Ayant le ton et l'imagerie dignes des films du 3ème Âge d'Or des Walt Disney Animation Studios, Anastasia a souvent d'ailleurs été considéré par le public comme un film Disney. Avec le rachat de 20th Century Fox par The Walt Disney Company en 2018, cette affirmation est désormais vraie...
Le film s’inspire d’un mythe persistant du XXe siècle : l’idée que la grande-duchesse Anastasia Romanov aurait échappé au massacre de sa famille en 1918. En réalité, les analyses ADN menées dans les années 1990 et 2000 ont levé le voile sur ce mystère, confirmant la mort de tous les membres de la famille impériale. Mais Anastasia choisit d’embrasser la légende, en lui ajoutant une dimension magique.
Anya, alias Anastasia, est une héroïne typique des années 90 : forte, déterminée, romantique, pleine d’espoir. Elle ne désire pas devenir riche ou célèbre mais cherche en réalité ses origines et surtout une famille à la suite d'un traumatisme de son enfance qui l'a rendu amnésique. Anastasia a tout d'une princesse Disney et il est tout à fait compréhensible que le public l'ai prise pour telle durant de nombreuses années.
Dimitri n'a, lui aussi, pas eu une vie facile. Gamin des rues devenu escroc, il est en réalité un garçon un peu maladroit mais qui a un bon fond et une droiture à toute épreuve. Quand il se rend compte que la jeune fille est la vraie Grande-Duchesse, il va, en effet, tout faire pour la rendre à sa grand-mère mais sans rien demander en retour. Il faut dire qu'il est, entre-temps, tombé amoureux d'elle mais estime que leurs conditions sociales les éloignent désormais.
Leur duo fonctionne à merveille, soutenu par Vladimir, le compagnon plus âgé et sage.
Là où le film pèche, c’est avec son antagoniste : Raspoutine. Sa représentation est grotesque, surtout que le voir perdre ses membres est une mauvaise idée car cela ridiculise encore plus le personnage. Son comique involontaire le privent de crédibilité, affaiblissant ainsi l’intensité dramatique du récit.
De plus, mis à part au début où il est l'instigateur de la chute des Romanov, il a plutôt tendance à freiner l'histoire. Les scènes dans les enfers où il assiste à l'échec de son plan et formente le suivant sont ennuyeuses au possible et cassent le rythme du récit. Et c'est vraiment dommage car ses attaques comme celle du train ou du bateau sont particulièrement impressionnantes. On peut ainsi se demander si le film n’aurait pas gagné en profondeur en se passant tout bonnement de méchant.
Sur le plan visuel, Anastasia alterne entre fulgurances et maladresses. Les décors sont somptueux – qu’il s’agisse du faste du palais impérial, des rues enneigées de Saint-Pétersbourg, de l’opéra Garnier ou de la magie du bal. Mais l’animation des personnages souffre de la surutilisation de la technique de la rotoscopie : si leurs mouvements paraissent réalistes, leur visage manque parfois de constance et de fluidité, surtout en gros plan. Face à l’excellence des studios Disney de l’époque, la comparaison se fait sentir.
En revanche, là où Anastasia imite à merveille Disney, c'est dans ses chansons. Les chansons s’intègrent parfaitement au récit et marquent les esprits.
Le titre phare du film est Loin du Froid de Décembre qui revient quatre fois dans l'opus, et sert aussi et principalement quand Anya rentre dans le palais après des années d'absence. Ses souvenirs reviennent dans une scène à la beauté et à la poésie époustouflantes. Et reste le meilleur moment du film.
Au final, Anastasia est une contrefaçon de Disney… mais une contrefaçon assez réussie pour tromper la douane.
