Immense Anna Magnani, mère dévoreuse, exhubérante, luttant férocement pour offrir à sa petite fille l’occasion d’être sélectionnée lors du tournage d’un film à Cineccita.
Dialogues stridents, suraiguës de cohortes de femmes prenant d’assaut le studio de cinéma telles un poulailler en folie. Montreuses d’enfants transformées en singes savants ridicules et pathétiques face à la prédation de gens du cinéma sans scrupules. Sauf le vrai réalisateur Blasetti capable de remords.
Magnani lutte contre la misère, est en extase derrière l’écran de plein air qui diffuse un western.
Elle étouffe sa fille de tendresse mais la bouscule et la houspille sans cesse.
Tout l’immeuble est surpeuplé de mammas paillantes, envahissantes, comparées à des « baleines « !
Femme émouvante, moins naïve qu’il n’ y paraît, ayant compris les manœuvres de l’assistant séducteur qui lui faisait miroiter du piston pour lui soutirer ses économies. Elle partage au bord du fleuve un moment de vérité avec lui sur les frustrations de la vie , est tentée et se redresse, se reprend avec une grandeur magistrale annonciatrice de la prise de conscience qui clôt le film. Elle ne veut plus de ce cruel miroir aux alouettes et choisit de protéger sa fille et se réfugie dans les bras de son mari, très macho de l’époque certes mais véritablement bon et aimant femme et fille.