, relayés et likés par des centaines de milliers de personnes. À Béziers, un homme âgé se présente au commissariat pour se dénoncer : il a tripoté des gamins à l'époque où il était directeur sportif d'un club de foot. Il sait que ses anciens élèves sont à ses trousses, ils ont posté sa photo et cherchent son adresse. Il craint pour sa vie et insiste pour être incarcéré. Les policiers lui demandent de revenir plus tard, sans garantir de pouvoir lui trouver une place en cellule. L'effet de sidération est tel que personne - y compris dans mon unité - n'ose bouger. Le président de la République - menacé à son tour - se réfugie au fort de Brégançon, laissant le pouvoir vacant. Après sept jours de Terreur, Julian Gomes est libéré. Gabrielle Boca, la très médiatique avocate de l'influenceur, lance le mouvement « Transparence citoyenne » pour aider les individus qui se trouvent dans la même situation. Soutenue par d'autres repentis des corps exécutif et législatif, elle propose la grâce pour tous les actes commis lors de la Revenge Week, à condition que les violences cessent : « Une procédure d'exception doit être mise en place pour épargner ceux que la Justice n'a pas su protéger par le passé. Les vengeurs d'un jour seront auditionnés et fichés, car la vengeance n'est pas et ne sera jamais acceptable en démocratie, mais je suggère qu'ils ne soient pas condamnés. Montrons-nous indulgents avec ces victimes coupables de crimes, ces justiciers qui ne représentent aucun danger pour la société. » Sa pétition réunit les signatures de trois millions de Français en moins de vingt-quatre heures. Devant un tel plébiscite, Transparence citoyenne veut aller plus loin. Gabrielle Boca lance des « états généraux » en ligne pour que les citoyens imaginent un nouveau modèle de gouvernance. En quelques mois, le mouvement démantèle les institutions pour les réduire à de simples administrations. Les lois, tout comme les décisions de justice, seront désormais discutées et votées par le peuple lui-même sur Inter-net. Les documents ministériels (sauf ceux de la Défense) seront rendus publics. La classe poli-tique, jugée corrompue, est désavouée. Quand j'ouvre les yeux, le discours se termine. Autour de moi, des adultes, des enfants, aux joues peintes en bleu, blanc, rouge. Viktor Jouanet, un jeune architecte, membre actif du mouvement, est invité à monter sur l'estrade par Gabrielle Boca. Il se racle la gorge, écarte d'une main la mèche qui lui barre le front: «Nous avons accompli une révolution en quelques mois à peine : faire de la France une démocratie réelle, rendre le pouvoir au peuple. Néanmoins, si la Transparence veut perdurer, elle doit d'abord s'appliquer à nous-mêmes. Les viols, la maltraitance, les abus, les agres-sions, toutes les violences commises envers les humains et les animaux, ont un point commun: ils se déroulent à l'abri des regards, derrière les murs, dans les chambres des maisons et dans les ascenseurs des entreprises. Les espaces clos sont dangereux. Les murs sont menaçants. Chacun d'entre nous, et pour le bien de tous, devrait accepter de renoncer à une part d'intimité; il en va de la paix civile. » L'architecte scelle ce jour-là, en accord avec les citoyens, les normes d'un nouvel urbanisme. Le baron Haussmann avait transformé Paris au xix siècle pour plus de sat transtorme sécurité. Les grands travaux de Viktor Jouanet viseront à un « assainissement moral » et à une « sécurité optimale ». Les constructions modernes seront transparentes. On rénovera les lieux de culte et monuments du patrimoine qui peuvent l'être : les murs de pierre seront remplacés par des vitres. On détruira les logements, les écoles, les prisons, les hôpitaux, les commerces pour construire des maisons-vivariums, où chacun sera garant de la sécurité et du bonheur de ses voisins. « Au fond, qu'avons-nous à cacher? Si nous n'avons rien à nous reprocher, pourquoi ne pas accepter de tout montrer? » L'assemblée applaudit et entonne La Marseil-laise. » Hélène est mariée à David et ensemble ils ont Tessa. Nico : c’est le collègue d’Hélène Hélène est flic. On apprend que dans son quartier la famille Royer Dumas a disparu. On apprend qu’ils ont disparu le 17 novembre 2049, et que les vitres de leur maison ont été savonner ce qui est fortement interdit sous le régime de la transparence. Personne ne les a vu partir leur téléphone sont introuvables. L’enquête a été confiée à Hélène Dubern par son supérieur, luc Boiron. lorsque Hélène se rend dans la maison des Royer Dumas., Elle tombe sur Olga qui lui parle de sa sœur Rose, avec laquelle elle s’entendait beaucoup. Cependant, on apprend que le mari de Rose à Miguel ne semblait pas apprécié par olga . Les maison qui entourent celles de Rose et Miguel - olga, la sœur de Rose - Lou et Nadir - Paul et son père On a aussi celle de Viktor jouannet, l’architecte qui a une fille Salomé de 12 ans. Et la maison de la famille Carel : Philomène et Johann avec 2 enfants. Philomène a deux enfants Ninon et Arthur (qui est dans la même classe que Milo et qui explique à Hélène qu’il faisait du mal aux animaux). Au cours de leur enquête Hélène découvre que Rose et Olga avaient un frère mort en 2014 à 5 ans. Rose avait 10 ans et était témoin de l’accident. Discours d’Hélène « Quand j'ai été engagée dans la police - avant l'ère de la transparence - mon mentor m'avait prévenue: Dans la plupart des affaires criminelles, tu verras, le coupable est un membre de la famille. Les maris se vengent, les frères se mesurent, les sœurs se jalousent. Pour lui, la famille était le lieu de toutes les perfidies et des pires instincts. Un mari tue sa femme parce qu'elle l'a quitté. Une femme tue sa sœur parce qu'elle flirtait en ligne avec son petit ami. J'ai pu vérifier sa théorie à de multiples occasions. Seulement, quand il s'agit d'une dis-parition, les cartes sont rebattues. Les Royer-Dumas cherchaient peut-être à fuir quelque chose ou quelqu'un. ils sont peut-être toujours en vie. À ce stade, nous n'écartons aucune hypothèse, aimaient répéter les préfets à l'époque. Après avoir interrogé Olga ce matin-là, Nico me tint le même discours: « N'écartons aucune hypo-thèse. » Et d'ajouter: « J'ai l'impression qu'on nous manipule. »  Olga a été infirmière et c’est sa sœur qui lui payait leur maison à Paxton. Lou Novak : 20 ans environ, voisine des Royer Dumas aimait bien Miguel. « Je suis étonnée que Viktor n'ait pas mentionné la dispute avant qu'on ne lui pose la question. Je ne peux pas