8.4/10
2021
•
Documentaire / Animation
•
1h29
Résumé
L'extraordinaire histoire vraie d'un homme, Amin, au bord du mariage qui l'oblige à révéler pour la première fois son passé caché.
Un excellent documentaire. Bouleversant et touchant. J'adore les graphiques.
Parcours asile afghan gay arte
Beaucoup aimé. Incroyable qu’on puisse être autant ému alors qu’il s’agit de personnages d’animation… les voix françaises sont particulièrement incarnées, très belle interprétation audio!!! Telerama : « Flee” : de Kaboul au Danemark, devenir un homme L’histoire vraie du périple d’un jeune Afghan en dessins complétés d’images d’archives. Un très beau récit d’accomplissement face à une terrible adversité. Après sa diffusion sur Arte, “Flee” sort désormais en salles. Le réalisateur Jonas Poher Rasmussen raconte la genèse de son film. Multi-récompensé, « Flee » (« fuir ») raconte « une histoire universelle, qui parle de l’humanité de ceux qu’on regarde trop souvent comme une masse indistincte ». Appelez-le Amin. On ne connaîtra pas son vrai nom, ni les traits de son visage, dissimulés sous le masque du dessin. Et pourtant, c’est toute sa vie qui se révèle à nous dans Flee, le très beau documentaire d’animation de Jonas Poher Rasmussen. Itinéraire d’un réfugié afghan, de son enfance à Kaboul à sa fuite éperdue à travers l’Europe, le Danemark via Moscou, le déracinement, l’errance et la peur. Son histoire, Amin, aujourd’hui presque quadragénaire, la raconte pour la première fois, après des années de secrets — au pluriel. Il aura pour cela fallu toute la force et la confiance du lien qu’il partage avec le réalisateur. Ce film d’une humanité rare vient en effet « de très loin », comme dit Jonas Poher Rasmussen. Pour lui, Amin n’est pas un « sujet » comme un autre. C’est l’un de ses plus vieux amis, jadis rencontré dans le bus scolaire qui les amenait tous deux au lycée de la bourgade danoise où ils habitaient. « J’avais 15 ans, et Amin 16. Il vivait dans un foyer d’accueil du voisinage, et c’est à peu près tout ce qu’on savait. Bien sûr, des rumeurs circulaient : on disait que toute sa famille avait été massacrée, qu’il avait voyagé seul, à pied, jusqu’au Danemark. Lui, il ne disait rien. Pendant longtemps, son passé est resté un mystère. Une boîte noire. » Comme une psychothérapie Il y a une quinzaine d’années, le réalisateur, qui travaillait alors pour une grande station de radio nationale, tentait une première fois de convaincre son ancien camarade d’accepter une série d’interviews au long cours. « Il savait qu’il aurait un jour besoin de partager son histoire, de réconcilier le passé et le présent, mais il ne se sentait pas prêt. Il a refusé. » Réconcilier l’homme qu’il est devenu (« un brillant universitaire ») avec l’adolescent perdu, arraché aux siens, auquel les passeurs ont imposé un mensonge cynique : prétendre être seul au monde, renier mère, frères et sœurs pour obtenir l’asile. Réconcilier, aussi, l’adulte gay avec le gamin élevé dans une culture violemment homophobe. « Pendant trop longtemps, il a dû se cacher, d’une manière ou d’une autre. » Homosexuel, Amin a longtemps dû se cacher. Il faudra encore bien des saisons et des hésitations avant que le déclic se produise. « J’ai participé à un atelier d’animation intitulé Anidocs, qui met en relation des animateurs et des réalisateurs de documentaires, se souvient Jonas Poher Rasmussen. J’ai tout de suite pensé à Amin, et à la manière dont cet art pourrait lui permettre à la fois de se protéger et de se raconter, à l’abri de l’anonymat. Et j’ai enfin réussi à le convaincre. » Commence une longue phase d’entretiens et d’écriture. Comme on le voit dans Flee, Amin a alors coutume de s’allonger sur le tapis du salon de son ami cinéaste, les yeux fermés, pour faire ressurgir son passé, comme en psychothérapie. « C’est une technique que j’ai expérimentée quand je faisais de la radio : quand vous n’avez pas d’images, vous avez besoin d’une parole très descriptive. Par exemple, je lui demandais à quoi ressemblait en détail le jardin de son enfance à Kaboul : les plantes, les parfums… Ce récit imagé a beaucoup servi aux animateurs, et, pour Amin, c’était une manière de revivre les choses au présent. » “Je craignais qu’avec l’animation seule les gens gardent une distance trop confortable avec l’histoire. Les archives, c’est une manière de leur rappeler que tout est vrai. Que c’est arrivé.” Pour évoquer les moments les plus durs, mettre en scène les spasmes de la mémoire, Jonas Poher Rasmussen joue avec l’esthétique de l’animation, passant alors d’un dessin classique à des formes plus abstraites, sombres et tremblantes : « Quand il évoquait ses traumas, il ralentissait, il perdait un peu ses mots… Soudain il ne s’agissait plus de montrer ce qui s’était vraiment passé, mais de restituer une émotion. La terreur, la tristesse, la colère… L’animation est un outil merveilleux pour y parvenir. » Cette puissance d’évocation, le cinéaste a choisi de la compléter avec des images d’archives en prises de vue réelles, « pour que les spectateurs puissent relier le destin individuel d’Amin à l’histoire du monde : pourquoi il a fui avec sa famille lorsqu’à la fin des années 1980 les Russes se sont retirés d’Afghanistan, en laissant le champ libre aux moudjahidin, puis aux talibans. Comment il a débarqué à Moscou dans les ruines toutes récentes de l’URSS, avec ses pénuries alimentaires et sa corruption généralisée. On a cherché des documents visuels de tous les côtés : par exemple, pour l’épisode où la sœur d’Amin a failli mourir dans un container en tentant de quitter la Russie, on a retrouvé des extraits de journaux télévisés. Je craignais qu’avec l’animation seule les gens gardent une distance trop confortable avec l’histoire. Les archives, c’est une manière de leur rappeler que tout est vrai. Que c’est arrivé ». Ayant laissé sa famille derrière lui, le jeune Afghan a fini par trouver refuge au Danemark. En anglais, flee signifie « fuir ». Grâce au film, Amin a enfin cessé de fuir. Il a renoué les fils de sa vie. « Son expérience l’a marqué pour toujours, mais, aujourd’hui, il n’est plus un “réfugié”. C’est un être humain complexe et complet, un intellectuel, un gay dont le désir s’est éveillé devant les films de Jean-Claude Van Damme, un mari, un amoureux des chats… Toutes ces choses le définissent, et c’est vrai pour les millions de réfugiés à travers le monde. Flee est une histoire universelle, qui parle de l’humanité de ceux qu’on regarde trop souvent comme une masse indistincte. Et qui rappelle la nécessité de trouver un endroit où l’on peut être soi-même. » Diffusé sur Arte, le film a déjà un prestigieux parcours, du festival de Sundance à celui d’Annecy, où il a obtenu l’an dernier le Cristal du long métrage. Il a aussi tendu un miroir inédit et solidaire à tous ceux qui s’y sont reconnus : « Je pense par exemple à ce jeune homme queer, au Mexique. À la fin de la projection, il a tenu à nous remercier : “Grâce à vous, je me suis senti en sécurité pendant une heure et demie.” » Cécile Mury
L'histoire horrible et culpabilisante mais sinon trop beau
Partagé par Joséphine de Memorizer
Documentaire animation