« Je lève mon verre à nous. À notre dernier été insouciant d’adolescent décadent. »
À l’époque où les slashers se contentaient d’aligner des cadavres en mode check-list, Souviens-toi… l’été dernier tente une variation : les meurtres, rares au début, ne surgissent vraiment que dans le dernier tiers. Le reste du temps, le réalisateur s’efforce de donner un peu d’épaisseur à ses personnages – surtout féminins. Jennifer Love Hewitt et Sarah Michelle Gellar héritent ainsi d’arc narratifs un minimum consistants, tandis que leurs partenaires masculins se traînent dans des clichés : Ryan Phillippe en jeune rebelle, vite lassant et limité, et Freddie Prinze Jr en Ray, champion de l’action avortée. Ce garçon ne finit rien : pas ses enquêtes, pas les gens qu’il écrase, pas même ses tentatives de sauver sa copine (vérifier si le tueur est vraiment KO).
Pendant que les filles enquêtent, la tension dramatique va s’accumuler tout au long du récit, via les apparitions du Pêcheur. Les différentes fausses pistes s’enchainent jusqu’au terme du récit. Surtout, l’enquête dévoile progressivement une intrigue elle-même passablement horrifique. Elle se connecte avec ironie à la principale, avec une chute étonnante. Étonnante, car le scénario se complique inutilement pour accoucher d’un twist final qui tombe à plat. On a même l’impression que les acteurs eux-mêmes n’ont pas tout compris.
On regrettera aussi qu’une fois dépouillé de son costume, l’antagoniste se cantonne essentiellement à l’action et ne dégage pas grand-chose par lui-même.
D’autre part, les grandes lignes des Slaher Movies répondent à l’appel. Pour parvenir à son terme, l’intrigue suppose que les quatre protagonistes optent régulièrement pour un comportement aberrant. Ainsi ont-ils parfaitement compris que leur adversaire frappera le 4 Juillet, ce qui ne les empêche pas d’aborder la journée en ordre totalement dispersé, inévitablement. Le policier de service s’avère, bien entendu, à peu près nul et d’un scepticisme fatal et le Pêcheur est visiblement capable de rattraper un sprint olympique en marchant.
Heureusement, le film se rattrape par son ambiance : les panoramas maritimes de la Caroline du Nord offrent un cachet rare au genre, et donnent au récit une identité visuelle. Pas de quoi révolutionner le slasher, mais assez pour en faire une curiosité estivale qui sent bon l’iode, la sueur adolescente et le sang caillé.
Au final, plus de ciré que de frissons.
