Summary
Ça raconte Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d’une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l’allumette craque, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l’étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure. Ce moment précis et minuscule, un basculement d’une seconde à peine. Ça raconte Sarah, de symbole : S.
J'ai adoré ce livre du début à la fin. Il m'a beaucoup touchée de par notamment les sentiments des personnages. C'est rare qu'on voit une romance FXF donc je trouve ça original et bien choisi, bien ficelé, sans critiquer ou dire quoi que ce soit sur le sexe commun des deux femmes. À lire absolument !
p.21 « Est-ce que c’est la dernière fois, je me demande, est-ce que c’est la dernière fois que je pourrai sentir dans mon corps les frémissements d’une nouvelle saison ? » p.22 « Je ne peux pas. Je n’ai pas assez de temps, j’ai trop de choses à faire, ce serait gênant que mes collègues s’en aperçoivent. Je dis oui. Je m’échappe, à l’heure dire, une étrange joie au coeur. Il fait beau. » p.29 « Elle recrache la fumée vers le ciel, ça fait un nuage qui rejoint les nuages. » p.45 « Elle dit mon prénom, elle me tire par la main dans les différentes pièces. Elle me tend un verre. Elle boit. Elle boit beaucoup. Elle me sert à chaque fois qu’elle se sert un verre. Très vite, elle est ivre. » p.52 « Elle n’a rien à foutre des convenances, de la bienséance. Elle est vivante. » p.71 « Elle a longtemps pratiqué le badminton. Lorsqu’elle est malade, elle avale avec difficulté les comprimé, elle fait des mines et secoue la tête pour qu’ils descendent le long de sa trachée ». p.78 « […] elle me reproche d’être une femme. Elle m’en veut de ne pas pouvoir, du coup, m’aimer en paix. » p.86 « Elle ressemble à un personnage de roman. Elle ne se rend pas compte que c’est douloureux, pour les autres qui l’entourent. Elle est vivante. » p.89 « Elle dit qu’elle préfère qu’on se sépare, mais elle arrive dans l’heure qui suit avec le programme de la nouvelle saison de notre théâtre préféré, elle souhaite qu’on réserve des tas de spectacles pour l’année à venir, elle fait des projets, elle est gaie comme un pinson. p.95 « Ça raconte Sarah, sa beauté inconnue, cruelle, son nez austère d’oiseau de proie, ses yeux comme des silex, ses yeux meurtriers, assassins, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. » p.105 « Alors il faut partir. Vite. Ne pas rester dans cette ville. Pendant deux jours, trois, peut-être, je marche dans Paris, beaucoup, presque sans m’arrêter. La nuit et le jour. » p.117 « Je l’ai tuée alors qu’elle mourrait déjà, dans cette nuit blafarde, je l’ai tuée parce que je ne supportais pas qu’elle meure. » p.124 « Je suis reconnaissante à la femme qui se présente à moi en me disant simplement ciao, sono Benedetta, de ne plus me parler ensuite, mais de se mettre à cuisiner près de moi une sauce pour les pâtes au citron, en me laissant l’aider. » p.131 « Et, l’espace d’un instant, ça va, oui, ça va. Il y a le roulis comme un sursis. Je m’arrête n’importe où, une ville choisie au hasard, et je descends lentement du train. Je me souviens de ça. C’est le mois d’août, les filles sont toutes dorées sous leurs robes légères, les garçons en bermuda sentent les cheveux qui sont restés trop longtemps au soleil. » p.138 « Le jour se lève à peine sur Trieste lorsque j’ouvre les yeux. Je me précipite sur la terrasse pour voir si je n’ai pas rêvé, si cet endroit existe vraiment. » p.151 « Mais aimer c’est trahir. Aimer c’est trahir, et moi je ne peux pas faire ça. Je suis d’une loyauté à toute épreuve. » p.155 « C’est si bon, de passer des heures à travailler chacune à un étage de la maison, en sachant que bientôt nous nous retrouverons au détour d’un escalier, que nos lèvres se trouveront sur le palier, qu’il y aura bientôt à nouveau elle et moi dans une même pièce. » p.164 « Le soir, presque un peu trop tard, je traverse la ville, pieds nus, en écoutant les conversations bruisser aux fenêtres. Je pose ma serviette sur les galets. Je hume l’odeur de vase un peu salée de l’Adriatique. Je regarde des oiseaux trembloter doucement. La mer est rose comme le ciel. On ne sait pas bien qui fait miroir à qui, dans cette affaire-là. J’entre dans l’eau, en marchant, doucement. Elle m’arrive à la taille quand l’odeur de bourbe me submerge et alors je ne résiste plus: je plonge la tête sous l’eau et je nage longuement sans reprendre mon souffle, en me laissant glisser. Quand je ressors la tête de l’eau, plusieurs mètres plus loin, je suis au milieu du rose. »
J'ai hélas eu du mal à aller jusqu'au bout. Là où j'ai beaucoup apprécié la première partie, que ce soit le récit ou le style de l'autrice, j'ai (comme beaucoup), peiné à vraiment accrocher avec la seconde. Je me suis ennuyée au bout d'un moment et j'ai commencé à attendre impatiemment la fin. Ce ne sont pas les événements qui m'ont gênée, bien qu'il y ait pas mal de choses prévisibles, ni même les décisions du personnage ou ce qu'elle traversait. Ce qui m'a posé problème, c'est que contrairement à la première moitié du livre, où j'ai trouvé que l'autrice transmettait les émotions et sentiments de cette passion avec justesse, elle n'a pas réussi à me faire ressentir quoi que ce soit dans la seconde. Je ne suis pas du tout arrivé à me sentir touchée ou même concernée, ce qui en plus d'être vraiment décevant a été très déstabilisant. Du coup, je suis très mitigée.
je n’ai jamais compris l’engouement autour de ce livre, dont les extraits et les éloges remplissaient mon feed Instagram. Le style d’écriture m’a perturbée dans ma lecture, les profils et la romance caricaturaux sont bien trop présents pour moi