croire qu'il s'agisse d'un oubli et son attitude me laisse perplexe. Alors que nous enfilons nos souliers, assis sur la banquette de l'entrée, Arthur, le fils de Phi-lomène, toque à la vitre de Salomé. Il effraie l'adolescente, qui pousse un cri. Elle sort de sa chambre, furieuse, et se précipite à l'extérieur: « Non mais t'es bête ou quoi? » D'un mouvement de tête, elle semble lui indiquer notre présence. Arthur qui, absorbé par sa blague, ne nous avait pas vus, plaque une main sur sa bouche et repart chez lui en courant. Viktor me touche le bras d'une manière ami-cale, presque paternelle : « Arthur est très far-ceur, ne faites pas attention. » Le roman est raconté du point de vue d’Hélène Katie, meilleure amie de Tessa. Et elle pointe du doigt que Miguel était toujours en désaccord avec les conseils de quartier de la transparence. Elle explique qu’il défend souvent les criminels Dans toutes les villes de France, les citoyens se réunissent une fois par mois pour juger les crimes et les délits de leur quartier. Les victimes ont droit à un avocat, mais pas les accusés, qui doivent apporter eux-mêmes la preuve de leur innocence. L'année dernière, pendant les vacances d'été, un adolescent des Grillons a été arrêté à Paxton. Jules Peretti, douze ans, cheveux en brosse et carrure de boxeur, travaillait avec son père à la rénovation d'une superbe maison. Il avait sympathisé avec Camille, onze ans, la fille des pro-Priétaires. Camille lui apportait des limonades et des biscuits pour le goûter. Elle le trouvait différent des garçons qu'elle connaissait, et lui posait des tas de questions. Ses camarades de classe répandaient les rumeurs les plus folles sur les Grillons, ils répétaient ce que leurs parents ieur avaient raconté: c'était un repaire de criminels et de hors-la-loi. Mais ce qui intriguait Camille par-dessus tout, c'était le travail de Jules. Il venait d'arrêter l'école pour se former au métier de son père. Camille l'enviait : à Paxton, la scolarité était obligatoire jusqu'à seize ans. Tous les soirs, elle le suppliait de rester. Elle s'ennuyait, ses parents rentraient tard du bureau. Jules lui répondait chaque fois qu'il était fati-gué, mais que demain, peut-être... Le dernier jour du chantier, son père s'est blessé et l'a laissé terminer seul. En fin d'après-midi, Jules a accepté d'entrer dans la luxueuse maison-vivarium pour une partie de baby-foot. Mais je dois pas tarder, papa a préparé le dîner. Camille a ouvert un placard et en a sorti des montagnes de friandises, puis elle lui a présenté un énorme saladier rempli de fruits de toutes les couleurs, des pêches, des abricots, des prunes, des framboises. Le père de Jules n'achetait jamais de fruits - trop chers - alors il a eu envie d'un abricot, qu'il a coupé en deux avant de le mâcher très lentement pour se souvenir du goût. Camille a ensuite entraîné Jules dans le lit-sarcophage, comme un jeu. Ils ont appuyé tous les deux sur le bouton. Quelques minutes plus tard, elle déclenchait le système d'alerte. Jules l'aurait embrassée de force, la tenant fermement par les poignets. Camille aurait pani-qué, elle se serait mise à crier et, parce qu'elle ne s'arrêtait pas, il aurait essayé de l'étrangler. L'affaire a beaucoup choqué à Paxton. Jules a été présenté comme un agresseur sexuel, un apprenti violeur, un semi-assassin. Mais ce qui a scandalisé l'opinion plus encore, c'est qu'il ne devait pas être jugé. On ne pouvait envoyer en prison un mineur de moins de treize ans, même pour une tentative de meurtre. L'émission Pré sumé coupable s'est emparée du dossier. L'une des chroniqueuses, visage peinturluré, soutenait qu'il suffisait de voir la tête de Jules pour comprendre le problème : Il n'a rien d'un gamin, il est plus grand que moi. Un autre chroniqueur a rétorqué : Ça, c'est pas difficile, déclenchant l'hilarité générale. Le présentateur de l'émission a alors défendu la thèse selon laquelle l'époque avait changé. Les délits, les crimes, sont commis par des mômes de plus en plus jeunes, il faut que la loi s'adapte. Aux États-Unis, on peut aller en prison à neuf ans, en France on est à la traîne. Ce à quoi Claudia, ancienne gloire de la télé-réalité, a répondu qu'elle était d'accord, qu'on pouvait au moins abaisser le seuil à sept ans, vu que sept ans, c'est l'âge de rai-son, comme on dit. Surtout, on peut pas se permettre d'être trop gentils avec les gosses des Grillons, sinon ils recommencent. Les parents les laissent faire n'importe quoi, ils les encouragent même à voler, parce qu'ils savent qu'ils risquent rien. L'argument de la dissuasion a fait mouche. Un ancien magis-trat, invité ce jour-là, a quand même essayé de défendre la cause de Jules. Pour lui, il fallait préférer les sanctions éducatives à l'enfermement : J'aimerais quand même qu'il comprenne la portée de son acte. À son age, on peut s'améliorer, on peut encore changer. A-t-on vraiment envie de vivre dans une société qui rejette toute possibilité de pardon et de rédemption ? La chroniqueuse peinturlurée l'a alors accusé d'être hors-sol: Vous êtes déconnecté des préoccupations des Français, vous parlez comme un prêtre. Le public a applaudi. L'animateur, satisfait, a alors sifflé la fin de la partie et présenté l'intitulé du sondage aux téléspectateurs : Pour ou contre l'abaissement de la responsabilité pénale à sept ans? Vous pouvez voter directement sur les réseaux sociaux les chéris. Les Français ont tranché: les enfants sont désormais susceptibles d'être incarcérés dans des quartiers réservés aux mineurs dès l'âge de sept ans. Restait à connaître le résultat du pro-cès, qui devait se tenir à Paxton une semaine plus tard. Du coup en effet Jules est condamné à 7 ans de prison. David quitte Hélène. Il se met avec Louise une nana mega belle et bien foutue On apprend que Nadir et Lou sont séparés. En effet, Lou et Miguel s’entendaient bien et Miguel avait laissé Lou disposer de son laboratoire pour qu’elle puisse faire développer ses photos. Olga a la responsabilité de maintenir la maison de sa sœur au propre. On découvre, que pendant la nuit Nico et Hélène s’introduisent chez Olga et arrivent à récupérer une clé. Message vocal présent sur la clé. « C'est encore moi. J'espère que tu ne m'en veux pas et que tu as compris ma décision. Je n'avais pas le choix, je ne vends plus une toile. Miguel travaille un peu, mais les missions sont courtes et ça ne suffit pas. Et puis il y a Milo, et tout ce que tu sais... Parlons-en quand tu veux. Je t'embrasse. Les