Résumé
Au milieu de l'été, Sasha, 30 ans, décède soudainement. Alors qu'ils se connaissent peu, son compagnon Lawrence et sa sœur Zoé se rapprochent. Ils partagent comme ils peuvent la peine et le poids de l'absence, entre Berlin, Paris et New York. Trois étés, trois villes, le temps de leur retour à la lumière, portés par le souvenir de celle qu'ils ont aimée.
À Berlin, au coeur de l'été, Sasha, une jeune artiste française, s'apprête à rejoindre son compagnon, Lawrence. Malheureusement la jeune femme s'effondre au milieu d'un parc, et décède peu de temps après. Dévasté et perdu, Lawrence retrouve les parents de Sasha ainsi que Zoé, sa soeur, et son mari, Boris, tous choqués par la fulgurance de la disparation de Sasha. C’est d’une délicatesse rare. Même la pellicule est impressionnée. Coup de cœur de la semaine, ce deuxième long-métrage écrit et réalisé par un réalisateur de 42 ans, adepte d’un cinéma sensoriel tout en images mélodieuses, volutes évanescentes et climats mélancoliques. Jamais sans doute un cinéaste n'avait traité de l'absence avec cette délicatesse. Quant aux comédiens, à commencer par Anders Danielsen Lie et Judith Chemla, ils sont au-delà de la justesse, emplis de grâce à chaque plan, ajoutant la douceur de leur jeu à une œuvre poignante. Ce que travaille Mikhaël Hers est ténu, et le château de cartes d’émotions qu’il construit ne tient que par la minutie de son geste. On sort le cœur lourd et léger à la fois de ces trois étés passés à regarder la vie finir par toujours reprendre le dessus. Pas besoin d’action épileptique pour nous secouer, il suffisait de faire remonter à la surface quelques réminiscences pour que pointe la blessure aiguë sous la cicatrice. Malgré son côté un peu carte postale quand il s'aventure dans l'imagerie des villes, le film est délicat lorsqu'il capte les relations de la soeur esseulée (Judith Chemla) avec son petit garçon et ses atermoiements sentimentaux. Un très joli film délicat et solaire qui montre, sans être démonstratif. Doux et intimiste, ce film regarde les trois villes avec grâce. La douleur de l'absence est omniprésente mais Mikhaël Hers l'observe avec une pudeur élégante... Ce sentiment de l’été manque parfois un peu de rythme, et nous plonge, comme les héros dans une certaine langueur. Mais il faut parfois savoir s’ennuyer (un peu) pour apprécier les belles choses. Pour son deuxième long-métrage, le réalisateur s'entoure de deux acteurs radieux (...), magnifiés par sa mise en scène fluide, trouée d'ellipses fécondes. Un film tout en nuances, en silences, en sentiments intimes, qui, d’une ville à l’autre et d’un personnage à l’autre, traduit la vie qui revient, triomphant du vide de l’absence. Et le charme opère. La réparation du chagrin, le réapprentissage du sourire et du désir, la nature complexe du trouble qui s'installe entre les personnages, tous ici d'une belle vérité, sont le sujet de ce film qui longe avec sensibilité et douceur les chemins de la résilience. Au-delà du côté “romantisme chic” un peu affecté du film, la réalisation gracieuse de Mikhaëk Hers prend le dessus pour susciter une émotion délicate et précieuse. Oui, c’est un cinéma très doux, mais doux comme les vagues de l’été qui finissent pourtant par éroder le roc. Sans violence, Mikhaël Hers nous révèle cependant à nous-même notre infinie tristesse, un flot d’émotions venues on ne sait trop d’où, si ce n’est peut-être du passé