
2019
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George Pelecanos
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Résumé
Un regard sur la vie à New York dans les années 1970 et 1980, lorsque la pornographie et la prostitution étaient monnaie courante à Manhattan.
Cette série est d’une violence mais surtout d’une résilience hors du commun. Le monde de la pornographie et de la prostitution est abordé de façon très naturelle. Tellement naturelle qu’on pourrait croire que c’est normal, sans conséquences. Il n’y a pas de jugements. Cependant il est difficile de ne pas ressentir de la tristesse pour ces femmes. On ne ressort pas indemne après avoir vu cette série.
The Deuce” : David Simon prend l’Amérique à bras-le-corps Le créateur de “The Wire” nous plonge dans le New York de 1971, à l’aube de l’explosion de l’industrie du porno. Une fresque humaniste et politique, magistralement dialoguée et mise en scène. David Simon, chroniqueur engagé de l’Amérique contemporaine, créateur des très politiques , et Generation Kill, s’est tourné depuis deux ans vers le passé. Après , minisérie sur la ghettoïsation de l’habitat social à la fin des années 1980, il continue de remonter le temps et met en scène l’explosion de l’industrie du porno, à New York, au début des seventies. Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d'un article, sans l'autorisation écrite préalable de Telerama, est strictement interdite. Pour plus d'informations, consultez nos Conditions Générales d'Utilisation. Pour toute demande d'autorisation, contactez droitsdauteur@telerama.fr. The Deuce s’immisce dans le quotidien sulfureux de la 42e Rue de Manhattan, alors la plus chaude de la Grosse Pomme. S’y croisent des prostituées, leurs proxénètes, des truands, des mafieux et les flics qui tentent de faire respecter un semblant d’ordre dans cette foule bigarrée. Un monde interlope dont les habitudes vont être bouleversées par la légalisation du cinéma X. Trop souvent réduit à ses prises de positions anticapitalistes (il a été surnommé « l’homme le plus en colère d’Amérique »), David Simon n’est pas un bateleur. C’est un conteur hors pair, dont les récits profondément humains, aussi captivants qu’émouvants, portent des messages polémiques. Sa nouvelle série, co-créée avec l’auteur de polars George Pelecanos, navigue d’un personnage à l’autre, prend le temps de les regarder vivre, et glisse subtilement son propos. Elle s’invite dans l’intimité d’une dizaine de New-Yorkais, un barman, Vincent Martino, son frère jumeaux endetté jusqu’au coup, Frankie (James Franco), Candy, une prostituée qui travaille à son compte (Maggie Gyllenhaal), une étudiante hédoniste, Abby (Margarita Levieva) ou encore un policier bienveillant (Lawrence Gilliard Jr.). Méfaits du capitalisme outre-Atlantique Dans une superbe reconstitution historique bercée par les bruits de la ville et une B.O. funk irrésistible, on passe d’un restaurant bondé à un bout de trottoir, d’une chambre d’hôtel insalubre à l’arrière d’une voiture. L’Amérique s’enlise au Vietnam, les fleurs du mouvement hippie ont fané. L’heure est aux fins de mois difficiles, à la débrouille, aux magouilles. Plus romanesque que jamais, Simon laisse ses personnages se frôler, retarde l’heure où leurs destins s’entremêleront. Les premiers épisodes de The Deuce n’évoquent presque pas le porno. On y suit la routine brutale de la prostitution, les palabres des proxénètes, les interpellations vaines de la police. On se demande un temps où il veut en venir, mais David Simon préfère nous rendre son univers familier avant d’introduire le sujet central de The Deuce. Il faut être patient, se laisser porter par l’ambiance imaginée par les co-créateurs, leurs scénaristes et réalisateurs – pour moitié des femmes. La virtuosité du récit et de la mise en scène fait oublier quelques choix un peu faciles – on ne saisit pas bien l’intérêt, par exemple, du double rôle de James Franco – mais la puissance du message de la série finit par nous captiver. Loin de tout racolage, David Simon met en scène la naissance d’une industrie où l’outil de travail, c’est le travailleur lui-même, et ajoute ainsi une épaisseur supplémentaire à sa réflexion sur les méfaits du capitalisme outre-Atlantique. Il raconte, à nouveau, l’Amérique de la rue, fouille ses recoins, embrasse sans manichéisme le point de vue de ceux que le système piétine. Soutenu par des actrices remarquables (à commencer par Maggie Gyllenhaal, sublime), il s’attaque aussi à un sujet toujours brûlant : la misogynie de la société américaine, qui imagina alors un moyen de marchandiser le corps des femmes, non seulement « consommable » au coin d’une ruelle sombre, mais également au cinéma, puis en VHS, en DVD, et à travers des millions de vidéos sur Internet.
Formidable ! Comme toutes les séries de David Simon ( The wire, Treme)
L’atmosphère du New-York de la fin du XXème siècle est très prenante. Les acteurs sont pleins de charisme et l’évolution de l’histoire très bien menée. Une série difficile à quitter et qui interroge sur bien des sujets.