
2022
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Drame
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1h27
Résumé
Ali, un jeune Tunisien rêvant d’une vie meilleure, vit une existence précaire en vendant de l’essence de contrebande au marché noir local. A la mort soudaine de son père, Ali doit s’occuper de ses deux sœurs et de leur expulsion imminente. Suivra un combat pour conserver sa dignité. La voix d’une génération tentant d’être entendue.
Pauvreté en Tunisie Un jeune homme essaie de s’en sortir mais fini par s’immoler
En marge de la révolution, Ali a du mal à exister. L’issue ne peut être que fatale…et pour rien.
Un film magnifique sur la lente descente en enfer et en folie d’un jeune tunisien, qui veut fuir la pauvreté de son pays. Il est retenu à ses chaînes par ses sœurs orphelines et pas encore autonome, son frère qui le laisse tomber. Il vit dans un entrepôt, revend de l’essence pour s’en sortir. Puis un jour il accepte de faire du trafic, il se fait prendre… et là rentre petit à petit dans la folie. Il finira par s’immoler (fait divers réel). Excellent acteur, très belle photo. Un superbe film d’un jeune réalisateur américain-égyptien. Un acteur magnifique.
Harka (Drame) 2022 - France - Allemagne - Etats-Unis 1h22 avec Adam Bessa, Jamal Madani Pour survivre, Ali, jeune Tunisien solitaire, vend de l’essence de contrebande au marché noir. Une responsabilité soudaine — s’occuper de ses deux sœurs cadettes à la mort de leur père — accroît son sentiment d’impuissance face à la précarité, l’injustice et la corruption ambiantes. Comment joindre les deux bouts ? Comment rester debout ? Sa colère enfle… Cette chronique tendue d’un quotidien de débrouille et d’une révolte criante — inspirée de faits réels — se meut en thriller fatal et pointe, avec une tragique acuité, le désir d’une génération de se faire entendre, dix ans après la « révolution de jasmin » et les printemps arabes. Dans le rôle principal, Adam Bessa offre un corps fiévreux à une mise en scène imparable. C’est par l’intensité, une forme de concentration de matière qui va jusqu’à l’implosion, qu’Harka se tire, vers le haut, d’un sujet aussi casse-gueule – aussi dur, directement – que cette variation tragique sur la figure de Mohamed Bouazizi, ce jeune homme dont le suicide par immolation en décembre 2010 sera l’un des détonateurs de la révolution tunisienne contre le régime du dictateur Ben Ali. Bouazizi ou son fantôme ? Hantant, plus d’une décennie plus tard, les décors réels de sa vie, la ville de Sidi Bouzid de nos jours, quelque part dans une région centrale de la Tunisie actuelle, contemporaine. L’acteur qui s’en charge, de cette figure ou de ce mythe (devenu tel), déclencheur d’une et plusieurs révolutions, le fait avec autant de folle intensité que le film qu’il porte de bout en bout : c’est Adam Bessa, jeune comédien franco-tunisien, dans le rôle d’Ali, tout en gestes lents de rage contenue et en regards épuisés, indéchiffrables, saturés d’un illisible au fond duquel se lit sans arrêt, limpide et terrible, toute l’histoire. Vendeur d’essence de contrebande, ignoré ou méprisé par l’univers entier, maltraité par la police corrompue, endetté par héritage ou par malédiction, Ali s’active pour survivre dans la petite ville caniculaire – et dans le grain des plans néoréalistes, stylisés pour mieux vibrer : pour décrire la tension sociale par la tension visuelle et sonore. Lotfy Nathan, auteur de ce premier long métrage tourné dans une langue qu’il dit ne pas bien parler, l’arabe tunisien, né en Angleterre d’une famille égyptienne et vivant aux Etats-Unis, semble avoir voulu composer, à partir du matériau de cette vie-là, non pas un biopic mais une allégorie politique, sous la forme d’un récit personnage qui court à toute allure à sa perte. Etre vu – être regardé et entendu –, se voir considéré, reconnu comme un être humain, c’est ce qui manque, à en croire chaque plan de Harka, à son héros. Le cinéma, qui