
2024
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Animation / Drame
•
1h34
Résumé
La vie de Grace Pudel, petite fille solitaire, collectionneuse d’escargots et passionnée de lecture, a volé en éclats le jour de la mort de son père. Dans une famille d’accueil indifférente, séparée de son frère jumeau dont elle attend désespérément les lettres, malmenée par ses camarades, elle s’enfonce dans le désespoir...
Adam Elliot • 2025 • 1h34 • Australie Après la mort brutale de son père, l'existence innocente et heureuse de Grace Pudel, une collectionneuse d'escargots et passionnée de lecture, vole soudain en éclats. Arrachée à son frère jumeau Gilbert, elle atterrit dans une famille d'accueil qui vit à l'autre bout de l'Australie. Suspendue aux lettres de son frère, ignorée par ses tuteurs et harcelée par ses camarades de classe, Grace s'enfonce dans le désespoir. Sa rencontre avec Pinky, une octogénaire excentrique, va tout changer. A ses côtés, Grace retrouve goût à la vie, réapprend à aimer et sort peu à peu de sa coquille… 🐌🐌🐌🐌🐌🐌🐌🐌🐌🐌🐌🐌🐌🐌🐌🐌🐌 Même parmi le vaste et excentrique peuple des marionnettes d’animation, la dénommée Grace Pudel est un cas à part. Un concentré d’humanité en pâte à modeler, la plus poignante et la plus douce des héroïnes marginales, bien au-delà du royaume de la stop motion (technique d’animation image par image) auquel elle appartient. Grace ne ressemble à personne d’autre, et certainement pas à son délicat prénom : les yeux tombants, cernés de suie, comme de grosses gouttes de pluie sale. Un bec-de-lièvre mal rafistolé à la naissance, un teint blafard, une silhouette trapue, perpétuellement accablée, ou gênée, ou les deux à la fois. Une tignasse terne, cachée par un éternel bonnet tricoté, sur lequel s’étirent, tels deux périscopes fragiles et timides, de drôles d’antennes en hommage à ses bestioles préférées, choyées, adorées, ses (presque) seuls amis dans ce monde impitoyable : les escargots. Histoire, donc, d’une fille dans sa coquille. Sa vie déracinée et malmenée, elle entreprend dès la première séquence de la raconter à Sylvia, l’un des éminents spécimens de son fidèle élevage de gastéropodes, et l’unique interlocutrice à l’horizon. Non, Grace n’a pas toujours été seule comme un caillou. La voilà qui tente de reconstituer ses jours heureux (et néanmoins bizarres), quelque part en Australie, bien au chaud entre son frère jumeau, Gilbert (« Holden Caulfield, Charlie Brown et James Dean dans le même garçon »), et un père français, tétraplégique, alcoolo, ancien artiste de rue, et réalisateur… de films en stop motion. « L’enfance, c’est comme l’ivresse, remarque-t-elle de cette voix rêveuse, un brin résignée, qui nous accompagne au long du film. Tout le monde se souvient de ce que vous avez fait, sauf vous. » 🐌Une infinie tendresse pour les oubliés de l’existence Cette mémoire, pourtant, est saturée de détails, presque grouillante. Elle compte des murs couverts de décorations insolites et de bave d’escargot, les attractions grinçantes d’une vieille fête foraine, tout un bric-à-brac surchargé, foisonnant, poétique, où l’humour et la fantaisie fusionnent avec une mélancolie poisseuse, une esthétique de la dépression. Couleurs sourdes et maladives, bricolages inventifs et bancals, accumulation pathologique : on retrouve la vision caractéristique du cinéaste australien Adam Elliot, son infinie et cruelle tendresse pour tous les oubliés de l’existence, les invisibles, les infréquentables. Voir, entre autres exemples, cet ancien juge déchu, devenu sans-abri parce qu’il se masturbait en plein tribunal… C’est pourtant lui qui offre à Grace son premier escargot. Comme dans l’extraordinaire Harry et Max, son précédent long métrage, en 2009, le cinéaste réserve les pires épreuves à ses précieux paumés. Déjà orphelins de mère (elle est morte en couches), Grace et Gilbert perdent soudain leur père