Drame • (1h29) • 2022 • France • Réalisé par Diastème • avec Léa Drucker, Denis Podalydès, Alban Lenoir, Benjamin Biolay.
Alors que son mandat court encore, Isabelle de Raincy, présidente de la République, surprend les Français en annonçant son retrait prochain de la vie politique. A l'aube des élections présidentielles, alors qu'elle s'apprête à quitter dignement l'Elysée, son secrétaire général l'informe d'un complot ourdi depuis l'étranger et destiné à traîner dans la boue le favori des sondages et successeur désigné. Inquiète de voir l'extrême droite s'emparer du pouvoir à la suite du scandale médiatique annoncé, elle décide de se lancer corps et âme dans la bataille à l'issue incertaine pour empêcher cet ennemi invisible de parvenir à ses fins...
▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️
Hier, aujourd’hui, demain peut-être… Les époques s’entrechoquent dans le film de Diastème, qui emprunte son titre au dernier livre de Stefan Zweig. Le réalisateur d’Un Français (2015) se préoccupe encore du fascisme et de son irrésistible ascension dans cette politique-fiction située à quelques semaines d’une élection présidentielle.
La « locataire » imaginaire de l’Élysée, Élisabeth de Raincy (Léa Drucker), apprend que tout est perdu pour son camp : son successeur logique va faire l’objet d’un scandale sans précédent. Des sondages secrets prédisent la victoire du candidat d’extrême droite. La présidente semble déjà s’y résoudre, quand son secrétaire général (Denis Podalydès) lui demande, à demi-mot, la permission d’éliminer cette menace pour la France et l’Europe.
Trois jours pour décider d’un crime d’État, voilà qui pourrait donner, au choix, un drame (im) moral troublant ou un thriller haletant. Le Monde d’hier serpente et se perd entre les deux, tiraillé entre ses références (la maladie de Mitterrand, le suicide de François de Grossouvre…) et un désir convenu d’épaisseur romanesque, avec pathos familial et amours inavouées. On frôle même le ridicule lorsque la cheffe de l’État convoque un simili-Zemmour dans la salle de commande secrète de l’Élysée pour le faire bisquer. Le film n’est jamais aussi convaincant, finalement, que lorsqu’il s’assume en huis clos théâtral et crépusculaire, mettant sobrement en scène un dilemme de palais servi par Léa Drucker et Denis Podalydès, remarquables dans l’autorité et émouvants dans la défaite.
TELERAMA • Critique par Marie Sauvion • Publié le 17/10/2022.
Watch
