
2022
•
Animation / Comédie
•
1h37
Résumé
L'histoire d'une mère et de sa fille et de leur vie à bord d'un bateau dans un village de pêcheurs.
Mignon, avec une petite vibe Ghibli
Très joli
Anime très sympa et mignon à regarder
Pour festival CJ
Définition de à routine.
Stylistiquement parlant très agréable, de jolies scènes de cuisine à la japonaise, décor en bord de mer etc… Néanmoins l’histoire en elle même est assez étrange, le titre dit « la chance sourit à Madame Nikuko » mais le personnage principal est plutôt sa fille et au final Madame Nikuko n’a pas tant de chance que ça! Ce qui m’a déçue était plutôt la fin, quand sa fille lui avoue qu’elle sait que c’est sa mère adoptive, elle la rassure en lui disant « Tu es grosse et moche, tu n’es ni drôle ni intelligente, mais je t’aime Nikuko ». Et ça me pose problème, de part le fait que c’est un film pour enfant sorti en 2022 et je pensais que ce genre de discrimination physique (où tout cas l’association d’idées que ça suppose) n’avait plus lieu d’être aujourd’hui. Ce n’est rien de grave en soit, mais ça n’apporte rien et j’aimerais qu’on se détache de ce même discours. Mais, note plus positive, c’est un film d’enfant qui parle des règles!
Par le réalisateur Ayumu Watabane (Les Enfants de la Mer, sorti en 2019) Tout est amené en douceur dans ce film. Kiku, la jeune narratrice commence par nous raconter l’histoire de sa mère Nikuko. Après plusieurs amours malheureux, elle atterrit dans un village portuaire avec Kiku. Elle travaille dans un restaurant traditionnel sur les quais pendant que Kiku va au collège. Es paysages sont très travaillés, avec pleins de petits détails qui font un tout plein de réalisme. J’en parlait avec papa en sortant du cinéma : tout ce qui semblait irréel pendant le film s’avère en fait vrai (les animaux qui parlent sont en fait des paroles que lance Kiku en les croisant : “traverse les frontières” remplace le cri des mouettes. Hommage à l’univers de Miyazaki : Jiji présent dans la maquette de son ami, la ressemblance de sa mère avec Totoro (à l’arrêt d’autobus sous la pluie, les ronflements, l’ombre chinoise sur le rideau qui sépare leurs chambres ), et la contemplation des paysages (donne une scène très belle quand Kiku est avec son ami sur la falaise et peut apercevoir le village en contrebas : travelling avant sur les maisons et les champs, commentaire de Kiku « on dirait des jouets », travelling arrière où les silhouettes de Kiku et de son ami apparaissent en transparence avant de reprendre toute leur consistance : on vient de voir à travers eux, de voir ce qu’ils voient). Le Monde titre « le regard d’une ado sur sa mère dodue » pour sa critique du film d’animation. Il y a toute cette question du changement du corps, et surtout de la vision de l’obésité dans la société (encore plus au Japon où le corps, plus qu’en Occident, est révélateur de l’état de santé. Pas de mouvement pour libérer des complexes par rapport à l’embonpoint.). La jeune fille a peur qu’on se moque de sa mère, mais en même temps elle éprouve de la honte à ce qu’on l’associe à cette femme « grosse et moche », pour la citer. Mais il ne faut pas penser qu’elle n’aime pas sa mère du plus profond de son cœur. Leur relation est très belle à voir. On se demande parfois qui est l’enfant ( passage à l’aquarium et bien d’autres encore où Kiku semble finalement la plus mature des deux). Réflexion aussi sur le passage de l’enfance à l’âge adulte : la peur d’avoir ses règles, de voir son corps changer. La difficulté des relations sociales également : c’est l’âge où l’on commence à se réfléchir aux raisons qui nous poussent, nous et les autres, à agir. Des groupes de filles se forment dans la classe, l’équilibre est rompu et la solidarité féminine démystifiée. Les premiers éveils amoureux : Mari croit qu’une des filles de la classe est amoureuse de Kiku. On voit bien la séparation entre garçons et filles mais petit à petit, Kiku apprend à la dépasser et devient amie avec un garçon qu’elle aperçoit tous les jours en allant au collège. Sa vie se construit dans ce village et on voit qu’elle ne veut plus en partir. On comprend l’effort que suggère chaque déménagement : c’est une nouvelle reconstruction à chaque fois que sa mère se fait avoir par un homme. Lien pour la critique du Monde https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/06/08/la-chance-sourit-a-madame-nikuko-le-regard-d-une-ado-sur-sa-mere-dodue_6129384_3246.html