« Tu peux expliquer à Lady qu’est ce que le dimanche ? »
La Belle et Le Clochard, 15e Grand Classique des studios de Mickey, est le tout premier Grand Classique Disney à ne pas suivre un conte ou un roman préexistant. Cette histoire inédite lui confère d'ailleurs une plus grande liberté dans l'élaboration du récit, se mettant à l'abri des foudres de la critique, prompte à reprocher, par exemple, à Alice aux pays des merveilles et Peter Pan de trop grands écarts par rapport aux supports originaux.
Filmé à hauteur de chiens (on ne voit que très peu le haut du corps des humains), on est immergé au coeur du récit et au plus près des deux protagonistes, d'abord Lady, puis Clochard, pour suivre une romance sur fond de classes sociales différentes mais traitée avec autant de subtilité que d'émotion.
C'est d'ailleurs sur ce point-là que les auteurs semblent avoir axé le récit, celui de l'émotion et des sensations, mais toujours avec finesse et allant du rire aux larmes à l'image des séquences, inoubliables, de la fourrière, des spaghettis ou encore toute la dernière partie. Un vrai charme ainsi qu'un parfum mélancolique et romantique traversent l'oeuvre du début à la fin.
De plus, le film souligne, bien avant Mary Poppins 2, que les apparences peuvent être trompeuses. À chaque fois que Tante Sarah arrive, elle accuse Lady des dégâts, car elle est la seule présente sur les lieux, alors qu’en réalité, ce sont ses propres chats et un rat qui sont les auteurs. La première impression n’est pas toujours la bonne. Dommage que 12 hommes en colère ne sortent que trois ans plus tard, sinon elle aurait évité les préjugés.
Lady est ainsi une femelle cocker de bonne famille. Côté caractère, elle tient beaucoup de ses homologues humains de l'époque telles Cendrillon et Aurore avec lesquelles elle partage la même candeur et la même grâce. Pour autant, sa personnalité est plus prononcée notamment vis-à-vis des hommes -elle congédie Clochard- ou de l'adversité -elle se défait seule de ses chaines pour sauver le bébé-.
Clochard est, quant à lui, un chien des rues, débrouillard et courageux. Clochard, d'un point de vue de son caractère, a un passé de coureur de jupons, allié à un cynisme marqué vis-à-vis des hommes. Sa rencontre avec Lady le transforme et le remet alors sur le droit chemin.
S'il n'y a pas de vrai méchant dans La Belle et le Clochard -le rat de la fin du film constituant plus une menace qu'un véritable personnage- l'inconscient collectif a retenu pour ce statut, les chats siamois Si et Am. Loin d'être des Vilains Disney au sens premier de la définition, ils sont en réalité de simples matous mal élevés et espiègles, prêts à tout pour faire des bêtises et s'en dédouaner aussi vite, quitte à faire accuser cette pauvre Lady, Tante Sarah, leur propriétaire, étant toujours encline à les croire.
Enfin, l’animation du 20e siècle reste difficile à surpasser. Elle possède un charme et une magie uniques, rarement égalés dans les films d’animation en 3D modernes.
Au final, l’histoire, simple et charmante, n’est pas le véritable atout du film. Sa magie réside dans son animation, aujourd’hui encore, car le propre de l’animation du XXe est de rester indémodable
« Deux par deux comme des amoureux
Vivez l′enchantement
Si c'est l′amour qui vous appelle
De tout cœur, répondez-lui »