Royer-Dumas auraient été forcés de prendre une décision à cause de leurs problèmes d'argent. » En 2050 deux corps sont retrouvés près du jardin d’enfant non loin de la maison des Royer Dumas Il s’agit des corps de Rose et Miguel. Objet : Autopsie Date : 25 juin 2050 Lieu : Centre médico-légal Médecin légiste : Dr Noël Victime n° 1 : Miguel Royer-Dumas Cause de la mort : Traumatisme crânien Description : L'examen externe du corps de la victime n° 1 a révélé une plaie importante à la tête, causée par un objet contondant. L'analyse des traumatismes a révélé que la mort a été causée par un coup violent ayant entraîné une fracture du crâne et de multiples lésions cérébrales. Il n'y a pas de signes de lutte ou de défense sur le corps de la victime n° 1. Mane est L Victime n° 2 : Rose Royer-Dumas Cause de la mort : Asphyxie Description : L'examen externe du corps de la victime n° 2 a révélé des ecchymoses autour du cou et autour des poignets. L'examen interne fait état d'une compression des voies respiratoires. Les poumons sont congestionnés. Le cerveau présente également des signes de privation d'oxygène. Il n'y a pas de signes de lutte ou de défense significatifs sur le corps de la victime n° 2. Je lis une première fois. A la deuxième lec-ture, je retourne le recueil pour vérifier la date. 2025. Je me surprends à imaginer une relation secrète entre David et Olga quand Nico toque à ma vitre. Depuis que David est parti, il s'invite chez moi presque tous les jours. Tu fais un brin de lecture? ironise-t-il. Je lui montre le recueil et lui fais part de mes réflexions. Il y a eu d'abord le tableau chez Rose, signé du nom d'Olga. Puis ces vers, écrits par Miguel, et adressés eux aussi à une certaine Olga. C'est quand même troublant, tu ne trouves pas? Chaque fois qu'on s'attend à voir Rose, c'est sa sœur qui apparaît. Nico ne tergiverse pas. Il a de forts soupçons sur elle : Même si je ne vois pas bien comment, toute seul, elle aurait pu fracasser le crâne de son beau-frère et etouffer sa petite sœur avant de creuser un trou dans le parc, et les enterrer sans que personne ne la voie. Cela dit, elle aurait pu avoir des complices... Pour ma part, je ne crois pas tellement à ce scénario. Olga n'avait aucune raison d'en arriver là. - Elle dépendait de sa sœur, elle ne travaillait pas. Et puis Rose était la seule famille qui lui restait, sa confidente... - Tu oublies qu'Olga vient de mettre la maison des Royer-Dumas en vente. Si Milo ne réapparaît pas, l'argent lui revient. Et puis, j'ai vérifié, la cote de Rose sur le marché de l'art a plus que triplé depuis cette affaire. Je poursuivrai mes recherches sur Olga demain. Pendant ce temps, on fait comme on a dit. Tu passes à l'école de Milo, c'est la priorité, et on se retrouve pour les obsèques en fin de journée? J'acquiesce, Nico m'embrasse sur la joue, un baiser plus appuyé que d'habitude, et s'en va. Le professeur me ramène sur terre. - C'était un lundi, pendant la récréation du matin. Les enfants ont lâché leurs téléphones, happés par la découverte d'un merle blessé sous la verrière. Alors qu'ils voulaient l'attraper pour le soigner, l'oiseau, dans un mouvement de panique, a réussi à s'envoler et s'est cogné contre la vitre. Il est tombé à terre, complètement sonné. Milo s'est approché, il l'a observé une seconde et l'a caressé du bout des doigts avant de lui tordre le cou. La scène a choqué ses camarades, qui ont refusé de reprendre les cours tant qu'il ne serait pas viré. Milo a tenté de s'expliquer: il voulait « abréger les sou frances » de l'animal qui respirait encore et qu allait mounr, mais le mal était fait, la violence avec laquelle il l'avait étranglé est revenue am oreilles des parents d'élèves, qui ont demande le soir même à la direction de prendre des mesure — Et ensuite? — Milo s'est confondu en excuses devant les autres. Il a aussi accepté de nettoyer la classe après les cours pendant une semaine afin de ne pas être renvoyé. La directrice ne plaisante pas du tout avec la violence... La phrase me fait sourire, rétrospectivement. - Milo n'était déjà pas très aimé avant cet épisode, mais ça a empiré. Ses camarades ont commencé à lui donner des surnoms. Tue-mouche, Jack L'Étrangleur... - Quand cet incident s'est-il produit? - Au début de l'année, mi-septembre je crois. Dans les semaines qui ont suivi, Milo s'est ren-fermé, il ne regardait plus par la vitre, il fixait ses pieds, attendait que les journées se terminent. Il n'a jamais pu rattraper les points qu'il avait per-dus. - Les points? - Oui, pardon. Ici l'école fonctionne sur le modèle du permis à points. Chaque élève commence l'année avec une réserve de dix points. Les QCM, la participation, le comportement permettent d'en gagner de nouveaux. Milo, lui, en a perdu deux avec l'affaire de l'oiseau... J’ai reçu ses parents à ce sujet pour que leur fils puisse voir la psychologue scolaire plus souvent, deux fois par semaine au lieu d'une, et qu'il rejoigne l'atelier de yin yoga du jeudi soir. Sa mère était pour. Son père a levé les yeux au ciel. On va surtout le changer d'école, il a dit, ou quelque chose comme ça. Ils sont partis fâchés, sans avoir réussi à s'entendre... - C'était quand? Quand est-ce que vous avez reçu ses parents? — Attendez, je vais vous le dire... Le 16 novembre, à 17 heures, dit-il en consultant l'agenda de son téléphone. Le lendemain, Milo est venu en classe, je me souviens très bien, c'est la dernière fois que je l'ai vu. Je repense au témoignage de Nadir et à celui de Viktor, qui ont évoqué tous deux une violente dispute la veille de la disparition. Il est clair désormais que Miguel voulait quitter Pax-ton, pour le bien de son fils. — Vous avez dit que Milo voyait une psycho-logue? Je pourrais la rencontrer? — Oui, elle s'occupe de lui depuis le CP. Si sa mère voulait qu'il reste scolarisé à Paxton, c'est surtout pour elle. Milo était très attaché à Joelle Lebras. Hélène rencontre la fameuse psychologue raconter - sur le ton de la confidence - que Milo s'était fabriqué une amie, prénommée Ficelle. - Parce qu'elle avait vu Milo parler et rire tout seul à la récréation, sa maîtresse de CP me l'avait envoyé en consultation, persuadée qu'il était psychotique. Personne, a part ses parents, n'avait alors connaissance de l'existence de Ficelle. Aujourd'hui encore, elle le rassure, il l'enroule autour de son bras, la malaxe pour s'endormir et la cache dans sa poche le reste du temps. Il la fabrique avec des lacets de chaus- sures qu'il