Résumé
Un tueur à gages découvre qu'il est devenu une cible après avoir refusé de terminer un travail pour une organisation criminelle dangereuse. Un remake du film belge de 2003 La mémoire d'un tueur.
Memory” : Peter Sarsgaard et Jessica Chastain, duo éblouissant dans ce mélo de Michel Franco Un homme qui perd la mémoire se lie à une femme blessée… Ce récit sous tension de l’imprévisible cinéaste mexicain est porté par un tandem d’acteurs bouleversants de justesse. Connaissant l’oiseau, on reste toujours sur ses gardes devant un film de Michel Franco. En un instant, tout peut déraper : un frère et une sœur sont contraints à l’inceste (Daniel et Ana, 2010), une mère indigne embrasse l’amoureux de sa cadette (Les Filles d’Avril, 2017), une noce vire au massacre (Nouvel Ordre, 2020)… Memory semble d’abord ne pas devoir faire exception, qui réunit deux êtres en souffrance, susceptibles de s’abîmer davantage encore, et ménage une tension contrôlée à la perfection. Pourtant, cette fois, le cinéaste mexicain surprend en cheminant vers la douceur, l’espoir, et signe un splendide mélo sec, c’est-à-dire à l’os et sans pathos. Sundown, son précédent long métrage (2022), voyait le personnage de Tim Roth débloquer au soleil d’Acapulco, condamné par une tumeur au cerveau. Ici, c’est une démence précoce qui prive Saul (Peter Sarsgaard) de pans entiers de sa mémoire et l’égare parfois dans l’hiver gris de Brooklyn. Un soir, lors d’une réunion d’anciens du lycée, il s’approche d’une femme assise à l’écart des fêtards, qui le fuit illico. Il la suit, dans la rue, dans le métro, jusqu’en bas de chez elle, et puis il reste, il attend, sous la pluie, présence muette inexplicable, glaçante et bientôt frigorifiée, tandis que Sylvia (Jessica Chastain) se barricade derrière d’innombrables verrous et branche l’alarme d’un appartement modeste où il n’y a, apparemment, rien à voler. Du cinéma intranquille D’elle, à ce moment-là, on sait peu de choses : ancienne alcoolique, elle élève seule sa fille adolescente, emprunte de l’argent à une sœur aimante et, quand son frigo tombe en panne, préfère que le réparateur soit une réparatrice. Entre petites touches précises et scènes décisives écrites à l’économie – Sylvia et Saul parlent sur un banc, en plan fixe, et nous voilà soudain saisi, suspendu à leurs lèvres –, Michel Franco se risque de nouveau à une histoire terrible sans tomber dans l’écueil du film « à sujet ». Chez lui, on commence toujours par sentir, et redouter aussi, avant de savoir. Non pas qu’il s’amuse à semer des indices façon puzzle (Memory n’a en l’occurrence rien de ludique), plutôt qu’il excelle à libérer le récit des conventions explicatives. Il n’y a pas de déjà vu dans ce cinéma intranquille, palpitant, où chaque instant passé avec Sylvia et Saul débouche sur l’inconnu, aiguise l’attention et donne envie de prier le dieu du scénario : « S’il vous plaît, faites que rien d’atroce ne leur arrive ! » Car c’est un tandem auquel on veut du bien. Lui, avec sa mémoire trouée et son éternel sourire d’homme désarmé. Elle, écrasée par ses souvenirs et son armure à l’épreuve des sentiments. Devenue sa garde-malade, Sylvia se méfie de la gentillesse de Saul, de ses émotions à fleur de peau, de son innocence suspecte. Qu’est-ce que c’est que ce type qui pleure sans se cacher ? Qui regarde des films juste pour lui faire plaisir ? On tremble de concert à l’idée d’une ruse. D’un loup déguisé en agneau. Un geste tendre devant la télé, une hésitation nocturne au moment d’ouvrir la porte d’une chambre… et la mise en scène remet une pièce dans la machine à suspense. Ce n’est pourtant pas un thriller mais bien une romance garantie sans cynisme, bercée par un tube qui n’a jamais été plus beau – A Whiter Shade of Pale, de Procol Harum, 1967 –, et portée par deux acteurs éblouissants. Si Peter Sarsgaard, le cachemire fait homme, n’a pas volé son prix d’interprétation à la dernière Mostra de Venise, Jessica Chastain en méritait la moitié. Qu’est-il arrivé à Michel Franco ? Le jeune prodige mexicain (à peine 44 ans, déjà huit longs métrages et une carrière américaine), que ses premiers films ont placé dans la descendance directe de Michael Haneke – son deuxième long, primé à Cannes, Después de Lucía, mettait en scène jusqu’à la nausée les sévices subis par une lycéenne harcelée –, semble depuis quelque temps avoir cédé quelque chose à la tendresse. Dans Sundown (2022), son film de plage sous Xanax avec Tim Roth en endeuillé devenu indifférent à absolument tout, on sentait la raideur de son approche clinique, souvent cruelle, fléchir sous le souffle d’une langueur qui nous amollissait le cœur presque jusqu’aux larmes. Avec Memory, Michel Franco franchit un nouveau cap et signe un vrai mélo, se servant de ses talents de metteur en scène rigoriste pour contrer la mièvrerie potentielle de son scénario. Equilibre parfait ? Présenté au dernier festival de Venise, où Peter Sarsgaard a remporté le prix d’interprétation (mérité, certes), Memory est avant tout un Jessica Chastain movie. La comédienne est de strictement tous les plans