
2024
•
Drame
•
2h03
Résumé
A travers les yeux de sa fille, Patpro va parcourir trois époques de l’histoire de son peuple indigène, au cœur de la forêt brésilienne. Inlassablement persécutés, mais guidés par leurs rites ancestraux, leur amour de la nature et leur combat pour préserver leur liberté, les Krahô n’ont de cesse d’inventer de nouvelles formes de résistance.
Dépaysement total avec ce film tourné au Brésil au plus près d’un peuple autochtone! Très beau
Trop long .. j’ai failli quitter la salle…
La Fleur de Buriti”, la résistance intime d’un peuple autochtone du nord du Brésil Entre chronique villageoise et documentaire sur la violence séculaire, ce film tourné sous Bolsonaro est un voyage fascinant chez les Krahô, peuple luttant pour sa survie. Quinze mois de tournage au nord du Brésil, sur le territoire des Krahô, peuple autochtone : géographiquement comme artistiquement, nous voici loin de nos repères. C’est une démarche vraiment singulière que poursuivent avec ce deuxième film les auteurs du Chant de la forêt (2019). Au croisement du documentaire ethnographique et du récit empruntant à la fiction, ils mettent en scène des chroniques villageoises au cœur de la jungle équatoriale. « Ton père ne veut plus chasser, c’est devenu un chasseur de supermarché ! » dit une mère à sa fille. La confrontation entre traditions et monde d’aujourd’hui se raconte au quotidien, dans une étonnante proximité familiale avec la communauté. Cet accès direct à un monde inconnu, si séduisant, s’accompagne d’une réflexion profonde et inquiète sur la place des Krahô au fil du temps. La peur est omniprésente dans La Fleur de Buriti : c’est d’abord celle d’une enfant dont les visions étranges laissent penser à ses parents que son esprit « s’en est allé », capturé comme le sont les perroquets que viennent voler les Blancs pour les vendre. C’est aussi une menace qui se rappelle sans cesse à ces Indiens dont le territoire est convoité depuis toujours par le capitalisme et la loi du profit. Dans la mémoire des Krahô, que garde le palmier buriti, un massacre perpétré par des agriculteurs brésiliens, en 1940, a laissé une blessure ouverte, symbole d’un danger qu’il faut éternellement combattre. Organisé autour de l’arrivée d’une naissance, symbole de tout un peuple qui refuse d’être condamné à l’effacement, ce film fascinant rassemble avec douceur les fragments d’une histoire violente. Tourné avant le retour de Lula au pouvoir, il dénonce l’action de Bolsonaro et donne la parole à la militante Sônia Guajajara, devenue ministre des peuples autochtones. Avec leur volonté de faire œuvre utile, Renée Nader Messora et João Salaviza se mettent au service de ceux qu’ils filment. Il y a tout à apprendre de ce monde reculé, en prise avec la nature, avec la vie intérieure des femmes et des hommes, avec leurs rêves et leurs combats.l La Fleur de Buriti s’attelle à saisir le rapport ambivalent que le peuple Krahô, en symbiose avec la nature, entretient avec le contemporain, dont la présence ne transparaît que par bribes au cours du film (un téléphone portable, une voiture ou une moto, etc.). Cet entre-deux s’exprime par un procédé récurrent : la surimpression de deux plans d’un même personnage, dont l’un le montre immobile et l’autre en mouvement. Ce dédoublement des êtres passe aussi par la manière dont les mots de Patpro (le vieil indigène au centre de la narration), débités de manière hypnotique, traversent et relient les époques par l’évocation de plusieurs souvenirs. Interprétées en grande partie par les acteurs de la partie « au présent », ces analepses participent d’un brouillage de la temporalité du film, ballotée entre différentes époques. C’est qu’il s’agit moins pour João Salaviza et Renée Nader Messora de retracer fidèlement l’histoire des Krahô que de représenter la persistance de leur mode de vie singulier et de leurs coutumes ancestrales. Couvrant presque un siècle d’histoire, les récits de Patpro révèlent la ténacité persistante du peuple face à des menaces diverses (la conquête des terres, les vols d’animaux sauvages, etc.). L’enjeu reste toutefois le même : protéger leur relation intime avec leur environnement. Au-delà de la question de la transmission d’un héritage (le film se clôt sur un accouchement), les récits de Patpro posent celle de la perception du monde par les autochtones. À l’exception de quelques échappées citadines (dont une manifestation pour la défense des droits des autochtones à Brasilia), où nombre des participants ne cessent d’ailleurs de regarder la caméra, certainement troublés d’être ainsi filmés, les cinéastes entretiennent une certaine distance fictionnelle lors des scènes en immersion auprès des Krahô – une distance d’autant plus paradoxale que les indigènes interprètent leurs propres rôles. Cet enchevêtrement entre