peut, quand il le veut, et par définition, se montrer capable de voir et d’entendre, peut-il réparer cela, ne serait-ce que l’éclair ou l’espoir d’une seconde ? C’est la question et le pari du film. Matérialiser, incarner et magnifier sont ses tactiques, en direction de l’implosion (que le 35 mm permet, par accumulation de matière, par cette menace constante de liquéfaction ou de délitement de tout dans le grain de la pellicule, ce danger de désintégration par les moyens de la beauté), et en gardant toujours une forme de droiture, des lignes et des traits – ceux des visages des personnages comme ceux des bâtiments, de l’horizon, de la mer ou du désert – qui l’empêche de verser dans la séduction dont il pourrait, sans honte, faire montre sans rien faire d’autre. Harka est bon, il ravive et il panse les blessures à la fois, ou bien c’est qu’il nous aveugle, par éblouissement (sa lumière à la fois sombre et aveuglante) et par prise de risque – c’est un film qui se met vraiment en danger de ne pas être à la hauteur des tempêtes de sable et de feu qu’il décrit, et qui le fait sans faillir, jusqu’à sa toute fin : ce comble du désespérant historiquement et de l’impressionnant filmiquement. Harka se trouve, avec une rage calme, soutenu par chaque particule de son acteur principal et par le spectre de celui qu’il invoque, des images et des sons pour dire la trajectoire du pire au milieu du monde indifférent. Un tombeau pour 500 000 Bouazizi déguisé en film d’action ou en film d’auteur, passé à la pointe du présent (dans sa forme) pour exorciser le passé et invoquer l’avenir. Le film est cette spirale racontée sous la forme d’une ligne droite. Le cinéaste américain d'origine égyptienne Lotfy Nathan propose une immersion dans le spleen d'Ali, un jeune Tunisien cherchant à fuir son pays natal qui le traite avec indifférence. Le film est en compétition à Un Certain Regard. Incarné par le comédien Adam Bessa, Ali vend illégalement de l'essence pour gagner un peu d'argent. Sa vie ne rime à rien, et comme beaucoup de jeunes Tunisiens confrontés au chômage, il rêve d'autres horizons de l'autre côté de la Méditerranée. Mais la disparition de son père fait de lui le nouveau chef de famille. Il a désormais la charge de ses deux sœurs, Sarra (Ikbal Harbi) et Alyssa (Salima Maatoug), la petite dernière qui veille pourtant sur Ali comme une mère. Les maigres revenus du jeune homme et la menace de ne plus avoir un toit n'arrangent rien à la révolte qui bouillonne en lui. A chaque nouvelle injustice, Ali se rapproche du point de rupture. En Tunisie, une décennie après la révolution que l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, jeune vendeur de fruits et légumes, a lancée en décembre 2010, le statu quo semble être de mise pour la plupart des jeunes. C'est un ras-le-bol permanent qui se lit sur le visage d'Ali qui ne dit mot ou presque. Et comme pour contrebalancer le silence buté de son héros, Nathan a recours à un narrateur qui éclaire quelque peu l'arme tourmentée de ce personnage au destin contrarié. Le cinéaste met en scène un Ali qui joue avec le feu, au sens propre comme au sens figuré. Peut-être sa façon à lui de trouver un sens à un quotidien immuable que Lotfy Nathan rend palpable par la répétition des images qui le décrivent. C'est aussi de façon graduelle que le réalisateur montre qu'Ali perd pied. Le monde parallèle du jeune homme se fait ainsi plus présent à l'écran. Le drame qui se noue semble inexorable et n'émeut personne dans la localité où vit le jeune homme. Comme quand il se fait racketter encore une fois par un policier et que cette fois-ci, il veut dénoncer la corruption ambiante et réclamer justice. Ces cris résonnent alors dans l'indifférence générale. Harka ne laisse ainsi place à aucune forme d'espoir. La fatalité en est l'unique leitmotiv. “Harka” ou le portrait puissant d’une jeunesse tunisienne désenchantée par Marilou Duponchel La révolution, et après ? Sélectionné à Un certain