Résumé
Sans le savoir, une jeune femme se laisse embrigader dans le groupe responsable de la mort de sa famille lors d'une attaque terroriste.
Immersion dans les magouilles de l'extrême droite
Drame • (2h06) • 2021 • Réalisé par Christian Schwochow • avec Luna Wedler, Jannis Niewöhner, Elizaveta Maximová, Fleur Geffrier. Maxi, adolescente franco-allemande, perd brutalement sa mère et ses deux frères dans l'explosion d'un colis piégé qui détruit l'appartement familial, à Berlin - un attentat vite imputé à un groupe islamiste. Traumatisé par ce drame auquel lui-même a échappé de justesse, son père se révèle incapable de lui apporter un réel soutien. Déboussolée, ne sachant quelle forme donner à sa révolte, Maxi se laisse séduire par Karl, étudiant à la gueule d'ange qui la prend sous son aile. Elle se trouve bientôt embrigadée dans l'organisation de jeunesse européenne aux idées fascisantes, dont il est l'un des porte-paroles. ▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️ Karl rêve d’un soulèvement populaire contre les étrangers en Europe et séduit à cette fin Maxi, une berlinoise touchée par le terrorisme. Un film audacieux qui prend à bras le corps des thématiques politiques contemporaines. Les bouleversements récents de l’Europe sont au cœur de cette fiction qui évoque tout à la fois la crise migratoire, la montée de l’extrême droite et le terrorisme islamiste. Le titre fait référence au slogan « Je suis Charlie », apparu en janvier 2015 après l’attentat qui visait Charlie Hebdo, mais inverse son message démocratique et pacifiste. Karl est, en effet, un jeune fasciste allemand dont le rêve est de soulever un mouvement populaire contre les étrangers. Militant aux côtés d’une politicienne française blonde — suivez mon regard —, il séduit la fragile Maxi, Berlinoise dont la famille a été victime du terrorisme, pour instrumentaliser son histoire… Il est difficile de ne pas être pris par ce film qui, même manquant d’épaisseur, même cédant parfois à la caricature, a le mérite de s’emparer d’une réalité politique que le cinéma ignore généralement. Une audace éclairante : réalisé en 2020, mais jamais sorti en salles, Je suis Karl finit par évoquer, dans des scènes qui se passent à Strasbourg, une situation semblable à la prise d’assaut du Capitole, à Washington, en janvier 2021. Preuve que le réalisateur et le scénariste ont capté l’air du temps, ses dérives dangereuses. Tout en menant, avec deux comédiens formidables pour interpréter Karl et Maxi, une intrigue habile, susceptible de plaire aux jeunes, premiers concernés. TÉLÉRAMA • Critique par Frédéric Strauss • Publié le 14/03/2023.
Christian Schwochow