Un film de Nicolas Keitel
Il est surprenant, à la vision de "Louise", du nouveau prénom de Marion, une fois en fuite, de découvrir qu'il s'agit là d'un premier film. Car le scénario comme la mise en scène, font preuve d'un rare tact, mêlé à un sens du suspense et de l'empathie, que l'on doit à son réalisateur-auteur, Nicolas Keitel. Sombre et brûlant, le métrage nous positionne aux côté de Marion, devenue Louise, journaliste, prenant le prétexte d'un article sur Jeanne B, chanteuse en début de carrière, qu'elle a retrouvée sur internet et qu'elle fait semblant de rencontrer par hasard dans un bar bruxellois où elle se produit, pour renouer avec celle qui était autrefois sa petite sœur. Porté par l'encore trop rare Diane Rouxel ("Les Garçons sauvages", "La Terre des hommes"), le personnage charrie une émotion à fleur de peau, que la moindre réaction risque de trahir.
On tressaille ainsi avec elle, dans sa relation faussement retrouvée avec sa sœur, interprétée par la bouleversante Salomé Dewaels ("Nino", "Illusions Perdues"), entre caractère enjoué et blessures profondes, comme dans ses premiers contacts avec sa mère, jouée avec ce qu'il faut de retenue par Cécile De France. Mâchoires serrées, sourire absent, Diane Rouxel mène l'enquête entre enjeux universels liés à l'emprise (offrant un beau monologue à Cécile De France) et questionnements plus intimes. Un film intelligemment positionné du côté des victimes collatérales, des violences conjugales comme des séparations difficiles, les enfants, qui gardent pour certains des séquelles et des questions irrésolues toute leur vie. Offrant une certain voie de guérison, "Louise" touche au plus profond, par son scénario comme son impeccable casting.