Stavisky

1974

Belmondo surjoue. Pas bon.

Drame • (2h) • 1974 • France • Réalisé par Alain Resnais • avec Jean-Paul Belmondo, François Périer, Anny Duperey, Michael Lonsdale. En France, dans les années 30. Alexandre Stavisky, un conseiller financier, est à la tête d'une confortable fortune, et ses affaires marchent bien, lui permettant de mener une vie agréable. Ses démêlés avec la justice ne le troublent pas, car il bénéficie du soutien occulte du gouvernement... ▫️▫️▫️▫️▫️▫️▫️▫️▫️▫️▫️▫️▫️▫️▫️▫️▫️▪️ Pour cette évocation du plus grand scandale politico-financier de la IIIe République, Alain Resnais choisit une narration complexe et structurée par l’imaginaire. Tout le monde joue dans ce film, à commencer par Alexandre Stavisky dit Sacha, l’escroc mythomane (Belmondo, parfait bateleur en smoking) : « Pour comprendre Alex, il faut oublier les dossiers, il faut rêver de lui », explique son médecin, Michael Lonsdale. Nombre de ses proches donnent ainsi leur vison de Stavisky, face caméra, comme des ­témoins d’un procès. La plupart des scènes se déroulent sur des scènes de théâtre, réelles ou illusoires (le héros déclamant devant une salle de conseil d’administration vide, ou cabotinant dans le hall du Claridge). « La seule façon d’attirer l’argent, c’est de le montrer », ­explique Stavisky, et toute la mise en scène de Resnais ­repose sur la représentation, jusqu’aux décors luxueux, nimbés d’irréel. Ce grand film sur une société du spectacle victime d’un argent virtuel et tentée par le fascisme (avec, pour seul symbole du peuple, la silhouette d’un Trotski exilé) fut incompris à sa sortie et boudé par le public. Ce qui décida Belmondo à se tourner définitivement vers le cinéma commercial. TÉLÉRAMA • Critique par Guillemette Odicino • Publié le 06/09/2022.