J’essaie de profiter, tant bien que mal, de mon abonnement UGC Illimité et il fallait absolument que je regarde ce film. J’étais scotchée, dès les premières images avec ce plan-séquence qui montre une famille, blanche et aisée, se faire agresser, la mère et la fille se faire violer par des soldats en tenues, sous les yeux impuissants du père et du frère. Des images insoutenables, y compris à mes yeux, parce qu’elles nous paraissent insensées. Nous sommes habitués à voir les populations africaines, arabes, asiatiques, latino-américaines, souffrir et subir nombres d’exactions. Elles s’inscrivent dans la « norme » que la société, et ses médias, nous montrent… La transition des cette scène vers celle, bien réelle, des violences commises sur les femmes congolaises, n’en est que plus puissante. Le film est d’une incroyable justesse, il ne tombe pas dans l’excès de violence graphique, mais raconte, avec beaucoup de réalisme, les véritables souffrances et atrocités qui opèrent au moment même où j’écris ces lignes. Le récit, poignant du début à la fin, ne s’excuse pas d’exister (c’est ce que je peux reprocher à plusieurs films qui veulent dénoncer un fait de société mais en édulcorant leur propos). Bien au contraire, il s’affirme et s’ancre dans un narratif que tous doivent connaître. La réalisation n’est pas transcendante, les acteurs sont bons mais pas magistraux, mais le film est d’utilité publique. Nous n’en ressortons pas indemnes. Et j’ai été frappée, à la fin de la séance, de voir les autres spectateurs, tantôt immobiles dans leur siège, en proie à une introspection profonde, tantôt en pleurs. Brillant.
PS : j’écris ça, il me semble, une éternité plus tard, alors que je suis prise par la frénésie du travail, de Ryem, des amies et des amours (Q), donc je n’ai plus tellement les yeux en face des trous. /5 décembre 2025/