noue entre eux et peut la convoquer dès qu'il le souhaite, il lui suffit de trouver de nouveaux lacets... - C'est une sorte... d'amie imaginaire, si je comprends bien? - Exactement. Rien de très surprenant à cet âge-là, c'est même très commun. Depuis a de 10 quelques années, mes confrères psychologues ont constaté une augmentation de ce genre de jeux symboliques chez les enfants. Le besoin de se construire une sphère intime, sans doute, un monde à soi. Joëlle sort un agenda d'un tiroir, dans lequel elle a noté tous ses rendez-vous avec Milo. - Une dernière chose. Les trois semaines précédant sa disparition, Milo a manqué toutes les séances prévues avec moi. Je n'ai pas voulu déclarer ses absences, pour ne pas lui causer de tort et lui faire perdre encore plus de points, mais je vous le dis à vous... A la cérémonie de Rose Et Miguel Lou se triture les mains et Arthur le fils de Philomène tombe dans les pommes. À la maison de Viktor qui propose un cocktail après la cérémonie : En partant, j'ai envie de connaître le sentiment de Nico. Je veux savoir ce qu'il pense de la scène à laquelle on vient d'assister. - Je ne comprends pas, me répond-il. - Quand on cherche quelque chose et qu'on n'est pas chez soi, on commence par ouvrir le tiroir le plus proche n'est-ce pas? Olga savait parfaitement où se trouvait la lotion désinfec-tante... elle n'a pas hésité une seule seconde. — Son geste était spontané, c'est vrai. - Elle connaît bien la maison de son voisin. Tu te souviens de ce que Lou nous avait dit au sujet d'Olga? Elle trouvait étrange qu'elle sorte aussi souvent ces derniers temps, qu'elle rende visite à Viktor... — Tu étais prête à m'aider pour l'enquête, je vais t'en donner l'occasion. Voilà mon idée : il semblerait qu'Olga rende souvent visite à Vik-tor, et je ne pense pas qu'ils soient amis, je suis même persuadée du contraire. J'aimerais donc que tu glanes des infos auprès de Salomé, que tu passes du temps chez elle. Que tu nous ren-seignes, en somme. - Vous me demandez de manipuler une jeune fille et d'écouter aux portes, c'est bien ça? - Exactement. - Mais c'est illégal... - En effet. Comme la détention de drogues. Katie accepte. Je lui donne quelques consignes. La première étant de ne rien raconter à per-sonne, et surtout pas à Tessa qui nous observe à travers la vitre depuis tout à l'heure. — Elle cherchera forcément à savoir ce qu'on s'est dit, je te conseille de préparer dès à présent un mensonge crédible. La deuxième règle : agis discrètement. Personne ne soupçonnerait une adolescente d'être mêlée à une enquête quelconque; cependant, si quelqu'un apprenait nos méthodes, je serais suspendue, et ton père découvrirait alors dans quelles conditions tu as été recrutée... ce que personne ne souhaite, n'est-ce pas? Troisième et dernière règle, si jamais tu te faisais quand même prendre : on ne se connaît pas. C'est le seul moyen pour qu'on puisse t'aider. - Et comment je fais pour vous joindre? Mon smartphone n'a pas l'option téléphone... Olga a participé en 2029 à la Revenge Week. Elle a assassiné une femme de trente-huit ans, Marine Gau-tier. Olga a déclaré à l'époque avoir retrouvé, puis tué, celle qui avait renversé son petit frère de cinq ans en 2014 avant de prendre la fuite. Son verba-tim - retranscrit dans les archives - ne fait état d'aucun remords. Aux juges qui l'ont auditionnée, Olga a déclaré: « Marine Gautier a détruit notre famille. Pour moi, cette femme est un monstre, elle méritait de souffrir à son tour. Je suis fière d'avoir vengé mon petit frère, même si je sauss que ça ne le fera pas reve-nir. » Marine Gautier a été empoisonnée alors qu'lle 11 fêtait son trente-huitième anniversaire dans un bar de Caen, le NoGo, fermé depuis dix ans maintenant. Sur sa page Instagram, elle postait régulièrement des photos de l'établissement, car elle s'y rendait tous les week-ends. Un samedi soir, Olga l'a attendue là-bas, sûre de l'y trouver. Quand Marine Gautier est arrivée avec son copain et leur bébé, Olga a réussi à verser dans son verre du pentobarbital, un puissant barbiturique qu'elle avait volé la veille dans la pharmacie de l'hôpital où elle travaillait. Cette drogue est utilisée dans les cocktails pour l'euthanasie. Un gramme sufit. Marine Gautier est morte sur place. Olga n'a pas été condamnée pour cet assassinat puisqu'il était «justifié » selon les critères de la Revenge Week : elle se vengeait d'une criminelle. Elle a cependant été poursuivie pour le vol du flacon, un grave manquement à la déontologie, en plus d'être un délit. Au terme de la procédure, on lui a interdit d'exerce son métier d'infirmière. Lou est la fille d'Yvan Novak et de Marine Gautier, tuée au moment de la Revenge Week par... Olga. Je vois où il veut en venir, mais pourquoi, dans ce cas, s'en serait-elle prise à Rose plutôt qu'à Olga? Et pourquoi tuer Miguel, dont elle se sentait apparemment très proche? Rudy Mermet, a reconnu Rose quand il y a eu l’appel à témoin. Il explique ceci « - j'ai un placard à la maison avec des tonnes de vieux trucs entassés, dont mes photos de classe de lycée, avec la coupe de cheveux de footballeur et tout, la honte. Il s'est bien moqué de moi, il a trouvé des lettres d'amour, le genre de choses qu'on fait plus trop aujourd'hui, même plus du tout, les boîtes aux lettres, c'est du passé, nos noms sont écrits sur les portes juste pour les livraisons, mais des courriers, ça, on n'en reçoit plus jamais. Il a donc fouillé dans mes affaires, et moi je pensais encore à la photo de la télé, ce visage gracieux, la beauté de cette femme, j'en étais amoureux vous savez, on n'oublie pas quand on a aimé, même avec les années, surtout avec les années... Je laisse Rudy raconter sans l'interrompre. — Pour en revenir à mon fils, il a donc ouvert l'un des albums photo. Je l'ai pris avec moi, tenez. Terminale L, année 2022-2023. Elle est là. Le même grain de beauté sous l'œil droit, vous voyez? Il pointe avec son stylo une adolescente, qu'il compare avec le cliché de l'appel à témoins. À côté de la photo de classe, sur la page de droite, les prénoms des élèves sont inscrits dans l'ordre, suivant leur place. Nico comprend immédiatement. Sans tarder, il envoie une équipe du commissariat à l'adresse d'Olga : Dites-lui qu'on aimerait lui poser quelques questions. » Reprenons tout depuis le début. Olga et Rose Delage ont grandi dans un village rural, en Normandie, avec leur frère Thomas. En 2014, alors qu'ils passent des vacances chez leur grand-mère, à Lisieux, Rose