Juror #2

La vérité n’est pas juste

De souvenirs c'est pas si nul que ça mais bon c'est pas le film de l'année non plus

Un très bon Eastwood, impeccable du début à la fin

bon bah c'est lui hein

J’ai trouvé Juré n°2 à la fois sobre et troublant, un film qui s’inscrit parfaitement dans la continuité du cinéma tardif de Clint Eastwood. Ce qui m’a marqué d’abord, c’est la force du dilemme moral au cœur de l’intrigue : un juré se retrouve confronté à une vérité qui pourrait bouleverser le procès auquel il participe, mais aussi détruire sa propre vie. L’idée est simple, mais elle est traitée avec une intensité émotionnelle qui m’a accroché tout du long. Nicholas Hoult incarne avec justesse ce personnage pris dans une lutte intérieure, et sa performance donne une vraie crédibilité aux moments de doute, de culpabilité et de choix impossible. Formellement, le film assume un rythme mesuré, presque lent, qui peut surprendre ceux qui attendent un thriller judiciaire tendu et plein de rebondissements. Eastwood privilégie ici la sobriété : la mise en scène reste classique, sans effets spectaculaires, mais cette retenue correspond bien au propos. Les scènes de procès sont parfois dépouillées à l’extrême, comme si la caméra se mettait en retrait pour laisser la tension morale parler d’elle-même. Cela donne au film une gravité certaine, mais peut aussi créer une impression de sécheresse pour les spectateurs en quête de tension dramatique plus marquée. Sur le plan critique, on peut reprocher au film quelques faiblesses : une certaine simplification du fonctionnement judiciaire, des personnages secondaires qui manquent parfois d’épaisseur, et une esthétique visuelle fonctionnelle mais pas mémorable. Ce n’est pas un film qui brille par son style, mais plutôt par sa constance et sa sincérité. La fin, volontairement ambiguë, s’inscrit dans une tradition eastwoodienne qui préfère laisser le spectateur face à ses propres interrogations, plutôt que de livrer une résolution nette et rassurante. Ce choix peut frustrer, mais il est cohérent avec la démarche du cinéaste. Ce que je retiens personnellement, c’est la force tranquille du film : Eastwood, à 94 ans, continue de filmer la complexité morale de ses personnages avec une lucidité rare. Juré n°2 n’est peut-être pas un sommet de sa carrière, mais c’est une œuvre cohérente, honnête, qui pose des questions fondamentales sur la justice et la responsabilité individuelle. Ce n’est pas un spectacle flamboyant, mais une méditation sur le poids de la vérité, qui me laisse encore songeuse bien après la scène finale et le générique.

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