et la réussite du film est inséparable de cette présence assez rare et dont les qualités de jeu, subtiles, sont difficiles à circonscrire. Ici, Chastain sera tour à tour extrêmement fatiguée et ultra-résiliente, fermée et soudain d’une vulnérabilité d’enfant, vieille et jeune, sombre, rousse jusqu’aux cils, parfaitement attachante tout en préservant de bout en bout son épais mystère. Elle est Sylvia, femme entre deux âges, raccrochée à la vie par quelques fils épars : sa fille, ses réunions aux Alcooliques anonymes et son boulot dans un centre pour jeunes handicapés. A la fois totalement dévouée à cette routine et complètement à l’ouest, Sylvia survit dans un état proche de la congélation, espérant tout au plus que rien de violent ne lui arrive. Ainsi, le film commence par insister sur le régime de claustration sous lequel elle se place ainsi que sa fille : le seuil de son appartement modeste d’un quartier excentré de New York est une véritable barricade électronique, et les hommes n’y sont pas les bienvenus – lorsque son frigo se casse, elle demande une réparatrice, et lorsque c’est un réparateur qui franchit la porte, la panique entre avec. Le trauma que l’on devine ne tarde pas à s’incarner dans un homme pour le moins flippant, qui, après une lugubre réunion d’anciens camarades de lycée, se met à la suivre jusque chez elle et passe même la nuit sous ses fenêtres. Cette figure muette de stalker semble charrier toutes les peurs de Sylvia et revenir la hanter comme un spectre faisant signe vers le passé – au lycée, Sylvia fut victime de viols par plusieurs camarades. C’est ce qu’elle croit, c’est ce que nous redoutons, et c’est ce qui n’arrivera pas. Car Michel Franco, se court-circuitant lui-même, ne s’engage pas dans la voie du film de vengeance qu’on soupçonnait et expédie en quelques scènes la violence qui jaillit sur Saul – l’homme est en fait malade, il souffre d’un début de démence qui lui brouille la mémoire immédiate. Le malaise dissipé, qu’est-ce qui réunit ces deux-là, mais aussi qu’est-ce qui tient encore le film ? Michel Franco prend un risque, en lâchant la corde rêche des scènes de malaise pour apprivoiser un autre ton : celui du film de réparation, choisissant pour son héroïne la méthode douce. Eclôt alors devant nos yeux, déjà mouillés lorsque Saul se fait mettre la misère par Sylvia (qui s’est donc d’abord trompée sur son compte) et qu’elle hésite à le laisser se perdre dans un parc avant de venir le secourir, un beau film d’amour qui va au plus simple. Si le bonheur n’a pas d’histoire, les chemins pour y arriver en sont pleins. Surtout quand, d’un côté, Sylvia doit accepter de décadenasser son cœur et, de l’autre, Saul se sortir le pied de la tombe pour vivre une ultime romance avant le noir total. Ici encore, l’idée d’un amour plombé par la maladie est détournée au profit d’un ton plus léger qui fait des trous de mémoire de Saul des occasions de construire leur complicité : que Saul ne se souvienne plus qu’il est un habitué du resto où il emmène Sylvia, où qu’il ne suive rien au film qu’ils regardent, les deux tourtereaux trouvent dans la perte de la mémoire un apaisement imprévu, une sorte de page blanche où s’épanouir en paix. Histoire d’un amour naissant sur le sol mouvant d’une fragilité généralisée, Memory est filmé avec une précision et une distance qui l’empêchent de virer guimauve ; le premier geste de Saul vers Sylvia, le premier baiser, la première étreinte… chaque mouvement est capté dans la longueur, avec un sens aigu du cut et une gestion du hors-champ qui nous laisse à chaque fois pantelant. Il faut ajouter à ça une attention aux personnages qui s’étend jusqu’aux rôles secondaires, ces femmes et filles qui gravitent autour de Sylvia et de son traumatisme : sa sœur d’abord, qui ne sait comment l’aider et peut-être se faire pardonner son silence de l’époque, sa mère ensuite, pilier de déni qui ne cédera jamais, et surtout sa fille, magnifique personnage de préado toute prête à s’épanouir et qui œuvre en secret au bonheur de sa mère, comme Michel Franco à briser la mer gelée en nous. TitreMemory Genre Drame Réalisateur Franco Michel Sortie 2024 Durée 1h43 Scénario Franco Michel Origine Etats-Unis - Mexique SYNOPSIS Mère célibataire à la vie rangée, une jeune femme voit son existence bouleversée par ses soudaines retrouvailles avec un ancien élève de son lycée. CASTING Jessica Chastain Sylvia Peter Sarsgaard Saul Merritt Wever Olivia Elsie Fisher Sara
Noté 5/10 par Julien Delarue
Film action avec le prolifique Liam Neeson. Efficace et haletant.
Prime Video
Noté 8/10 par Féline Bell "Quand Alex, un assassin professionnel, refuse de terminer un travail pour une organisation criminelle dangereuse, il devient une cible. Des agents du FBI et des services de renseignement mexicains sont amenés à enquêter sur lui. Film de 2022"
Quand Alex, un assassin professionnel, refuse de terminer un travail pour une organisation criminelle dangereuse, il devient une cible. Des agents du FBI et des services de renseignement mexicains sont amenés à enquêter sur lui. Film de 2022