Créée par Elizabeth Meriwether • États-Unis • 8 × 50 mn.
Elizabeth Holmes a de sérieux problèmes. Après une ascension express dans l’industrie de la santé, la plus jeune milliardaire américaine fait l’objet d’une enquête. L’empire biotech qu’elle a bâti prend l’eau et son navire amiral, Theranos, n’est pas loin de sombrer… Pour la star féminine de la tech, l’heure est donc venue de rendre des comptes. L’occasion de remonter le cours du temps jusqu’à son adolescence, berceau d’une obsession quasi pathologique pour la réussite qui va transformer la jeune nerd… en véritable escroc.
À l’âge où d’autres se prosternent dans leur chambre devant un poster de Justin Bieber, Elizabeth Holmes, elle, vénérait le portrait de Steve Jobs. Lycéenne humiliée par les filles populaires, elle n’avait déjà qu’une idée en tête : devenir millionnaire. Admise à l’université de Stanford, elle y fait la découverte d’un programme capable d’analyser le sang à partir d’une seule goutte autoprélevée par ses utilisateurs. Comme d’autres avant elles, elle laisse alors tomber la fac pour créer sa start-up et se lancer, en jeans et en tongs, à l’assaut du nouveau capitalisme américain.
💊Amanda Seyfried crève l’écran
Tirée de la vraie vie d’Elizabeth Holmes, The Dropout est d’abord une histoire qui finit mal. Mi-biopic, mi-thriller économique, la minisérie créée par Elizabeth Meriwether et disponible sur Disney+ n’est pas sans rappeler The Social Network de David Fincher et Aaron Sorkin. Comme dans le film, le récit repose entièrement sur les épaules de son interprète. Amanda Seyfried y est impressionnante dans une partition qui relève quasiment du one-woman-show tant le délire qu’elle incarne prend toute la place à l’écran. La comédienne est solidement secondée par quelques-uns des piliers des séries américaines, qui font bloc autour d’elle pour mettre en valeur sa performance.
Avec sa réalisation millimétrée, The Dropout est une double réussite. D’abord, elle embarque les téléspectateurs dans un divertissement très bien ficelé. Mais, surtout, elle est traversée par un profond questionnement. Quel est le coût de la réussite ? La minisérie n’élude rien. Elle éclaire ses ombres. Elle souligne ses dangers. Elle raconte le prix payé par la collectivité. C’est bien de la face cachée du monde de la tech qu’il est question. Derrière le « cool », la brutale réalité. « C’est comme ça que ça marche », rappelle un employé de Theranos à un autre collaborateur, soudain submergé par la culpabilité… The Dropout ou un brillant anti-conte de fées. Une forme de paradoxe pour Disney.
TÉLÉRAMA • Par Marianne Levy • Publié le 20 avril 2022.
