Résumé
Dans les années 50, une femme mariée du Connecticut fait face à une crise maritale et à la montée des tensions raciales dans le monde extérieur.
Cathy tombe amoureuse du voisin jardinier noir ce qui provoque un scandale dans le voisinnage alors que son mari la trompe avec un autre homme
Enregistré sur Arte. Intéressant mais un peu mou.
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Le Monde Le Monde Le Monde Le 11 mars 2003 à 12h23, modifié le 11 mars 2003 à 12h23 Lecture 4 min Article réservé aux abonnés Offrir À l'évidence, nous sommes loin du paradis. Nous le comprenons avant Cathy Whitaker (Julianne Moore) elle-même. Cathy a tout de l'épouse radieuse. Sa maison, ses tenues, ses réceptions suscitent l'admiration des voisins et même l'intérêt du magazine local. Son jardin luxuriant évoque l'eden biblique. Or, pour qui est familier des mélodrames de Nicholas Ray, Max Ophuls ou Douglas Sirk, la matière utilisée ici est immédiatement reconnaissable : couleurs bien agencées, travellings soignés, lumière stylisée. Il n'en faut pas plus pour comprendre que les apparences seront trompeuses et les sourires de façade. Que la vie n'offre ici que son mirage. "Il n'y a guère que le sadisme qui donne un fondement, dans la vie, à l'esthétique du mélodrame", écrivait Proust. Dans un film qui a du mélodrame la joliesse appliquée, les personnages tiraillés, les péripéties spectaculaires, il convient donc que quelqu'un souffre. Et Cathy va souffrir. Pour un péché originel qui restera mystérieux, le couple est chassé du paradis. Il lui suffit d'un instant pour se défaire. L'harmonie conjugale rompt lorsque Cathy découvre par hasard une liaison homosexuelle à Frank (Dennis Quaid), son mari. Puis elle aime à nouveau, mais d'une passion interdite. Car le seul homme qui la comprenne est son jardinier et il est noir. La beauté sensuelle du fameux jardin pèse douloureusement sur le film comme une promesse de bonheur qui ne sera pas tenue. Cathy le sait bien, qui ne s'abandonnera qu'à l'ombre des grands arbres à ses larmes trop longtemps réprimées. Chassée de l'eden où elle était si protégée, elle se retrouve en terrain inconnu. Et elle n'est pas la seule. En effet, si Todd Haynes reprend avec virtuosité le langage, le style des maîtres du mélodrame, il ne s'en aventure pas moins sur un territoire inexploré. Certes, Tout ce que le ciel permet, de Douglas Sirk, fournit une structure à son improvisation. Le cinéphile reconnaîtra ainsi le plan inaugural, le motif de l'amour interdit pour un jardinier, la peinture d'une société étriquée, envieuse, rongée par les conventions. Les thèmes qui viennent s'ajouter à cette trame initiale - l'homosexualité et le racisme - sont ici abordés avec une franchise que seule notre époque autorise. Mais loin des années 1950, Todd Haynes est lui aussi loin d'un paradis. Celui où Douglas Sirk pouvait laisser les sentiments les plus intenses consumer la pellicule et embraser les personnages, celui où l'on pouvait croire à la puissance de la passion sans craindre le regard ironique du spectateur. L'ironie était le domaine réservé du cinéaste. Chez Sirk en effet, le titre lui-même était à double sens : "Pour moi, le ciel a toujours été radin", confie-t-il dans un livre d'entretiens. La démarche de Haynes est comparable à celle du maître, mais pas identique. Puisque le public contemporain ne goûte rien tant que l'autodérision, il choisit la naïveté comme forme de subversion. C'est ce qui fait de son film un acte esthétique fort et accompli. Désireux de retravailler un genre défini, le cinéaste n'aborde pas le mélodrame par la parodie, n'instaure pas de complicité entendue avec un public de connaisseurs, mais tente au contraire de remonter à la source. Il revient donc à cette histoire éternelle, celle de la destruction implacable d'une héroïne, comme si elle était racontée pour la première fois. En apparence bien sûr, Loin du paradis est un pastiche. Il ne s'agit pourtant pas d'un avatar moderne du mélodrame, mais d'un retour à sa genèse. Cette intuition décisive du réalisateur révèle, bien plus que Safe et Velvet Goldmine, ses précédents films, un réel talent doublé d'un grand courage artistique. Le pacte ne va pas de soi et pourtant le film va de l'avant, sans reculer devant les scènes de déchirement qu'impose son intrigue. SCIENCE DU DÉSESPOIR HUMAIN De cet acte de foi dans le cinéma naît une émotion d'une grande pureté. Tout ici est à l'image de la déclaration d'amour centrale, la seule que fera Cathy à Raymond (Dennis Haysbert) -"Vous êtes si beau !" - avant de renoncer à lui. L'essence du sentiment, l'émerveillement qu'il inspire prennent possession du film, grâce à l'empathie qu'il sait créer pour son actrice. Todd Haynes s'en remet - et il a mille fois raison - à la grâce incandescente de Julianne Moore, à sa science étonnante du désespoir humain, à sa voix posée qui sait se briser et à son visage noyé de larmes. Le réalisateur partage au fond le sadisme de la société qu'il dépeint ; le désir d'une même image ultime les anime en tout cas. Il faut mettre à nu le visage de cette femme, le déparer de son sourire d'automate, révéler la douleur que cache sa beauté. Lorsque le film parvient à cet instant décisif, il cesse d'osciller entre grandeur et décadence ; sa naïveté délibérée apparaît enfin comme un choix inévitable qui se passe de justifications ; le bouleversement l'emporte sur le sourire moqueur. Loin du paradis ne transporte pas comme les passions irrépressibles de Sirk ; il ne précipite pas dans les tourbillons romantiques d'Ophuls ; il ne plonge pas dans les gouffres mystérieux de Ray. Comment le pourrait-il, puisque nous, le public, avons cessé d'y croire ? Mais il se lance à la poursuite de leur secret magnifique, avec la promesse que nous retrouverons, un jour, un peu de l'innocence perdue. Florence Colombani Film américain de Todd Haynes. Avec Julianne Moore, Dennis Quaid, Dennis Haysbert, Patricia Clarkson, Violla Davis. (1 h 47.)
Noté 8/10 par Marine Divine Caquot "Amour homosexuel ou interracial, Todd Haynes n’y va pas de main morte pour faire des accrocs à l’american dream des Whitaker. En revisitant l’Amérique et le cinéma d’hier, il met les splendeurs du Technicolor au service d’un discours très critique sur la violence du conformisme. Un film aussi stylé qu’engagé"
Amour homosexuel ou interracial, Todd Haynes n’y va pas de main morte pour faire des accrocs à l’american dream des Whitaker. En revisitant l’Amérique et le cinéma d’hier, il met les splendeurs du Technicolor au service d’un discours très critique sur la violence du conformisme. Un film aussi stylé qu’engagé
J’ai adoré … plus que Carol ! Le jeu de l’actrice est génial et l’histoire touche plus de points que celle de Carol … qui est plus dans la contemplation