
2021
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Documentaire / Biographie
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1h48
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Résumé
Ce documentaire retrace le parcours extraordinaire de Pelé, qui est passé de jeune star à héros national, avec pour toile de fond un Brésil tourmenté.
Film sur la carrière du plus grand joueur brésilien all time. Sympa sans être dingue.
Documentaire • réalisé par David Tryhorn et Ben Nicholas • 2021 • 1h48 • Un nouveau documentaire de Netflix sobrement intitulé « Pelé », mis en ligne ce mardi, donne à rêver, à s'émouvoir, en tentant de répondre à cette question : le meilleur joueur de l'histoire peut-il être celui que les moins de 55 ans n'ont jamais vu jouer ? Lorsque l'on est né au football à la télé, comme nous, à l'occasion de la Coupe du monde 1970, Pelé est beaucoup plus qu'une rumeur. Il est le magicien originel. Il est le Roi : d'ailleurs, cela semble son prénom, depuis. Mais, cinquante ans plus tard, pendant que la planète pleure Maradona, se souvient de Cruyff, moins de Di Stefano, et fait du duel Messi-Ronaldo la plus grande rivalité de l'histoire pour ne pas avoir à se demander si, par hasard, l'un des deux ne serait pas le plus grand, les traces de Pelé sont lointaines, et pénalisées par des images parfois incertaines, avec un grain charmant, mais sans ralenti spectaculaire, sans gros plan. Pelé, le documentaire que Netflix met en ligne ce mardi, s'attache à positionner sa trace dans une lumière nouvelle, avec des images en couleur parfois inédites, et une trame classique, chronologique, qui réussit à ressusciter l'ampleur d'une fascination universelle pour un héros brésilien. Quand il raconte sa légende, Pelé a l'air triste L'erreur serait de comparer l'objet à The Last Dance, la série consacrée à Michael Jordan, révélée au printemps dernier. D'abord parce que, faute d'images, et notamment d'inside, il aurait été difficile d'étirer la narration sur plusieurs épisodes. Les séquences d'époque les plus intimes sont des interviews avec des journalistes anglais dans un enchaînement de scènes médiatiques rappelant que, très tôt, le Roi ne s'est plus appartenu ou, encore, ses apparitions en couple, pleines de timidité. De même, Pelé a toujours été un personnage un peu lisse, qui ne s'est pas encombré de la présence du général dictateur Medici au moment de brandir la Coupe du monde 1970 à ses côtés, au retour au pays. Ce qui pourrait se comparer à la série documentaire consacrée à Jordan serait la mise en scène du dernier rendez-vous, en l'occurrence la Coupe du monde 1970, ainsi que la superposition des images avant-après. Mais Jordan, les yeux rougis par l'émotion ou ce qu'il y avait dans son verre et avait la couleur du jus de pomme, n'était pas vieux. Le Pelé qui apparaît dans le documentaire s'avance une première fois en déambulateur, une deuxième fois en chaise roulante, dans une scène magnifique, un repas d'anciens de Santos, durant lequel ces gars-là ne cessent de se chambrer ni de s'émouvoir, et où Pelé lance : « Vous vous souvenez de la soirée à Paris où j'ai chanté ? » Cette scène est essentielle : le reste du temps, quand il raconte sa légende, Pelé a l'air triste, ne sourit jamais. Mais là, avec les autres, redevient un jeune joueur joyeux. 🇧🇷 La Coupe du monde 1970 règle l'affaire de sa royauté Le film respecte l'histoire du Roi. Son enfance populaire, de fils de footballeur, qui découvre le monde à 16 ans (« J'ignorais qu'il existait d'autres pays »), gagne un peu d'argent en cirant des chaussures, ce qui donnera l'idée au réalisateur de lui demander de refaire ce geste d'enfance, taper sur la boite retournée comme d'un outil de percussion. Le premier titre mondial en 1958 est mis en regard du traumatisme de 1950, vécu à la radio et dans les rues accablées et silencieuses. Pelé se souvient des larmes de son père, et en 1958, c'est lui qui pleurait, de joie. Les images de ses exploits, mêmes imparfaites, sont fascinantes. En finale, contre la Suède (5-2), il enchaîne frappe sur le poteau, but après un sombrero, et but de la tête, à 17 ans. Après une Coupe du monde 1962 remportée sans lui ou presque (il s'est blessé au premier tour), et un échec en 1966 où il avait été matraqué par les Bulgares et les Portugais, la mise en scène du rendez-vous de 1970 est très réussie. En dehors de la thèse d'un Pelé contraint à jouer par la dictature militaire, alors qu'il avait annoncé s'arrêter là en 1966, le doc fait remonter à la surface ce que la légende a voulu faire oublier : avant le Mexique, en 1970, Pelé est un joueur au crépuscule, critiqué par la presse, et que le sélectionneur du Brésil, Saldanha, voudrait même écarter en prétextant qu'il est devenu myope et n'est plus en état de jouer. Même L'Equipe écrit qu'il est un joueur en pente douce, loin de son niveau physique, devenu simulateur. Mais les images de la Coupe du monde 1970 règlent définitivement l'affaire de sa royauté et de sa place dans l'histoire. C'est une magie et un orgueil en mouvement. Tous les mythes défilent, les deux plus beaux buts manqués de l'histoire, le lob sur Viktor et le grand pont sur Mazurkiewcz, la tête sauvée par Banks, et les buts, et les passes décisives, et l'influence, et ce geste incroyable de reprendre de volée un dégagement de gardien, sa tête contre l'Italie en finale, sa passe pour Carlos Alberto. Roberto Rivelino, l'ancien gaucher moustachu, n'a pas oublié ses premiers mots dans le vestiaire du Stade Aztec, à Mexico : « Il a dit « Je ne suis pas mort. » Il l'a crié, trois fois. » Bien sûr que non, Pelé n'est pas mort, puisqu'il est éternel. L’ÉQUIPE • Vincent DULUC • publié le 22 Février 2021.