Résumé
Le Hollywood des années 1930 est revisité à travers le regard de Herman J. Mankiewicz, critique social cinglant et scénariste alcoolique, tandis qu'il s'efforce de terminer au plus vite l'écriture de Citizen Kane pour Orson Welles.
🎬 Les coulisses d'Hollywood sublimés par la caméra de David Fincher, belle lumière, beaux décors, belle photo, beau noir et blanc. Immense performance de Gary Oldman et Amanda Seyfried. Le film suit Herman Mankiewicz dans ses errements, entre alcoolisme et éclairs de génie, entre vanité et vive intelligence, qui tente de terminer le script de Citizen Kane d'Orson Welles. David Fincher a fait le choix de tourner le film entièrement en noir et blanc à la manière des films d'autrefois. Très bonne surprise inattendue de Netflix pour ce long métrage. 🎬 🎬 🎬
7.5
Biographie • de David Fincher • 2020 • 2h11 • Gary Oldman, Lily Collins, Tuppence Middleton, Amanda Seyfried. Herman Mankiewicz, dit « Mank », fut confiné pendant quelques semaines, en 1940, dans un pavillon isolé en plein désert californien. Non seulement sa jambe plâtrée et ses fractures causées par un accident récent l’empêchaient de se lever, mais il était payé pour écrire tout un film depuis son lit. Scénariste reconnu (pour les Marx Brothers, entre autres), mais dont la personnalité gauchisante et sarcastique et, plus encore, l’alcoolisme entravaient la carrière, l’homme de 43 ans, déjà usé, était, cette fois, aiguillonné par un jeunot. Un certain Orson Welles, venu de New York, déjà entouré d’une réputation de génie, à 24 ans, donnait carte blanche au scénariste pour son premier long métrage, le futur Citizen Kane… Un voyage immobile commençait dans les souvenirs personnels, souvent cuisants, de Mankiewicz, au sein du tout-Hollywood des années 1930, matière première de son écriture. Attention, le onzième film de l’Américain David Fincher exige une attention spéciale de ses spectateurs. Car le récit s’appuie sur une quantité impressionnante de faits historiques et de personnages réels que chacun n’a pas forcément à l’esprit, et que le réalisateur ne présente guère en pédagogue, plutôt à la volée. Jusqu’ici, de Seven à Gone Girl, en passant par Benjamin Button et The Social Network, le cinéma de Fincher, c’était souvent, déjà, l’enfermement : dans une obsession, un corps, un lieu clos, une solitude, un déshonneur. Et c’était aussi le brio de la mise en scène, mais selon une certaine limpidité — même dans les deux saisons de la série policière torturée et mentale Mindhunter, pilotée par le cinéaste. Il en va autrement de ce film-ci, né d’un script légué à Fincher par son père (journaliste et écrivain, mort en 2003) et dont on se propose ici de récapituler quelques clés. Mank s’adosse donc à un monument du cinéma, Citizen Kane (1941), longtemps considéré comme le meilleur film de tous les temps. Révolutionnaire par sa narration éclatée entre divers points de vue, il racontait la vie, présentée comme un échec sans appel, d’un richissime homme d’affaires et patron de presse, insaisissable mélange d’opportunisme, de populisme et de rapacité. Le modèle officieux en était le milliardaire William Randolph Hearst, célébrité nationale, notamment pour son portefeuille de journaux et de magazines. Par son implication financière dans la Metro Goldwyn Mayer, grand studio un temps employeur de Mankiewicz, il exerçait aussi une influence redoutable à Hollywood, où il chercha à empêcher le tournage, puis la sortie du film de Welles. Comme Hearst le savait, tout ou presque, dans Citizen Kane, avait été observé directement par le scénariste au fil des réceptions au château du magnat. En particulier le couple formé par le vieux Hearst avec la jeune actrice Marion Davies, aspirante star, issue d’un milieu pauvre. Mank, qui avance au rythme de réminiscences, incarne donc un beau paradoxe : une version réaliste de Citizen Kane, avec les vrais noms, les vraies personnes, mais forcément romancée elle aussi. Le contexte en est plein de méandres : la Californie subit les conséquences de la Grande Dépression, la pauvreté et le chômage affectent même le monde du cinéma. De fortes tensions politiques agitent Hollywood, dont les puissants, et d’abord Hearst, via la MGM, instrumentalisent les images pour stopper l’ascension d’un candidat socialiste aux élections locales. Autant Citizen Kane, coup de maître d’un cinéaste débutant, brillait d’un nihilisme radical, juvénile, presque immature, renvoyant toute possession, toute conquête, tout pouvoir à leur vanité, autant le film de David Fincher joue sur la nuance. La férocité du monde, le mercantilisme de Hollywood, l’arrivisme de la plupart des personnages (Orson Welles compris) y sont traités avec une certaine indulgence amusée, un fatalisme dénué de misanthropie. À Herman Mankiewicz, l’acteur anglais Gary Oldman, remarquable, prête un humour noir, une bonhomie, sinon une bonté. Mais on entrevoit aussi les ambiguïtés de cet homme autodestructeur, très à son aise parmi les nantis qu’il s’apprête à fustiger dans son scénario. « Mank » est le grand frère du mythique cinéaste Joseph Mankiewicz, qui n’a pas encore réalisé de film à l’époque et qui apparaît comme un bel ambitieux, désolé de voir son aîné défier William Randolph Hearst et risquer une mise au ban définitive. Mais pour le scénariste alcoolique, traînant un sentiment d’échec et d’inutilité, Citizen Kane laisse entrevoir, enfin, une rédemption artistique, et la chance de laisser une trace honorable… Avec Mank, David Fincher rejoint un club de cinéastes majeurs dont l’art semblait auparavant indissociable du grand écran et qui s’en remettent à la plateforme Netflix pour la production et la diffusion d’un long métrage au moins. Comme Alfonso Cuarón (Roma, en 2018) et Martin Scorsese (The Irishman, en 2019), il se saisit de l’occasion pour signer une œuvre qui aurait eu des difficultés à exister autrement — longue, dense, complexe. Voilà donc un troc ritualisé : à Netflix, le prestige de ces grands réalisateurs ; à eux, la possibilité de monter leur projet le plus risqué. Comme ses deux prédécesseurs, Fincher opère aussi un saisissant voyage dans le passé, un retour aux origines. Scorsese cherchait à redonner sa jeunesse à Robert De Niro, son acteur fétiche, par les effets spéciaux. Cuarón racontait son enfance au Mexique. En noir et blanc (comme Roma), Mank fait revivre un Hollywood disparu et concrétise le rêve d’un père défunt. La nostalgie imprègne donc tous ces films de l’ère numérique. Et dans le cas de Mank, il est piquant de constater que cette nostalgie ressuscite un âge du cinéma exclusivement dédié aux salles obscures. TÉLÉRAMA • Par Louis Guichard • Publié le 04 décembre 2020.
L’histoire de Joseph Mankievicz, le scénariste notamment d’Orson Wells sur Citizen Kane. Scénario très compliqué avec des références sur les années trente, Hollywood et le film qu’il faut avoir et que je n’ai pas. Un noir et blanc qui est plutôt sombre et qui occulte beaucoup de détails, peut être était-ce correct sur grand écran. Bref, pas top.