Avec Mindhunter, David Fincher et son équipe nous plongent dans les années 1970, à l’époque où le FBI tâtonne pour comprendre les tueurs en série, qui ne portent pas encore ce nom. Après une prise d’otage mal gérée, l’agent Holden Ford (Jonathan Groff) est affecté à Quantico, où il croise Bill Tench (Holt McCallany), membre d’une unité spécialisée dans les comportements criminels. Ensemble, ils entreprennent une démarche inédite : aller à la rencontre de meurtriers incarcérés pour tenter d’établir des profils psychologiques susceptibles d’anticiper et d’empêcher de nouvelles atrocités.
La série met ainsi en scène la naissance du « profiling » moderne et la création même du terme « serial killer ». Mais Mindhunter dépasse rapidement le simple polar policier. Elle devient un miroir de l’Amérique de l’époque, marquée par le traumatisme du Vietnam, l’affaire Manson et le scandale du Watergate. Dans ce climat de perte de repères, Fincher suggère que la société fabrique, presque logiquement, ses propres monstres.
La grande force de la série est de placer tueurs, agents et citoyens sur le même plan : tous sont traversés par une part de noirceur, et ce n’est qu’à travers les cadres sociaux et moraux que certains évitent de basculer. Les entretiens glaçants avec des criminels comme Ed Kemper exploitent notre fascination morbide pour ces figures du mal, tout en les désacralisant. Le show ne cherche jamais à excuser, mais à contextualiser, rappelant que derrière chaque « monstre » se cache une psyché brisée.
Sur la forme, Mindhunter adopte une mise en scène clinique, froide, presque austère. Pas de poursuites haletantes ni de fusillades spectaculaires : tout se joue dans les mots, les silences, les regards. La tension naît du face-à-face entre enquêteurs et tueurs, des dialogues qui, tels des joutes intellectuelles, nous tiennent en haleine.
La saison 1 fascinait par sa réflexion sur l’existence d’un « modèle du mal ». La saison 2 poursuit ce questionnement, en introduisant une dimension plus intime avec la crise familiale que traverse Bill Tench.
La série pose aussi la question cruciale de l’utilité pratique du profilage. Les théories élaborées dans les prisons doivent se confronter au terrain : nos protagonistes sont envoyés sur des enquêtes où les outils du profilage trouvent une application concrète. Ainsi, cela permet de tester ces méthodes, révélant autant leur pertinence que leurs limites. La saison déploie également une enquête d’ampleur – l’affaire des meurtres d’enfants d’Atlanta – qui dure plusieurs épisodes.
La série se termine de façon très mitigé. Outre le fait que chacun des protagonistes finit seul à cause de leur métier, un homme a bien été arreté mais les meurtres demeurent sans réponse. Cela démontre qu’il reste beaucoup de chemin à la police pour parvenir à rattraper un serial ciller avec 30 morts à son actif.
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