Caroline Vignal • 2024 • 1h38 • Laure Calamy, Vincent Elbaz, Suzanne de Baecque, Sylvain Katan.
Mariée à Stéphane depuis une quinzaine d'années, mère de deux filles, à la tête de son propre cabinet dentaire, Iris semble à première vue profiter d'une existence en tous points idyllique. Mais elle cache en réalité un secret qu'elle a du mal à assumer : elle s'ennuie ferme dans son couple, son mari et elle ne faisant plus l'amour depuis des années. Conseillée par une amie, elle crée, quelque peu sceptique, un profil sur un site de rencontre pour tenter d'y trouver un amant. L'idée se révèle pourtant vite lumineuse. En effet, Iris, surprise mais flattée, ne tarde pas à être courtisée par des dizaines de prétendants...
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“Antoinette dans les Cévennes” avec ses paysages de western introspectif et son âne philosophe, fut le bol d’air, limpide et revigorant, d’une année 2020 marquée par le confinement et la désertion des salles. L’héroïne, incarnée par une Laure Calamy irrésistible de charme burlesque, randonnait dans le sillage de son amant pour mieux s’en affranchir et cheminer vers elle-même. Nouvelle comédie, autre programme : cette fois, la réalisatrice Caroline Vignal fait de sa protagoniste, toujours interprétée par Calamy, une épouse frustrée dont la vie sexuelle se voit réenchantée par la magie des applications de (brèves) rencontres.
Dentiste BCBG mariée à un obsédé du boulot (Vincent Elbaz), Iris multiplie les infidélités et finit, irradiante de sensualité, par redevenir désirée puisque désirante (et vice versa). « Comment l’adultère a sauvé mon couple », voilà qui est aussi révolutionnaire qu’un article de Cosmo. Ce vaudeville bourgeois prend toutefois un parti intrigant, celui de la joie, et opte pour une dédramatisation résolue. Caroline Vignal multiplie les clins d’œil lettrés (quand son glaçon de mari se couche avec son ordi, Iris lit La Femme gelée, d’Annie Ernaux) comme les gags gadgets – le ding-ding incessant des notifications, attribuées, pour l’entourage, au Bon Coin, sur le téléphone. Et elle s’offre carrément, au cas où son optimisme forcené aurait échappé aux distraits, une scène de comédie musicale sur l’air d’It’s Raining Men.
De fait, il pleut des hommes, enfin, dans les bras de la quadra. Ils ont tous les âges, tous les physiques, du don Juan gentiment ridicule (Laurent Poitrenaux, bonne pioche) à l’étudiant mimi, et se prêtent sans rechigner ou presque aux règles qu’édicte l’héroïne en voie d’« empouvoirement » : une seule entrevue, chez eux, et basta. Nul trouble érotique à l’horizon, le film reste très sage, l’autrice s’intéressant moins à « ça » qu’à l’effet régénérant produit sur son personnage. Reconnectée à sa libido mais déconnectée du réel – dans quel univers parallèle évolue-t-elle pour se rendre sans crainte chez tant d’inconnus ? –, Iris prône que le risque, c’est la vie. Dommage qu’elle le fasse dans un conte de fesses inoffensif.
TÉLÉRAMA • Par Marie SAUVION • Publié le 02 janvier 2024.