et sont placés en famille d’accueil à des milliers de kilomètres l’un de l’autre. Elle, chez un improbable couple d’échangistes accros à la méthode Coué et au développement personnel. Lui, dans une exploitation de pommes tenue par des fous de Dieu, qui confondent éducation et élevage sectaire. Leur correspondance – qui fait étrangement écho à celle de Mary et Max – est le fil rouge du récit, la ligne d’espoir ténue traversant tout le film. Et la vie de Grace continue, du moins elle se traîne, en équilibre fragile au-dessus d’un abîme de solitude, à l’exception de quelques rares rencontres plus ou moins gratifiantes. Ici encore se déploie le talent de l’auteur pour « modeler » des personnages hyper expressifs, à la fois cocasses, pathétiques et étrangement justes. Ainsi cet amant inattendu, prince charmant moustachu, fétichiste et adepte du kinsugi, art japonais de la réparation des objets. Ou encore l’unique copine humaine, Pinky (« Petit-Doigt »), vieille dame indigne aux immenses lunettes rouges – seule touche de couleur vive dans un camaïeu de spleen terreux. Les souvenirs héroïques de cette dernière, dont une partie de ping-pong avec Fidel Castro et une carrière de danseuse exotique à Barcelone, se diluent peu à peu dans les limbes de la maladie d’Alzheimer… Cristal du meilleur long métrage au dernier festival d’Annecy, ce film d’animation, on l’aura compris, ne s’adresse pas aux jeunes enfants. La métaphore filée de la coquille d’escargot est limpide : friable mais fiable protection contre la violence du monde, maison sur le dos évoquant la tentation du repli sur soi, mais symbole, aussi, d’autonomie chèrement gagnée et de résilience. Sur une musique doucement élégiaque de la compositrice Elena Kats-Chernin, se déploie un conte à la fois très réaliste et un peu hors du temps, rempli d’ogres miteux, d’enfants perdus et de princesses déglinguées. C’est une affaire de deuil, d’isolement et d’indicible chagrin – parfois, « les larmes ne coulent pas, elles ont trop peur », dit joliment Grace –, mais aussi de puissance imaginaire et d’espoir. Le cinéaste est peut-être aussi lent qu’un colimaçon pour nous offrir ses chefs-d’œuvre (seulement deux films en quinze ans !), il n’en est pas moins fulgurant dans sa capacité à nous émouvoir et à rester, comme peu d’autres, dans nos « mémoires d’escargots ». TÉLÉRAMA • Par Cécile FLEURY • Publié le 14 janvier 2025.
trop mimi dans le message et en même temps gore sur certains trucs
Je trouve logique que le personnage se visualise en escargot. Comme ce serait plus simple, de juste rentrer ou sortir de sa coquille. Quand on est humain, on a pas trop le choix : aussi prisonnier de son corps, piégé dans un trop plein ou dans un mal-être, qu'exposé par lui à la vue de tous, jugé au premier coup d'œil, perpétuellement visible de l'extérieur. Pour sortir de sa coquille, il faut d'abord en avoir une.
Pincky (le personnage qu’elle rencontre qui lui donne de l’espoir) : « La vie ne peut être comprise qu’en regardant en arrière, mais elle doit être vécue en avançant. » Enchaînements de malheurs d’un escargot (ou opossum) qui peine à se frayer un chemin parmi toutes ces mauvaises expériences. Il rencontre plusieurs personnages dont certains sont porteurs d’espoirs mais à chaque fois c’est de nouveau un malheur qui arrive. Étonnement ça finit sur un happy end. Émotions très bien transmises malgré que ce soient des personnages en pâte à modelé. Beaucoup de pathos mais l’aspect macabre et sombre du film permet de ne pas tomber dans des clichés de morales à deux balles.
Au MK2 Bibliothèque avec Alice
Super beau et archi original autant dans l'esthétique que dans le propos. Bien bien triste ''les escargots ne reviennent jamais sur leurs traces et vont toujours de l'avant''
Incredibly unique and creative. Quite dark, but very cool.
INCROYABLE
Superbe histoire mais très triste et très marron ;)