Ça arrive

J’apprécie que de plus en plus de films abordent les violences sexuelles et sexistes (VSS), leur traitement judiciaire et la prise de parole des victimes. Mais je ne conseille absolument pas « Ça arrive », surtout si vous avez déjà vécu des expériences similaires. À plusieurs reprises, j’ai ressenti un profond malaise face à certaines scènes : – Les railleries entre policiers sur les affaires en cours, – Les paris sur « qui ment », – Les blagues misogynes, homophobes, transphobes ou handiphobes à propos des victimes, – L’indifférence ou la colère déplacée, comme cet officier qui tape sur son bureau devant une femme venant de subir des violences. Ces séquences ne dénoncent pas vraiment ces comportements : elles les montrent presque crûment, ce qui finit par participer à la culture du viol plutôt que de la combattre. Le film prétend prévenir les VSS, mais quel message en ressort ? On observe des policiers qui recueillent des témoignages, et… rien. Aucun parti pris, aucun développement, aucune réflexion. Le résultat est d’une platitude désarmante. Le seul mérite du film est de figer à l’écran une réalité aussi dégoûtante que glaçante : celle d’un système où les victimes de violences sexuelles se heurtent à des policiers qui plaisantent, doutent, ou réagissent avec une froideur désarmante. C’est brutal, presque insoutenable par moments. Pourtant, ce choc reste stérile : le film ne dénonce jamais clairement l’insuffisance de la justice ni le manque de formation et de sensibilisation des forces de l’ordre. Il se contente de montrer, sans analyse ni mise en perspective. Ce qui pourrait être un cri d’alarme ressemble finalement à un simple constat, laissant le spectateur face à un malaise immense mais sans véritable clé de lecture ni appel au changement.