documentaire et fiction saisit une forme d’émerveillement continu à travers le regard des personnages/acteurs : ainsi des plans récurrents sur les braises d’un feu qui s’envolent avec les volutes de fumée, dont l’un finit, grâce à un panoramique vertical, par se confondre avec l’intensité des étoiles du ciel amazonien. Ce feu, sous lequel le film s’ouvre et se referme, c’est le foyer même des récits : La Fleur de Buriti enregistre ces instants fragiles où la parole traverse les âges. Si le sujet du dépouillement par les paysans des terres forestières des indigènes du Brésil a été de nombreuses fois montré au cinéma, le contexte du réchauffement climatique et l’extraordinaire implication des comédiens amateurs rajoute encore de l’intérêt au sujet. Un film magnifique d’un bout à l’autre. Résumé : À travers ses yeux d’enfant, Patpro va parcourir trois époques de l’histoire de son peuple indigène, au cœur de la forêt brésilienne. Inlassablement persécutés, mais guidés par leurs rites ancestraux, leur amour de la nature et leur combat pour préserver leur liberté, les Krahô n’ont de cesse d’inventer de nouvelles formes de résistance. Critique : On sait depuis toujours les maltraitances que les paysans et les nationalistes, au nom d’un capitalisme aveugle, imposent aux contrées d’Amazonie, mettant en péril les peuples et les animaux qui y vivent. Ce constat tragique a été particulièrement renforcé sous l’ère de Bolsonaro qui a accru les appétences réactionnaires et les haines raciales. La Fleur de Buriti est le nom que portait la grand-mère d’un chef du village, lequel a vu, lorsqu’il était enfant, toute sa famille se faire massacrer par les gens des villes et les agriculteurs. L’enjeu du film est donc à la fois narratif, mais aussi essentiellement militant. En effet, la caméra de João Salaviza et Renée Nader Messora plonge le spectateur dans les entrailles vertes de la jungle où les Krahô survivent avec leurs rituels, leur goût de la terre et de la nature. Ils habitent dans des régions protégées normalement, mais régulièrement des chasseurs viennent voler des animaux sauvages pour les vendre au marché noir ou les paysans y étendent l’espace de nourrissage de leurs troupeaux. En 2018, les deux réalisateurs avaient fabriqué le sublime Le Chant de la forêt. On ressort de cette Fleur de Buriti avec le même sentiment : celui d’avoir été immergé dans un univers culturel, musical et naturel absolument magique. Pendant deux heures, le spectateur vit aux côtés de ces gens simples, qui se battent au quotidien pour défendre leur espace réservé et protéger la forêt. Bien sûr, les Krahô ne vivent pas en dehors du monde moderne. Ils ne passent pas leur temps nus ou à chanter des airs traditionnels. En cela, João Salaviza et Renée Nader Messora écartent dans leur propos toute forme de stéréotype malsain, assimilant le sauvage au bien absolu versus le colonisateur cruel. L’objet de ce film est politique. Les cinéastes donnent la parole à des personnes du réel qui s’improvisent comédiens au service du témoignage de l’histoire de leur peuple et de la nécessité que les États du monde interviennent pour protéger cette diversité humaine et animale. Nous avons ressenti un choc similaire à ce que nous avions éprouvé avec Le Chant de la forêt. Projeter ce film à Cannes n’est pas qu’un effet d’aubaine. Il s’agit d’amener le spectateur occidental à prendre conscience en profondeur qu’il fait partie de l’écosystème du monde, et qu’atteindre les Krahô, c’est blesser l’univers dans son entier. La musique accompagne ce peuple rural. Ils donnent à voir le goût du travail, ravivent des médecines douces traditionnelles et illustrent parfaitement le vivre-ensemble qui manque tant à nos sociétés dites contemporaines. On apprend avec eux le retour aux choses simples, on appréhende la possibilité d’un monde avec moins de consommation, et on mesure que la vérité a peut-être à voir avec ces modes de vie humbles, rattachés à la nature. La Fleur de Buriti est un film qui apprend à s’arrêter. Le rythme lent, les dialogues, les chants sacrés, les fêtes villageoises, le travail de la terre sont autant d’opportunités pour le spectateur à s’abandonner au bien-être. Le film a un effet autant vivifiant que reposant. Et la fin, extraordinaire, apporte un espoir immense, permettant à ce long-métrage d’échapper magnifiquement au spectre du misérabilisme. Titre La Fleur de Buriti Genre Drame Réalisateur Renée Nader Messora Sortie 2024 Durée 2h03 Scénario Joao Salaviza Origine Brésil - Portugal Réalisateurs Joao Salaviza, Renée Nader Messora Scénario Joao Salaviza, Renée Nader Messora SYNOPSIS Persécuté mais guidé par sa détermination à préserver sa liberté, un peuple indigène amazonien invente sans cesse de nouvelles formes de résistance.
Entre documentaire et fiction. Dur et réaliste