sort acheter du pain avec son petit frère. En chemin, Thomas, qui marchait devant elle, est fauché par une voi-ture. Rose a le temps de voir une jeune femme blonde redémarrer et prendre la fuite, pendant que Thomas gît sur le trottoir. Il mourra avant L’arrivée des secours. Il avait cinq ans. Rose, elle, avait dix ans. Le passé de Rose, la mort de son frère puis ses séjours en hôpital psychiatrique à l'adolescence, tout cela, nous le savions déjà grâce au site de la Transparence. Mais certains détails ne collent pas. Je repense au tableau, signé Olga Delage dans la maison de sa sœur. Je songe au poème de Miguel, pour « Olga, ma douce Olga ». Nous retrouvons Olga en salle d'interrogatoire. Son visage est fermé, mais à peine avons-nous évoqué l'audition de Rudy Mermet qu'elle lève les yeux vers nous. - Ce qu'il dit est vrai. Mais pour moi, tout a commencé à la mort de mes parents. Olga a du mal à poursuivre. Elle cherche ses mots, alors je la tutoie pour la mettre à l'aise. — Après le décès de tes parents, tu as entamé des études d'infirmière, c'est bien ça? - Oui, j'ai fait mes études à Caen, grâce à l'argent que ma sœur me versait chaque mois. À la mort de notre mère, elle a hérité de la plus grande part, de presque tout pour ainsi dire. Elle était tellement plus jolie, plus intelligente, plus douée, mes parents n'avaient jamais caché leur préférence... — Tu étais donc déjà, à cette époque, dépendante de ta sœur? Olga acquiesce. Elle triture la manche de son gilet, comme elle l'avait fait lors de notre première rencontre. Je ne l'imagine toujours pas capable de commettre un crime. - Ma sœur m'a très vite laissée seule en Normandie. Elle rêvait de Paris. Elle s'y est installée en 2025 pour faire les Beaux-Arts et, la même année, elle a rencontré Miguel ; ils se sont connus chez des amis communs. Miguel publiait des romans et de la poésie, sans grand succès. Il est tombé amoureux d'elle - tout le monde tombait amoureux d'elle -, il lui envoyait des poèmes, des lettres, mais ce n'était pas réci-proque. Ma sœur sortait en cachette avec son mentor, son prof d'histoire de l'art. À la fin de l'année, elle a même quitté Paris pour le rejoindre à Philadelphie, où il venait de décrocher un poste à la Fondation Barnes. Nico tire une chaise et s'assied, concentré. — Arrivée aux États-Unis, elle a choisi de se faire appeler Rose, parce que son amant trouvait que c'était plus vendeur pour la clientèle américaine. Jamais elle ne m'a demandé mon avis, jamais. J'étais sa sœur pas connue, sa sœur planquée, loin de tout, qui n'avait pas besoin d'un nom. Olga est ainsi devenue Rose Delage. Rose. Ce prénom de fleur lui allait si bien, à elle. Quand elle a vendu ses premiers tableaux et qu'elle a commencé à bien gagner sa vie, elle signait Rose Delage au dos de ses toiles. Sa cote sur le marché de l'art était désormais liée à ce nom, le mien, qui était devenu le sien. Très vite, son talent fut reconnu à New York, puis à Berlin et Tokyo, elle voyageait partout. Sur son compte Instagram, elle défendait les grandes causes à la mode, organisait des collectes de ins pour les catastrophes climatiques et les crises humanitaires, postait des numéros verts, des numéros d'urgence, moi je voyais tout ça de loin, elle ne m'appelait presque plus, je n'étais pas le genre de sœur qu'on affiche, vous com- prenez... Rudy Mermet avait raison. Le prénom de son ancienne camarade de classe ne correspondait pas à celui qu'il voyait partout depuis plusieurs jours, à la télévision et sur Internet. Rose, la Rose que nous connaissons, s'appelait Olga par le passé. Toute sa jeunesse, jusqu'à son départ pour Philadelphie, elle s'était appelée Olga. Le poème de Miguel lui était bien adressé. Ce que je ne m'explique pas, en revanche, c'est pourquoi Olga a accepté, elle, cet échange de pré- noms. •- À cause de la Revenge Week, me répond-elle. Peu de temps avant cette semaine san-glante, j'ai retrouvé celle qui avait renversé mon petit frère. Je l'ai reconnue après avoir repéré sa voiture, une Dacia blanche, alors que je sortais de cours à Caen. Chaque fois que je voyais ce modèle, j'avais le réflexe de regarder le conducteur, au cas où. La femme au volant n'avait pas tellement changé, le même visage bouffi, la même frange courte et arrondie. Je l'ai suivie jusque chez elle et j'ai noté son nom, Marine Gautier. Je voulais lui intenter un pro-cès. J'en ai parlé à ma sœur, qui rentrait justement des États-Unis - son prof l'avait quittée pour une autre étudiante. Elle aussi était d'avis de la traduire en justice, mais le procureur lui a répondu qu'il y avait prescription, sa fait quinze ans, vous comprenez, on ne trouvera plus de preuve, si ce n'est le témoignage de votre sœur, mais au bout de quinze ans, comment en être sûr? Quand la Revenge Week a démarré dans le chaos général, ma sœur m'a demandé de lui fournir du poi-son, elle voulait s'occuper elle-même de Marine Gautier. J'ai volé un flacon de barbituriques à l'hôpital, mais c'est elle qui l'a versé. Seule-ment, voilà, une semaine plus tard, quand l'euphorie est retombée, elle a regretté son geste. Dans le même temps, Gabrielle Boca a déclaré que les personnes graciées devaient se présenter devant une commission spéciale et que, si elles n'étaient pas condamnées, elles seraient quand même fichées par mesure de précau-tion. Ma sœur a paniqué, cette nouvelle lui a fait craindre pour sa réputation. Elle a avancé que, de nous deux, c'était elle qui gagnait le mieux sa vie, et qu'elle devait pouvoir continuer de subvenir à nos besoins. Le nom de Rose Delage était déjà connu dans le milieu artistique, autant aller au bout. Nous avons donc échangé nos papiers. Quand on était plus jeunes, on se ressemblait davantage, et puis, honnêtement, personne ne vérifie jamais les photos des cartes d'identité. Je me suis accusée auprès de la com-mission, et j'ai tout assumé seule, le vol des bar-bituriques, la volonté de venger mon frère en tuant cette conductrice inconsciente qui avait ruiné ma vie... La commission a statué sur mon sort, m'obligeant à renoncer à ma protession. Aujourd'hui, j'ai perdu mon travail et je suis fichée pour un crime que je n'ai pas commis. Rose m'a tout pris. Elle a même voulu vendre ma maison quand elle a eu besoin d'argent... — Et comment tu as réagi ? - Cette fois, je ne me suis pas laissé faire. Je suis allée voir Nadir, j'avais besoin d'un avo-cat. Je lui ai raconté toute l'histoire et lui ai confié que nous avions échangé nos identités au