Film d’animation • de Kirk Hendry • 2024 • 1h24
Parti avec ses parents pour un tour du monde en voilier, Michael, âgé de 11 ans, est emporté par-dessus bord par une vague avec Stella, sa chienne qu'il voulait secourir lors d'une violente tempête. Lorsqu'il ouvre les yeux, Michael constate avec effroi qu'ils se sont échoués sur une île qu'il pense déserte. Mais rapidement, il comprend que l'endroit est en réalité habité par un mystérieux inconnu qui semble vouloir les aider. L'homme, un ancien soldat japonais prénommé Kensuké, vit là avec des orangs-outans pour seuls compagnons. Peu après avoir fait connaissance, ils aperçoivent d'inquiétants visiteurs débarquer à leur tour sur l'île...
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Le vaste archipel des naufragés de cinéma compte désormais une nouvelle île : le royaume de Kensuké, mystérieux et luxuriant écosystème perdu en plein océan, et au centre de ce tendre conte d’animation. Un vert paradis, caché derrière une plage dorée et d’austères falaises, où se rencontrent deux attachants « Robinson ».
Michael, 11 ans, est tombé du bateau familial en pleine tempête et en plein tour du monde avec ses parents et sa grande sœur. Il voulait sauver sa chienne, Stella, et les voilà tous les deux engloutis, puis recrachés par la mer sur un rivage inconnu. Mais pas si hostile. C’est là que vit, en effet, le bienveillant Kensuké, depuis… la Seconde Guerre mondiale. Ce vieux Japonais, droit et sec comme un bambou, s’impose d’emblée comme un personnage infiniment touchant. Installé dans une ingénieuse cabane, le doux ermite veille sur la forêt et sa faune foisonnante, en particulier une petite famille d’orang-outangs, plus vrais et craquants que tout le bestiaire de Disney réuni. Surtout, cet exilé perpétuel ne cesse de peindre, avec les moyens du bord, les visages de sa famille perdue…
Un flash-back à l’aquarelle, constrastant avec les couleurs généreuses et riches du centre de l’île, retrace ainsi la destruction de Nagasaki, effaçant toute vie – y compris celles de la femme et de la fille de Kensuké – d’un trait d’eau. La beauté poignante et pudique de cette scène de perte, alliée à la gracieuse fluidité du dessin et à la ferveur contemplative de l’amitié entre le vieil homme et l’enfant font de cette ode à la nature et à la tendresse (humaine ou non) la plus belle histoire de naufragés depuis la tortue rouge, de Michael Dudok de Wit (2016). Un îlot de poésie, tout sauf désert.
TÉLÉRAMA • Par Cécile MURY • Publié le 07 février 2024.