regard 2022, le premier long métrage de fiction de Lotfy Nathan est une météorite à mi-chemin entre le conte et le thriller. Harka signifie “brûler” en tunisien. En argot, le mot désigne aussi la traversée de la Méditerranée par un·e migrant·e. Le premier long métrage de fiction de Lotfy Nathan a quelque chose du film pyromane, celui qui allume, sans se faire prendre, des petits brasiers avant de laisser l’incendie tout dévorer. Le film est relié à son époque, à l’après-révolution tunisienne des années 2010. À la télévision, les manifestations agitent toujours le pays, dehors les jeunes partent en bateau. L’un des enjeux de Harka, film organique qui s’éprouve plus qu’il ne se lit, semble être de donner corps et vie à ce vaste mot de “révolution”. Lotfy Nathan le fait en choisissant un corps en mouvement constant, celui d’Adam Bessa, hallucinant, sorte de résurrection du Grégoire Résumé : Ali, jeune Tunisien rêvant d’une vie meilleure, mène une existence solitaire, en vendant de l’essence de contrebande au marché noir. À la mort de son père, il doit s’occuper de ses deux sœurs cadettes, livrées à elles-mêmes dans une maison dont elles seront bientôt expulsées. Face à cette soudaine responsabilité et aux injustices auxquelles il est confronté, Ali s’éveille à la colère et à la révolte. Celle d’une génération qui, plus de dix ans après la révolution, essaie toujours de se faire entendre… Critique : D’abord ce sont des images des paysages magnifiques, à la manière d’un reportage de voyage. Puis l’image se ternit soudain. La voix off de la sœur du héros parle de ces eaux souillées par le phosphate, des cancers qui s’emparent des ouvriers, et de la crise économique qui ne cesse de répandre la misère dans les rues. Ali vit de petits trafics d’essence. Il squatte un chantier de construction dont le propriétaire est éloigné en Europe. Tous les jours, après avoir acheté les bidons d’essence au noir, il s’installe le long d’un poteau, vend son pétrole aux automobilistes, quand il n’arrose pas de quelques billets la police pour qu’elle le laisse tranquille. JPEG - 220.3 ko Copyright Dulac Distribution Tout le monde en France voit ces jeunes hommes issus de Tunisie s’installer illégalement, dans l’espoir secret de trouver une situation stable et recouvrir un titre de séjour. Pourtant, la révolution arabe a eu lieu. Elle a donné tous les espoirs à une jeunesse tunisienne qui aspirent au travail, au confort et à la liberté. Le portrait touchant d’Ali est peut-être celui de ces millions de filles et garçons qui ne parviennent pas à trouver dans leur pays la place qu’ils méritent. C’est un homme silencieux, au visage grave, et dont le regard exprime le désarroi d’une jeunesse qui ne survit que d’expédients illégaux. La police est corrompue et l’administration impuissante pour aider la population. JPEG - 204.6 ko Copyright Dulac Distribution Mais Harka n’est pas qu’un film triste. C’est une mise en scène maîtrisée qui offre au spectateur une palette magnifique et sensible de jeunes gens tunisiens. Les filles sont peut-être celles qui survivent le mieux à cette misère endémique, sans doute parce qu’elles ne migreront pas comme la plupart des garçons. Elles cultivent une vision du monde qui ne ressemble pas à de la résignation. Elles vivent, là où Ali se plonge dans des trafics risqués tout en s’imposant de dormir dehors. La photographie est très belle, très soignée. À cela s’ajoute une musique qui apporte au propos une dimension supplémentaire. JPEG - 222.3 ko Copyright Dulac Distribution Voilà un film très réussi, emprunt de sobriété et de beauté. On reste à la fois admiratif et touché par ces personnages courageux. En ce sens, Harka est un long-métrage politique. Il permet d’appréhender avec force la dure réalité de l’émigration tunisienne vers l’Europe. Synopsis Rêvant d'un avenir plus radieux, un fils de harki décide de vivre de son petit trafic d'essence de contrebande, en la revendant aux automobilistes.