L’animation est assez pauvre pour un Disney. Il manque clairement ce petit plus qui fait la magie de Disney. Paradoxalement, l’équipe a fourni un gros travail puisque les plans fourmillent de détails, notamment pour créer l'univers de l'Atlantide. L’équipe va faire de nombreuses recherches sur le sujet dans les bibliothèques mais également sur internet. Non seulement, ils étudient la version de Platon mais également celle du théoricien américain mystique, et un peu illuminé, Edgar Cayce. Et pour rendre le peuple atlante encore plus plausible, il est décidé de lui créer une vraie langue.
D’ailleurs, si l’animation apparaît si différente de ce qu’a l’habitude de proposer Disney, c’est surtout parce qu’il a été décidé de collaborer avec des personnalités venues de l'extérieur des studios. Ainsi, Atlantide, l'Empire Perdu prend un côté très BD, limite comics avec une apparence des personnages marqués au traits noirs épais.
Si la durée moyenne d’un film d’animation est d’une heure et demie, et si Atlantide respecte cette durée, il est probable que l’histoire était plus riche, mais qu’elle a dû être raccourcie pour respecter le temps imparti. Des coupes ont été faites et ça se voit. Tout va trop vite et on a jamais le temps de se poser. La montée de l'expédition est menée vitesse grand V, le voyage en sous-marin est expéditif et la découverte du continent quasiment zappée.
Atlantide, l'Empire Perdu souffre donc paradoxalement de son rythme, accumulant à outrance les scènes spectaculaires mais délaissant ses très (ou trop ?) nombreux personnages. Le lien affectif entre le spectateur et le film ne parvient, en effet, jamais à se créer. Il est vrai, qu'à l'exception notable de Milo qui est le seul à se rendre un tant soit peu attachant, les autres intervenants sont à peine survolés. Leurs traits psychologiques, passé le premier aspect caricatural, sont purement et simplement ignorés.
Milo Thatch, le protagoniste de l’histoire, est un antihéros. Rat de bibliothèque, il est obsédé par l’idée de reprendre les recherches de son grand-père pour retrouver le continent perdu de l’Atlantide. Maladroit et mal à l’aise en société, il préfère se plonger dans ses recherches plutôt que de socialiser. Cependant, malgré ses défauts, Milo est droit et courageux, prêt à se battre pour ses idéaux et ses convictions. Le doublage anglais du personnage, assuré par Michael J. Fox (Retour vers le Futur), contribue à rendre Milo intéressant et attachant, contrairement à la plupart des autres personnages du film, qui sont souvent insignifiants et antipathiques.
En premier lieu, Gaëtan « la Taupe » Molière, le spécialiste du forage français, incarne tous les stéréotypes du personnage insupportable, vulgaire, adepte des rots et mal élevé. Son seul but dans l’histoire est de faire rire, mais ses apparitions sont en réalité gênantes et pathétiques, loin d’être drôles.
Vincenzo « Enzo » Santorini, le spécialiste des explosifs, d'origine italienne, n'est pas forcément mieux loti. Quant à « Cookie », il est le cuisinier du convoi. Et encore, cuisinier est un bien grand mot : il assemble plutôt les aliments. Caricature des vieux américains du fin fond du Far West, son tatouage des États-Unis est aussi grotesque que ses goûts culinaires. En toute honneteté, les trois personnages auraient pu facilement être ramenés à un seul apportant ainsi plus d'espace aux autres et épargnant des caricatures finalement peu sympathiques.
Le Dr Amadou Gentil, médecin de bord, est un personnage bien plus intéressant et développé que ses prédécesseurs. Bien que son introduction soit un peu maladroite, il gagne en profondeur au fur et à mesure que l’histoire progresse.
Par contre, le Commandant Lyle Tiberius Rourke, chef de l’expédition, si il semble capable de prendre des décisions judicieuses, il se révèle être un individu cupide, prêt à détruire une civilisation entière pour des gains financiers. Ce personnage permet aux artistes de critiquer subtilement le capitalisme effréné et le colonialisme. Bien que caricatural, il perd en crédibilité à la fin du récit, lorsque sa colère prend le pas sur sa raison, ce qui rend ses mimiques un peu exagérées.
Audrey Ramirez est assurément l'un des personnages qui sait se rendre le plus attachant. Chacune de ses apparitions est à la fois utile et crédible.
Mme Placard est elle-aussi très réussie. Plus anecdotique que ses autres comparses, chacune de ses apparitions fait mouche. Responsable des communications, elle est totalement irrévérencieuse et ses réflexions sont aussi drôles que bien amenées.
Sans oublier, Helga Sonclair, inspirée des femmes fatales des films noirs des années 30 / 40, elle possède une classe incroyable. Sa première apparition dans la pénombre dans une robe décolletée est ainsi superbe. Par la suite, elle surprend en étant un officier militaire redoutable. Dommage que son rôle ne soit pas plus étoffée.
Et évidemment, la Princesse Kida Kidagakash Nedakh. Fille du roi, elle a vécu le déluge de l'Atlantide et essaye de convaincre son père de s'ouvrir à l'extérieur afin que son peuple ne s'éteigne pas. Plein de fougue, sa relation avec Milo est plutôt intéressante bien que survolée par manque de temps.
Enfin, l’équipe et l'expédition ont été montées par Preston B. Whitmore, philanthrope et meilleur ami du grand-père de Milo. Présent dans les premières minutes de l'opus, il ne fait que passer !
Les plus attentifs noteront aussi un nombre incroyable d'occupants dans le sous-marin qui seront pour la plupart décimés avant d'arriver à Atlantide, en faisant, au passage, du film l’un des Disney au plus grand nombre de morts suggérés au point qu'une bref cérémonie mortuaire leur est d'ailleurs consacrée au milieu de l'aventure.
Au final, un film ambitieux laissant un goût d’inachevé.
