
2023
•
Drame / Suspense
•
1h49
Résumé
Il y a 20 ans, on a séparé Vera de son fils à la naissance. Depuis, elle le recherche sans relâche, mais son dossier a mystérieusement disparu des archives espagnoles. Il y a 20 ans, Cora adoptait un fils, Egoz. Aujourd'hui, le destin les réunit tous les trois. Ensemble, ils vont rattraper le temps perdu et prendre leur revanche sur ceux qui leur ont volé.
Difficile à comprendre vraiment.
Un film espagnol très esthétique mais un peu confus
Film de Víctor Iriarte · 1 h 49 min 17 juillet 2024 (France) Genre : Drame Pays d'origine : Espagne, Portugal, France Fiche technique Il y a 20 ans, on a séparé Vera de son fils à la naissance. Depuis, elle le recherche sans relâche, mais son dossier a mystérieusement disparu des archives espagnoles. Il y a 20 ans, Cora adoptait un fils, Egoz. Aujourd'hui, le destin les réunit tous les trois. Ensemble, ils vont rattraper le temps perdu et prendre leur revanche sur ceux qui leur ont volé...
L’histoire des milliers de bébés enlevés à leurs mères par le régime franquiste pendant plusieurs décennies racontée dans un premier film d’un réalisateur espagnol dans une mise en scène singulière mais néanmoins intéressante. On y parle de séparation, de tristesse, de vengeance mais aussi de rencontres après une incroyable persévérance. L’histoire est traitée avec tant de subtilités et de manière complètement décalée ce qui nous éloigne totalement du mélodrame classique. Une bon moment de cinéma
Dos Madres » : d’une mère l’autre, un trajet pour recoudre les cicatrices de l’histoire espagnole Dans son premier long-métrage, captivant, Victor Iriarte mêle le thriller d’espionnage, le roman épistolaire et le carnet de voyage. Par Mathieu Macheret Vera (Lola Dueñas) et Cora (Ana Torrent) dans « Dos Madres », de Victor Iriarte. Vera (Lola Dueñas) et Cora (Ana Torrent) dans « Dos Madres », de Victor Iriarte. SHELLAC L’AVIS DU « MONDE » - À NE PAS MANQUER Sous le régime franquiste, près de 300 000 nourrissons, fallacieusement déclarés mort-nés, furent subtilisés aux mères espagnoles pour faire l’objet d’un obscur commerce. S’il s’est tenu à l’abri de la dictature, pendant quarante ans, sur la foi de théories eugénistes délirantes et avec la complicité des institutions médicale et religieuse, ce trafic d’enfants a perduré après la mort de Franco, jusque dans les années 1990, pour des raisons purement lucratives. Un héritage maudit dont l’exhumation judiciaire, en 2010, a provoqué un vif émoi dans la société espagnole. C’est sur cette affaire terrible que s’appuie le premier long-métrage de Victor Iriarte, une histoire de retrouvailles et de réparations sur un gouffre de violences insondables. Le cinéaste, né à Bilbao en 1976, activiste cinéphile aux multiples casquettes – programmateur, sélectionneur pour le Festival international du film de Saint-Sébastien, producteur, assistant de son compère Isaki Lacuesta, occasionnellement opérateur –, confirme avec ce film, présenté à la Mostra de Venise en septembre 2023, l’actuelle vitalité du jeune cinéma d’auteur espagnol. Imaginaire multiple Sur le papier, Dos Madres avait toutes les chances d’aboutir à l’un de ces films dossiers qui transcrivent aisément un sujet de société en drame édifiant. C’était sans compter sur le traitement inattendu, délibérément métamorphique, que lui insuffle Victor Iriarte, le passant au tamis d’un imaginaire multiple, croisant tour à tour le thriller d’espionnage, le roman épistolaire ou le carnet de voyage. Vera (Lola Dueñas), sténographe au tribunal, est l’une de ces mères spoliées, en l’occurrence d’un petit garçon retiré à sa naissance vingt ans auparavant. Entre-temps, elle a pris le maquis de la clandestinité et s’est muée en enquêtrice de l’ombre pour récolter des informations inaccessibles, s’il le faut par voie d’extorsion et de chantage, et retrouver la trace de son enfant. Celui-ci existe bel et bien : il s’appelle Egoz (Manuel Egozkue), vit à Saint-Sébastien une vie paisible auprès de sa mère adoptive, Cora (Ana Torrent), professeure de piano, qui l’a élevé et entouré de tous les soins. Tous les trois se donnent rendez-vous quelque part dans la vallée du Douro, au Portugal, se déterritorialisant pour mieux se retrouver, panser les plaies du passé. Vera leur expose son