Résumé
Nicolas Philibert se rend en Amérique après avoir tué un aristocrate français. À son retour, il essaie de divorcer de sa femme, Charlotte, mais lorsqu'il aperçoit d'autres essayant de la courtiser, ses sentiments sont alors ravivés.
C'est un bordel ! Un casting qui sauve le film qui a du être malheureusement malmené durant Le tournage et la production.
Bof bof
Comédie • (1h38) • 1971 • France • Réalisé par Jean-Paul Rappeneau • avec Jean-Paul Belmondo, Marlène Jobert, Sami Frey, Antonelli Laura. A Nantes, en 1787, Nicolas Philibert épouse Charlotte Gosselin, puis tue en duel un aristocrate trop galant. Il s'enfuit en Amérique, seul. En Caroline du Sud, il fait fortune dans le commerce des épices et s'éprend d'une riche héritière qu'il ne peut, hélas, épouser. Il décide donc de retourner sur le Vieux Continent, où le divorce a été légalisé par la Révolution. En pleine guerre civile, il retrouve Charlotte, qui a choisi le camp des royalistes. Aimée par un marquis et courtisée par un prince, Charlotte jubile. Les événements se précipitent. Nicolas, que les soubresauts politiques laissent indifférent, poursuit Charlotte à travers batailles et complots, dans l'espoir de l'amener devant le notaire... ▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️ Jean-Paul Rappeneau a le goût des époques historiques. Son premier film, la Vie de château, se déroulait au mois de juin 1944. C'était une comédie sentimentale sur fond de résistance. Le succès de la Vie de château aurait pu permettre à Rappeneau de faire rapidement carrière. Mais il avait une idée en tête et il y tenait. Il voulait, dans son nouveau film, évoquer la Révolution française. Les révolutions coûtant cher (même au cinéma), il dut attendre quatre ans avant d'entreprendre les Mariés de l'an II, vaudeville de cape et d'épée, marivaudage picaresque, à la gloire de l'amour conjugal et de la 1re République. Nous sommes donc à Nantes et dans les environs, au cours de l'année 1793. Tandis qu'un féroce représentant du peuple guillotine et noie les " aristos ", les Chouans s'organisent pour prendre d'assaut la ville. C'est dans cette atmosphère fiévreuse que débarque un jeune aventurier français venu d'Amérique. Parfaitement indifférent à la politique, il n'a de cesse de retrouver sa femme et d'obtenir le divorce, afin de pouvoir se remarier outre-Atlantique... L'homme propose, le cœur et les révolutions disposent... Après avoir échappé de justesse aux prisons révolutionnaires, notre héros se met à dos les royalistes, dans le camp desquels son épouse est justement en train de courir le guilledou. Leurs retrouvailles s'accompagnent, d'autre part, d'embrassades, de querelles, de sautes d'humeur (et de sautes de vent), qui ne cessent d'embrouiller la situation jusqu'à la conclusion inattendue et amusante du récit. Jean-Paul Rappeneau connaît ses auteurs. Il rend hommage, chemin faisant, à René Clair et à Jean Renoir. Mais c'est surtout à lui-même qu'il reste fidèle, et l'on retrouve dans les Mariés de l'an II la gouaille, l'ironie, la gentille bouffonnerie qui faisaient déjà le charme de la Vie de château. Simplement le réalisateur a changé de vitesse, et ce qui était dans son premier film tendres embuscades et surprises feutrées devient ici folles poursuites, bagarres endiablées et rebondissements rocambolesques. Les Mariés de l'an II, on le devine, est un film de pure récréation et, bien que les deux principaux personnages se découvrent en fin de compte une fibre républicaine (qui deviendra d'ailleurs, plus tard, bonapartiste), je ne crois pas qu'il faille prendre trop au sérieux cette évolution idéologique. Rappeneau n'a cherché qu'à nous divertir. Il l'a fait plus en aristocrate qu'en sans-culotte de la mise en scène. Tout est minutie et raffinement dans cette production luxueuse. La photographie de Claude Renoir et les costumes dessinés par Marcel Escoffier contribuent à la qualité du spectacle. Et les dialogues de Daniel Boulanger reflètent parfaitement les intentions humoristiques du réalisateur. Les interprètes incarnent avec fougue des personnages qui appartiennent déjà à l'imaginerie d'Epinal : Jean-Paul Belmondo se bat comme un futur maréchal d'Empire ; par sa malice et son franc-parler, Marlène Jobert pourrait être une sœur de Madame Sans Gêne ; talon rouge et crinière noire, Sami Frey est un jeune marquis superbement romantique, auquel nous pardonnons ses penchants incestueux pour la très belle Laura Antonelli ; Michel Auclair, enfin, a toute la distinction d'un prince d'ancien régime. L'évasion, l'aventure, l'insouciance : derrière ces Mariés de l'an II, ce n'est pas l'ombre des " grands ancêtres " qui apparaît, mais le fantôme léger de Fanfan-la-Tulipe. Les amateurs d'austérité auront raison de se méfier. Mais les nostalgiques d'un cinéma " sans problème " devraient s'amuser de bon cœur. LE MONDE • Jean de Baroncelli • Le 10 avril 1971.
Chef d’œuvre absolu !