Publié en 2004 Magnifiques planches. Chacune est une œuvre d’art. Le 1er tome sans parole est un peu difficile et déroutant mais on rentre complètement dans l’histoire et les personnages avec les deux autres tomes. Ce qu’il raconte de la guerre civile après la fin de l’invasion japonaise est terrifiant ! Casterman : Est-ce cette expérience pénible (service militaire de deux ans) qui vous a inspiré le ton d’âpre violence qui irrigue toute l’histoire de Fleur ? Park Kun-woong : Sans doute en partie. La violence que contient Fleur vient d’abord des événements de la période qui est décrite — l’occupation japonaise, la déportation en Mandchourie, puis le conflit fratricide entre Coréens. Mais il est certain que la violence que j’ai moi-même subie — non pas une violence physique, mais une réelle violence psychologique — a eu une influence sur mon travail. C’est peut-être l’une des clés mentales du personnage principal de l’histoire, ce prisonnier qui est enfermé depuis cinquante ans, et dont Fleur retrace presque toute l’existence ; on exerce sur lui une pression énorme pour qu’il renonce à ses convictions idéologiques, pour qu’il accepte de signer un document de renonciation qui, pour lui, serait la clé de la liberté retrouvée. Mais cet homme, par attachement à ses idées et fidélité à ceux qu’il a aimés, refuse de céder. Pour lui, la perspective de la mort est peut-être bien plus belle qu’une vie d’incarcération… On dit aujourd’hui en Corée que certains vieux prisonniers de ce type vivent encore en résidence surveillée, parce qu’ils ont toujours refusé d’abjurer leurs convictions.