La confusion des sentiments

Fils de proviseur d'un lycée d'une petite ville en Allemagne du nord, Roland de D. est à dix-neuf ans un étudiant qui suit malgré lui des études d'anglais à Berlin. Il mène dans la capitale allemande une vie dissolue pendant plusieurs mois, négligeant ses études. Découvrant cela, son père le fait déplacer dans une université d'une petite ville de province au centre de l'Allemagne. Là, il est tout de suite subjugué par l'intelligence d'un professeur de philologie et son talent pour communiquer sa passion pour Shakespeare. Le professeur le prend tout de suite en affection et lui facilite son installation en lui conseillant une chambre à louer au-dessus de chez lui. Par la suite, l'étudiant est amené à entrer dans l'intimité du professeur. Il découvre qu'il a une femme. L’étudiant est si passionné par ses études qu’il en vient à oublier de manger et dormir, de fait il fait une pause en se rendant au lac pour aller nager. Là-bas il est mis au défi par une jeune femme qui le sème, à la sortie de l’eau il la rattrape et lui propose de la accompagner chez elle. Une fois devant sa porte, il réalise qu’il n’avait pas reconnu la femme de son professeur. Il se sent honteux mais découvre qu’elle n’en a pas dit un mot à son mari. Dès lors il est plus attentif à ce qui entoure son idole et remarque que le couple est assez particulier : les deux époux sont assez froids l'un envers l'autre ( lui intellectuel qui ne lui partage pas son travail et elle sportive qui fuit les livres. Un matin en arrivant en cours le prof est absent pour 2 jours, inquiet il retourne à la maison et questionne sa femme qui semble agacée, ses absences sont courantes mais ces 2 jours rendent l’étudiant perdu et déprimé. À son retour Roland propose au professeur de l'aider à écrire son ouvrage inachevé de philologie. Mais, malgré l'aide qu'il lui apporte, le professeur a une attitude double et déconcertante envers lui : tantôt il le laisse se rapprocher de lui, tantôt il le repousse froidement, tantôt félicité tantôt indifférent pour son travail. Il s’en confie à sa femme qui lui fait remarquer qu’il passe à côté de sa jeunesse. Un soir, il remarque que la dictée est plus saccadée puis le prof s’arrête exalté car ils ont terminé la première partie de l’ouvrage, il remercie chaudement son aide, son soutien et se met à la tutoyer et pour fêter ça il sort une bouteille cachetée, Roland sort précipitamment chercher un tire bouchon et percute sa femme qui espionnait derrière la porte sans qu’elle semble gênée d’être prise sur le fait. Roland est tellement troublé qu’il n’a plus le goût à fêter ça et pourtant son maitre est disposé à faire ce qu’il attend depuis des mois: lui parler de sa jeunesse. Il se réfugie donc dans sa chambre confus et a la visite du maître qui apparaît en colère lui disant qu’il retire le tutoiement qui n’est pas approprié entre prof et élève. Roland nuit blanche et la femme vient le chercher pour déjeuner, il descend à contre cœur et découvre l’absence du maître: il n’y tient plus et fond en larmes, la femme le console en lui disant qu’il sera toujours déçu par le maître comme elle, qu’il ne doit pas gâcher son énergie pour lui et l’encourage à sortir pour se changer les idées. Elle organise une sortie avec un couple d’amis pour aller ramer et nager, compétition sur l’eau il est épuisé et décline le concours de nage alors la femme vient le solliciter le convaincre, et en le tirant de sa sieste la bette, le sommeil de bain, c’est déchire, laissant apparaître un sein androgyne. Tous les deux sont tellement génésiques qu’ils passeront la fin de la soirée dans un silence confus regrettant tous 2 que le maître ne soit pas rentré. Mais cette gêne fait place à des sentiments refoulés et ils passent la nuit ensemble. Roland se déteste d’avoir trahi et prend la résolution de faire ses bagages avant que le maître ne revienne, mais le mettre le surprend en train de faire ses bagages et le convie à son bureau car il est hors de question de se séparer ainsi. Il se livre alors sans tabou sur ses sentiments : il avoue son homosexualité, son amour pour cet élève qu’il refoule avec froideur, il explique la mascarade avec un mariage d’apparence avec une femme androgyne mais qui ne lui suffit pas d’où les absences qu’il a pour aller fréquenter des hommes quand la tentation est trop forte. Il lui pardonne complètement l’adultère qui était autorisé et demande alors à Roland de partir. Ils ne se reverront jamais, le livre ne sera pas publié. découvrira la raison de cette attitude lors d'une confession poignante du professeur.

Intense et très bien écrit. J'ai beaucoup aimé le format qui traite d'un sujet, sans s'éterniser sur des centaines de page : c'est rare.

Évidemment, c’est très bien écrit! Mais cette confusion des sentiments m’a bien ennuyée à la fin et j’avoue avoir lu la deuxième partie du petit livre en diagonale, ne me passionnant en rien pour ces relations amoureuses ambiguës et très compliquées! Quel cirage dans leur tête ! Je les envie pas

Incroyable J’ai adoré J’ai pas les mots

Excellent livre, je pense un de ceux que Zweig a écrit que je préfère. On y voit un jeune homme qui commence son début de vie étudiante de manière très frivole, innocente, collectionnant les aventures et s’en foutant un peu de tout. Et puis son père va venir le visiter à Berlin totalement par surprise et va lui montrer comment il est déçu qu’il ne s’investisse pas du tout dans ses études. Il va alors partir de Berlin et s’installer dans une petite ville allemande où il va faire la rencontre d’un professeur qui va littéralement changer sa vie. Il va alors décider de vivre en-dessous de la chambre de ce professeur et de sa femme et ne vivre qu’intellectuellement (et donc ne vivre que) à travers ce professeur. Le problème est que ce professeur peut rapidement changer d’humeur et cela ruine totalement la santé de ce jeune étudiant qui ne comprend pas pourquoi. Un jour, il essaiera même de se venger de cette pression qu’il s’auto-inflige en couchant avec la femme du professeur. Celui-ci ne lui ne voudra même pas alors même qu’il lui annonce qu’il est amoureux de lui. Une histoire très poétique, originale par rapport aux autres récits initiatiques, et qui regorge de regret.

Nouvelle de Stefan Zweig sur une "relation" entre deux hommes. C'est bien, comme toujours j'aime le style et le "regard" de Zweig sur les hommes, la société, la réalité du monde qui l'entoure. Je trouve ça fou qu'en 1930 il ait traité du sujet de l'attirance entre deux hommes sans jugement moral. J'ai toujours voulu lire des témoignages de ce que c'était d'être gay à une autre époque, donc en lire un sous la plume de Zweig ça m'a forcément intéressé. Bon par contre je pense que c'était plus puissant comme récit à une autre époque où on pensait pas tout de suite que c'était possible qu'un homme soit attiré par un autre. Oui désolé ça spoile un peu mais bon moins je l'ai acheté à la FNAC dans les recommandations "Pride" et même sans ça, on se doute un peu de où ça va. Donc il y a pas vraiment d'effet de surprise. Sans l'effet novateur du sujet de l'homosexualité de l'époque, ça devient un peu une version moins puissante de "24h dans la journée d'une femme" avec certains thèmes communs.