
2000
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Drame / Music
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1h58
Résumé
Ariane vit chez Simon dans un grand appartement parisien. Sous surveillance. Il veut tout savoir d’elle, la suit, la fait accompagner dans ses sorties, cherche à la surprendre et la soumet à un questionnement incessant. Pourtant Ariane arrive à préserver un espace de liberté tant mental que physique. Et Simon souffre et jouit et il est bien conscient que même dans les moments de rapprochements des corps, même dans les moments où il croit enfin la posséder, elle lui échappe encore et toujours plus que jamais. Mais il n’y a pas que l’attirance d’Ariane vers les femmes, ni même la différence des sexes qui rendent sa demande impossible : demande de fusion totale, d’osmose, volonté obsessionnelle de pénétrer totalement la subjectivité de l’autre, il y a tout simplement que l’autre est autre, irréductiblement autre.
Chantal Akerman
De Chantal Akerman. 2000. Revu avec grand plaisir. Enfin une adaptation intelligente et pas seulement illustrative. J’ai retrouvé l’obsession de Proust face à un être aimé dont il est certain qu’il lui ment… Télérama : Simon, jeune homme bien mis et blafard, à peu près oisif, tient sa compagne, Ariane, en un curieux état de captivité. Elle est libre de ses mouvements, mais jamais il ne veut en perdre le fil. Il la questionne, avant, après, la fait accompagner par Andrée, amie et confidente. Au besoin, il la suit. Ses filatures ne lui apprennent pourtant rien de la femme qu’il croit aimer.Le vrai prisonnier, c'est lui, muré de soupçons, de doutes et d'un besoin de tout savoir d'elle, qui aime aussi les femmes, cultive le secret et lui dit justement : « Je t'aime parce que je ne sais pas tout de toi. » Chantal Akerman observe sans ironie ce drôle de couple où les amants s’étreignent tout habillés et ne paraissent jamais si proches que bavardant à travers la vitre d’une douche ou mêlant leurs ombres au cours d’une promenade. Cet amour à blanc menace à tout instant de s’évaporer. Entre une tenace impression d’irréalité et la neutralité voulue des dialogues ou des situations, le film avance sur un fil, avec une force hypnotique qui fait sa grâce particu-lière. Il exigeait de ses principaux interprètes un délicat exercice : flirter avec la transparence. Et ceux-ci (Stanislas Merhar, Sylvie Testud) sont à la hauteur. Le thème proustien d’un amour total et sans issue dans le désir de posséder l’autre est emprunté à La Prisonnière. Mais Chantal Akerman sait faire entendre une musique bien à elle.
Très beau film sur l'obsession et la dépendance à l'autre.
revoir premiere partie