moment de la Revenge Week. Je lui ai aussi dit que cette maison, elle me la devait. Mais vous savez, après cela, j'ai finalement renoncé à me battre. Je n'ai pas eu le cœur à l'accabler davan-tage. Rose croulait sous les dettes, elle ne s'est jamais remise de ce qu'elle avait fait. Son crime l'empoisonnait. Qu'avait-elle gagné avec sa ven-geance? Des cauchemars, des angoisses de plus en plus présentes, de plus en plus vives, je ressentais tout cela dans ses peintures, une douleur profonde, une culpabilité certaine. Pire encore, chaque année, à l'approche du 17 novembre - la date de naissance de notre frère Thomas -, elle s'enfonçait dans des névroses étranges, au point de fêter l'anniversaire d'un mort et d'en oublier son propre fils. J'ai compris plus tard, trop tard, la grande fragilité de ma sœur. Enfant déjà, face à mon mal-être elle dissimulait le sien. Elle était celle qui n'avait pas droit à la dou-leur. C'est moi qui ai assisté à l'accident de mon frère, mon adolescence fut jalonnée de tentatives de suicide, de séjours en psychiatrie à La Citadelle, je causais beaucoup de soucis à mes parents. Rose est une enfant difficile, répétaient-ils en parlant de moi. Pour compenser, ma sœur s'était coulée dans un moule de perfection et de discrétion. Mais à bien y réfléchir, ses dessins d'enfant étaient déjà empreints de tristesse. Elle n'avait que huit ans quand Thomas est parti. Olga retient ses larmes. Elle prend une grande inspiration. - Et si vous voulez vraiment tout savoir, Miguel était au courant de notre secret. Quand il a retrouvé ma sœur après la Révolution, elle lui a dit la vérité, pensant que ça le ferait fuir. Il est resté. Nico, toujours convaincu de la culpabilité d'Olga, ne compte pas en rester là. - Non, on ne sait pas tout. On n'a toujours pas retrouvé Milo et on ne connaît toujours pas l'assassin de Rose et Miguel... Je demande à faire une pause, épuisée par ces auditions. Olga préfère attendre à l'intérieur. Nous sortons nous dégourdir les jambes. Nico n'en démord pas: Quand même... pourquoi ne nous a-t-elle pas raconté tout cela avant, si elle n'a vraiment rien à se reprocher? Je ne suis pas rentrée directement chez moi. J'avais besoin de revoir David, de lui dire combien j'étais fatiguée, d'admettre qu'il avait eu raison et que je m'étais trompée. J'avais cru en l'amitié. J'avais cru en la transparence. Rien de tout cela n'avait résisté. David semblait m'attendre. Quand il m'a vue, il a ouvert la porte. Il ne m'a pas embrassée. Il a d'abord pris le temps de me regarder, de se pencher sur mon visage. Sur moi se reflétait une crainte nouvelle. Tout le monde semblait vouloir se venger. Nico m'avait fait payer mon indifférence. Nadir s'était vengé de Lou. Lou avait voulu se venger d'Olga, qui elle-même avait voulu venger son frère. La vengeance se répandait comme une épidémie. David aurait Pu me rejeter au moment où je revenais vers lui. Il m'aurait fait payer le passé, la manière dont j'avais voulu le priver de sa vie secrète. Partager sa vie privée ne m'avait pas suffi, il avait fallu que je contrôle la part qui m'échappait encore. La transparence avait détruit de nombreux couples : l'amour s'évaporait à mesure qu'il s'étalait, il explosait à mesure qu'il s'exposait. David ne m'a pas renvoyée. Il m'a caressé la joue, et son sourire n'était plus un mensonge destiné aux passants, il n'était adressé qu'à moi. Je me suis allongée sur son torse, comme quand j'étais plus jeune et que je réclamais ses mains et ses doigts sur mon dos qui dessinaient des lignes, ralentissaient mon souffle. Quand je me suis endormie, il s'est levé pour ouvrir le frigo et boire à la bouteille. Le bruit m'a réveil-lée. Sur la chaise, près du lit, j'ai reconnu les gants. Une paire en cuir rouge, sur une veste de motard. J'ai souri à mon tour. Tessa m'attendait pour dîner. J'ai attrapé mon sac et David ne m'a pas retenue. Il m'a simplement demandé quand on se reverrait. Ce soir-là, je suis partie le cœur léger, convaincue qu'il restait quelque chose de l'avenir. Lou est condamnée à 30 ans de prison. Viktor invite Hélène après le procès de Lou à venir à un cocktail. Elle accepte et voici sa découverte « J'ouvre le placard à souliers pour prendre mes baskets. Je les lace tout en écoutant la conversation de Johann, qui envisage d'empiéter sur le territoire des Grillons pour construire de nouvelles maisons-vivariums. On manque de place en ville, on a du mal à loger tout le monde. Tu penses que c'est faisable? Viktor lui conseille de parler moins fort: Discutons-en au calme. Alors que je m'apprête à sortir, j'ai un doute. Je fais demi-tour. Dans le placard, les chaussures de Salomé et Viktor sont alignées, parfaitement cirées, parfaitement propres. Mais je n'ai pas rêvé : tous les souliers ont été dépouillés de leurs lacets, y compris la paire de richelieus que Viktor portait au procès hier. Milo est passé ici, dans cette maison, pas plus tard que la nuit dernière, peut-être même aujourd'hui. Cette pensée me fige. Il faut que je parle à Nico. » Milo a été retrouvé vivant dans la maison de viktor Jouanet. Très amaigri, il portait des traces de brûlures sur toute la partie gauche du corps. Nico a mené seul l'audition du petit garçon dans une pièce opaque à l'étage du commissa-riat. Je n'ai pu y assister, alors il m'a raconté. Il m'a décrit le visage de l'enfant, ses yeux noirs, très noirs, qu'il plissait à la lumière du jour, sa vivacité d'esprit, sa manière de parler, un peu roublarde, ses cheveux bouclés et la cicatrice sur sa joue gauche, parce qu'un autre enfant l'avait griffé à l'école maternelle. Milo tenait Ficelle entre ses doigts et répétait que c'était elle qui l'avait sauvé. Tout a commencé avec l'histoire de l'oiseau, le fameux incident. Le soir même, Arthur, le fils de Philomène, attendait Milo devant l'école primaire avec d'autres camarades de classe pour le menacer : « Tu sais ce qu'on fait aux assassins? Milo n'a pas prêté attention à leur avertisse-ment. Ils avaient toujours eu un comportement hostile à son égard, sans véritable raison. Milo était dans son monde, souvent en retard, un peu tricheur, trop sensible, et cela suffisait à les aga-cer. Mais désormais ils avaient un mobile. Ils se sentaient portés par une mission légitime, tuer un monstre, et rien ne devait les arrêter. Toutes les nuits, Arthur pointait son stylo laser sur le visage de Milo pour le réveiller et l'effrayer. Milo était malmené partout où il allait. Les autres enfants lui faisaient