plan longuement mûri, minutieusement préparé : braquer le Musée d’art et d’histoire de Porto, « l’ancienne prison de la ville », dans l’arrière-salle duquel sommeille une importante somme d’argent dissimulée là par des hommes de pouvoir, leurs anciens tortionnaires, en guise de réparation. Partition millimétrée Dos Madres saisit en premier lieu par son incroyable sens du tempo. Dès les premières images – un assemblage de cartes sur lesquelles un doigt trace des itinéraires imaginaires – le film se donne à lire comme une partition millimétrée. Victor Iriarte mise beaucoup sur des éléments de structure, à commencer par le découpage du récit en trois chapitres, chacun correspondant à une lettre écrite, et lue en voix off. Ce choix de récit autorise toutes sortes de jeux contrapuntiques entre le son et l’image. La précision des cadres, la netteté d’un montage « cut », le placement des acteurs, le tracé des trajectoires et la chorégraphie des gestes participent de cette découpe musicale, qui résonne aussi avec les attributions des personnages : pianistes ou sténographes, ce sont tous des apôtres du clavier, as de la frappe staccato ou du doigté bien tempéré. Lorsqu’on découvre Egoz, c’est dans une école de musique où il aide à monter comme à accorder les pianos. Plus tard, le trio recomposé s’accordera lui-même autour d’un morceau de piano joué à plusieurs mains. Truffé de plages musicales (dont un air de fado à pleurer dans l’ambiance rougeâtre d’un bar perdu), Dos Madres s’envisage comme une toccata. Lire le récit (2018) : Espagne : le premier procès des « bébés volés » s’achève sans condamnation Ajouter à vos sélections En faisant se rencontrer les deux mères, biologique et adoptive, Victor Iriarte opère la fusion de récits antagonistes. Vera, de son côté, est d’abord assimilée aux puissances de la fiction. Sa démarche d’enquêtrice se décline par vignettes elliptiques convoquant les motifs du roman noir ou d’espionnage : filatures, échanges de mallettes, liasses de billets, revolver camouflé entre les pages d’un livre, panoplie d’agent secret, cadavres éparpillés au sol, etc. « Je suis passée au crime, à la nuit, au monde clandestin », dit Vera en voix off ; on la verra en effet arpenter la face sombre de Madrid, de couloirs dérobés en souterrains obscurs. Une trinité recomposée Cora, quant à elle, est du côté du naturalisme. Sa relation avec Egoz est décrite par éclats de quotidienneté dans les demi-jours écrus d’un Saint-Sébastien nuageux. Le choix des actrices n’est, en ce sens, pas anodin : si Lola Dueñas est passée par la flamboyance d’un Pedro Almodovar, Ana Torrent rappelle le cinéma plus intime et intériorisé de Victor Erice (« Ferme les yeux », susurre-t-elle, comme en écho à son dernier film). Une fois qu’il les a réunies, le film peut parachever sa dernière mue sur la pente du mélodrame. Victor Iriarte joue sur la gamme expressive élargie que lui offre l’instrument cinéma, si bien que chaque séquence semble accueillir une nouvelle idée de mise en scène. Ici, le voyage au Portugal se déroule dans un cadre rond en forme d’iris, comme aux temps lointains du cinéma muet. Là, un plan en téléphérique s’élève au-dessus de Saint-Sébastien plongée dans la nuit et perçue comme une formidable constellation clignotante. En évitant coûte que coûte les scènes attendues, les règlements de comptes trop explicatifs, les vaines conflictualités, le film se résout en un kaléidoscope d’images et de facettes déclinant tous les états affectifs de ses personnages. Plus encore qu’une famille, leurs retrouvailles fondent une trinité recomposée, une alliance nouvelle où la douleur rendue partageable absorbe la violence d’Etat. Dos Madres vise ainsi le lendemain de la douleur, quand au préjudice succède la riposte. Film espagnol, portugais et français de Victor Iriarte. Avec Lola Dueñas, Ana Torrent, Manuel Egoskue (1 h 45).
Intéressant. Un peu lent mais parti pris original.
C'est très beau. Le montage est un peu singulier, c'est un parti pris et c'est ce qui le magnifie. J'ai beaucoup aimé. ❤️❤️❤️❤️ Inspiré par le scandale des 300 000 bébés retirés à leurs mères par le régime franquiste, Dos Madres est un puzzle romanesque inventif en forme d’hommage aux films politiques des années 1970 doublé d’une grande histoire d’amitié.