Résumé
À Rome en 1978, l’homme politique Aldo Moro est enlevé par les Brigades Rouges. En état de choc, le gouvernement italien va devoir négocier avec le groupe terroriste. Première série du cinéaste Marco Bellocchio, Esterno Notte raconte dans toute son ampleur tragique cet épisode majeur de l’histoire de l’Italie du XXe siècle.
Une reconstitution du meurtre de Aldo Moro par les Brigades rouges. Tournée comme une tragédie antique.
Serie italienne. Netflix
Marco Bellocchio
Arte
Cette série italienne réalise par Marco Bellocchio retrace l’enlèvement du chef du parti démocrate chrétien italien Aldo Moro par les brigades rouges en 1978…
drame • créé et réalisé par Marco Bellocchio • (Italie/France • 2022 • 6 × 55 mn. “Esterno notte”, la série de Marco Bellocchio sur l’assassinat d’Aldo Moro, sur arte.tv : la relecture magistrale d’un trauma national. ▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️ En 1978, le patron de la Démocratie chrétienne est enlevé puis assassiné par un commando des Brigades rouges. Vingt ans après “Buongiorno, notte”, le cinéaste italien se penche à nouveau sur cette histoire et signe une très grande série au casting remarquable. À l’enlèvement et à l’assassinat en 1978 d’Aldo Moro, le patron de la Démocratie chrétienne, par un commando des Brigades rouges, Marco Bellocchio avait déjà consacré, en 2003, le très beau Buongiorno, notte. Un film construit essentiellement comme un huis clos autour du rapport du captif à l’une de ses geôlières. Vingt ans plus tard, le cinéaste italien réexamine ce trauma national au prisme de nouveaux points de vue, extérieurs cette fois, dépliés au gré des six épisodes de cette minisérie magistralement menée. D’abord, la perspective des puissants englués dans le mirage de la raison d’État : Francesco Cossiga, ministre de l’Intérieur obsessionnel sombrant peu à peu dans la folie, le pape Paul VI, si frileux, et le Premier ministre Giulio Andreotti, dépeint en pénitent pitoyable et hypocrite faisant mine de se priver de dessert dans l’attente d’une libération qu’il ne permettra finalement pas, prétextant la folie de Moro pour justifier publiquement de ne pas le sauver. Le regard, ensuite, se recentre sur des personnages aux conflits plus intimes : un couple de brigadistes, qui échouera à détourner ses camarades de leur funeste projet, et Eleonora, l’épouse d’Aldo Moro, si lucide dans l’épreuve – comme souvent les figures féminines dans le cinéma de Bellocchio. Esterno notte déroule également d’autres fils rouges et motifs caractéristiques de la riche carrière du réalisateur. La part du rêve, notamment : et si Aldo Moro n’était pas mort ? imagine la série, interrogation déjà formulée par un songe dans Buongiorno, notte, auquel fait aussi écho ici la dimension formelle, marquée par un usage répété d’ouvertures et de fermetures à l’œillet et une importance majeure accordée à la musique. Le style, toujours alerte, participe à la densité d’une œuvre exempte de lourdeur, qui s’autorise même l’ironie dans le traitement de certains personnages. Le casting est aussi pour beaucoup dans cette franche réussite. Fabrizio Gifuni, fin connaisseur des lettres de captivité de Moro, autour desquelles il a par le passé créé un spectacle de théâtre, le grand Toni Servillo, et Margherita Buy, immense actrice dont le talent est si souvent passé inaperçu de notre côté des Alpes. TÉLÉRAMA • Par Émilie Gavoille • Publié le 08 mars 2023.