comprendre qu'il ne connaîtrait plus le repos, qu'il n'aurait plus de répit, ni dans la cour de récréation ni chez lui. Avec la Transparence, le harcèlement pouvait se poursuivre après l'école, à travers les vitres de sa maison. Milo n'avait plus de refuge où se replier. Il était traqué en permanence. Arthur l'avait menacé : « Un mot à ton père et on te tue. » Salomé, à qui Arthur avait confié son secret, a voulu participer elle aussi : « Le stylo laser ne suffit pas. Je te propose de passer aux choses sérieuses. Débarrassons-nous de cette vermine. » L'adolescente, dont le sadisme n'a d'égal que l'imagination, s'est alors amusée à creuser un trou dans le jardin d'enfants, fermé depuis un accident. Elle a demandé à Arthur de l'aider à creuser encore plus profond, une vraie tombe tu vois, puis ils ont envoyé la photo à Milo sur la messagerie de l'école. Le petit garçon n'en dormait plus, il était épuisé d'angoisse. On avait libéré les animaux d'un zoo, qui s'acharnaient sur une bête dont ils avaient toujours envié la liberté. Leur violence, bridée pendant des années, pouvait enfin exploser - d'autant qu'ils avaient le sentiment de défendre une cause « juste ». La cause n'était qu'un prétexte, bien sûr. Il fallait que la violence éclate. Le 17 novembre 2049, ce harcèlement quotidien prit un tour tragique. C'était une idée de Salomé. Un projet machiavélique. Elle voulait arroser Milo : rien de dangereux a priori. Ce jour-là, elle confie à Arthur une bouteille d'eau glacée et lui détaille son plan : «Je le rabats vers le jardin et toi, dès qu'il arrive à ta hauteur, tu l'arroses. » Arthur accepte. Quand Milo s'approche, Arthur ouvre la bouteille et la vide sur lui, conformément à ce qui était convenu. Milo se met à hurler, des hurlements puissants, aigus, trop perçants pour être causés par la température de l'eau. Miguel entend les cris déchirants de son fils depuis la maison. Lorsqu'il arrive, Milo est allongé, la peau de son cou desquame et pèle, à vif par endroits. Dans la bouteille, Salomé a remplacé à la dernière minute l'eau minérale par de l'acide chlorhydrique. Arthur est dépassé par la situa-tion: " Je pensais que c'était de l'eau, je vous jure, c'est Salomé qui m'a donné la bouteille, c'est Salomé. Alors qu'Olga s'affaire à soigner l'enfant, Miguel prend son fusil et se rend chez Philomène et Johann : Maman le suppliait d'arrêter, de pas faire de bêtise, mais il était trop en colère, il écoutait rien, raconte Milo. Il ignore ce qu'il s'est passé ensuite. Il se souvient seulement de s'être réveillé dans une cave, une sorte de grande pièce dans laquelle il faisait froid, avec une lumière jaune. Olga venait le voir tous les jours pour lui apporter à manger, changer ses pansements et lui administrer des antidouleurs : Elle était gentille avec moi Olga. Parfois, elle le laissait monter à l'étage la nuit pour qu'il puisse prendre l'air. C'est là qu'il a compris où il se trouvait : La cachette était chez Viktor. Olga m'a dit qu'il fallait rester planqué là pour plus qu'on m'embête. Viktor possède un bunker sous son salon. Les sous-sols sont interdits par la Transparence, mais en tant qu'architecte il a fait une exception pour lui-même. « On n'est jamais trop prudents, n'est-ce pas? » commente Nico. Ces dernières semaines, Olga et Viktor ont relâché leur vigilance. Milo pouvait rester plus longtemps à l'étage. La nuit dernière, il en a profité pour se créer une nouvelle Ficelle en retirant les lacets des chaussures du placard. Le petit garçon ne sait rien de plus. Nico est éprouvé, il tire une chaise pour s'asseoir et reprendre sa respiration : « À la fin, il s'est frotté les yeux comme le font les jeunes enfants, incapable de résister au sommeil. Il m'a pris la main et, avant de s'endormir, il a murmuré : "Mes parents, ils reviendront pas hein...? Ficelle m'a tout raconté." Je n'ai pas eu le cran de répondre. » Quand Luc Boiron a appris la vérité sur la mort de Rose et Miguel, il a immédiatement informé Gabrielle Boca de la situation. En tant que fondatrice de Transparence citoyenne, elle est garante de la sécurité collective. L'affaire Royer-Dumas était de nature à mettre en danger le mouvement. Nico et moi-même avons été convoqués au ministère de la Défense. On nous a demandé de signer un document de confidentialité. Personne ne devait savoir. Nico a refusé. Il s'est souvenu de ma sortie sur la lâcheté et a voulu me montrer qu'il pouvait être courageux. Gabrielle Boca m'a demandé ce que je comptais faire. Comme Nico, j'ai répondu. Gabrielle Boca nous a alors proposé un marché. Vous avez deux solutions : soit vous parler et Milo sera placé en orphelinat, soit vous vous taiser et il rejoindra son grand-père aux Grillons. Dans le pre mier cas, Nico rendra évidemment son badge. Dans l'autre, il le gardera. Enfin, nous nous engageons à libérer Lou en échange de votre silence. Autant le dire tout de suite, nous avons signé. Nous n'aurions jamais pu supporter de laisser Lou croupir en prison en sachant qu'elle était innocente. Je préférais encore savoir les habitants de Paxton en liberté. Le 17 novembre 2049, juste après l'agression de son fils Milo, Miguel a menacé Philomène, Johann et Viktor de porter plainte contre leurs enfants. Arthur et Salomé se voyaient accusés par les Royer-Dumas de tentative de meurtre. Le conseil s'est réuni chez Olga, où Milo était en train d'être soigné. Rose voulait appeler les gardiens de protection - immédiatement, je ne veux plus attendre, qu'avez-vous fait à mon fils -, elle plaquait ses mains sur ses joues, comme pour s'arracher le visage, elle criait, pleurait, on avait failli tuer Milo. Viktor leur a proposé de l'argent pour que Miguel renonce à l'assigner en justice, deux mil-lions, a avoué Olga lors de son audition, il savait ce que sa fille Salomé risquait. Miguel ne s'est d'ailleurs pas privé de le lui rappeler: « Depuis l'affaire Jules Peretti, les enfants de plus de sept ans peuvent aller en prison. Vous l'avez votée vous-même cette loi, n'est-ce pas? Il y a encore quelques mois, ta fille, cher Viktor, qui n'a pas encore treize ans il me semble, n'aurait pas pu être condamnée. Quant à toi, Philomène, que dire de ton fils, qui vient de fêter ses neuf ans? Je n'aurai aucune pitié pour vous. On croit toujours que ça n'arrive qu'aux autres... la délinquance, la violence, le crime... mais quand il s'agit de ses propres enfants... » Viktor a proposé trois millions. Miguel a craché sur ses chaussures vernies, nous a raconté Olga. S'en est suivie une scène terrible, à laquelle ont assisté de nombreux voisins du quartier. Aucun n'est inter-venu. Personne n'a reparlé de cet épisode dans les semaines et les mois suivants. Ils auraient été accusés de non-assistance à personne en danger. Et puis, quand on vit dans le confort, pourquoi prendre le risque de tout bouleverser? Leurs yeux ont participé au crime. Ils ont vu Johann et Viktor empoigner Miguel. Lui ne s'est pas laissé faire, il s'est débattu et, après avoir fait voltiger Viktor, il a réussi à se placer au-dessus de Johann pour le maîtriser. Johann s'agi-tait, l'injuriait. Alors que Miguel le menaçait de son poing, Viktor a attrapé la statuette en bronze sur ma table basse - une statue de la Liberté miniature que ma sœur m'avait rapportée des États-Unis - et lui a fracassé le crâne. J'étais tétanisée. Milo s'était heureusement endormi grâce à la dose de morphine que je lui avais administrée. Ma sœur tremblait. Elle était folle de douleur. Ils ont jugé qu'elle serait incapable de garder le secret et ont préféré la tuer aussi. Philo mène a mis un sac plastique sur sa tête et l'a scotché autour de son cou. Johann lui a attaché les poignets fille, cher Viktor, qui n'a pas encore treize ans il me semble, n'aurait pas pu être condamnée. Quant à toi, Philomène, que dire de ton fils, qui vient de fêter ses neuf ans? Je n'aurai aucune pitié pour vous. On croit toujours que ça n'arrive qu'aux autres... la délinquance, la violence, le crime... mais quand il s'agit de ses propres enfants... » Viktor a proposé trois millions. Miguel a craché sur ses chaussures vernies, nous a raconté Olga. S'en est suivie une scène terrible, à laquelle ont assisté de nombreux voisins du quartier. Aucun n'est inter-venu. Personne n'a reparlé de cet épisode dans les semaines et les mois suivants. Ils auraient été accusés de non-assistance à personne en danger. Et puis, quand on vit dans le confort, pourquoi prendre le risque de tout bouleverser? Leurs yeux ont participé au crime. Ils ont vu Johann et Viktor empoigner Miguel. Lui ne s'est pas laissé faire, il s'est débattu et, après avoir fait voltiger Viktor, il a réussi à se placer au-dessus de Johann pour le maîtriser. Johann s'agi-tait, l'injuriait. Alors que Miguel le menaçait de son poing, Viktor a attrapé la statuette en bronze sur ma table basse - une statue de la Liberté miniature que ma sœur m'avait rapportée des États-Unis - et lui a fracassé le crâne. J'étais tétanisée. Milo s'était heureusement endormi grâce à la dose de morphine que je lui avais administrée. Ma sœur tremblait. Elle était folle de douleur. Ils ont jugé qu'elle serait incapable de garder le secret et ont préféré la tuer aussi. Philo mène a mis un sac plastique sur sa tête et l'a scotché autour de son cou. Johann lui a attaché les poignets el ils l'ont laissée crever. Puis ils se sont rendus chez les Royer-Dumas et ont savonné les vitres pour faire croire à un départ volontaire. Johann et Viktor se sont chargés d'enterrer les corps dans le jardin d'enfants, sur les conseils de Salomé, qui avait déjà creusé un trou... À 18 h 22, Philomène a donné l'alerte. Olga a été épargnée par ses voisins, tout comme Milo, qui n'avait rien vu. Viktor a proposé de le cacher dans son bunker, le temps de trouver une solution. Olga devait s'occuper de lui. Si elle se risquait à parler, elle savait ce qui l'attendait. En toute transparence. Certaines années semblent compter double. En un an, j'ai beaucoup changé. Le soleil a tatoué sur ma peau quelques taches brunes, ma chevelure est parsemée de blanc, mais aucune de ces empreintes visibles n'est plus manifeste, plus concrète, que celles apparues dans mon esprit. Je n'ai plus besoin d'être vue, ni même d'être bien vue: je me suis affranchie des regards inconnus. Je ne dis pas que la vie aux Grillons est facile tous les jours. Nous avons renoncé à nos droits, à notre sécurité, et nous voyons notre fille moins souvent : Tessa a préféré rester à Bentham pour s'installer en colocation avec Katie. Mais je n'ai aucun regret. Dans les quartiers diaphanes, les murs sont des miroirs dans lesquels se reflètent des formes floues. Les sentiments se perdent dans des dédales de vitres où rien ne les retient, ils glissent sur nos peaux sans habiter nos corps. David a cru mourir à force de s'effacer. Nous étions loin de nous, loin de nos proches voisins, alors que nous passions nos journées à nous épier. Depuis notre départ, j'ai trouvé un ancrage. J'ai renoué peu à peu avec des plaisirs simples que je croyais perdus : fermer la porte de ma chambre, essayer de nouveaux vêtements sans que David me voie puis lui faire la surprise d'une apparition élégante quand nous sortons diner. Il suffit d'être aveugle le temps d'une journée, de s'ignorer un moment pour se redécouvrir. On prend le temps de rêver, pour reposer nos yeux de tout ce qu'ils ont vu. Avec David, nous avons racheté la librairie des Grillons. Pablo nous a aidés, il connaissait le propriétaire, un ami de Miguel. Je ne lui ai pas caché la vérité. Il sait comment son fils a été frappé et comment sa belle-fille a été étouffée. Pablo dépose des fleurs chaque samedi sur leurs tombes. Il emmène Milo, et tous deux se recueillent devant les stèles en pierre où poussent la vigne vierge, le jasmin étoilé. Le recueil de Miguel, ils l'ont donné à Lou. Elle vient les voir souvent et développe ses photos dans le laboratoire. Nico est resté à Bentham. Il a choisi d'oublier et de vivre. Moi je n'y arrive pas, alors j'ai décidé de déso béir. Ecrire. Je ne crois pas que cela résoudra quoi que ce soit. Je ne crois pas non plus que l'on se soigne en écrivant. On laisse des traces, c'est tout. On remue son chagrin, on exprime son impossibilité à dire, son incapacité à agir. On a beau noircir des pages et des pages, des cahiers et des livres, on reste devant une impasse : nous ne sommes pas transparents à nous-mêmes.

JI
Julia Iba noté ★ 7/10
22 août 2025

Pas mal. Intéressant. On se projete dans un futur où toutes les maisons sont entièrement transparence et questionne notre système judiciaire et notre rapport aux autres.

EB
Emmanuelle Barou-Delnattea noté ★ 7/10
16 août 2025

Intéressante et inquiétante possible projection dans un avenir proche

Cathy Placea noté ★ 4/10
21 juillet 2025

Pas accroché Pas terminé

Cecile Delhopitala noté ★ 8/10
20 juillet 2025

Excellente satire des réseaux sociaux et d’un monde où tout se regarde

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