Avec Jumper, inutile de chercher à comprendre le pourquoi et surtout le comment : juste profiter de l’instant présent. Si on cherche, on sera vite confronté à un scénario assez faible donnant l’impression que l’histoire ne démarre jamais vraiment. David (Hayden Christensen), n’a pas de véritable objectif en dehors de fuir ceux qui le traquent. Ironie du sort, c’est finalement Roland (Samuel L. Jackson), l’antagoniste, qui se révèle avoir un but clair : éliminer les “jumpers”.
Il faut attendre la moitié du film pour que l’intrigue semble enfin décoller, grâce à l’arrivée providentielle d’un second jumper. Mais sur un film de 90 minutes, difficile de rattraper le temps perdu. Jusque-là, on assiste à une origin story assez classique : découverte des pouvoirs, formation accélérée — voire bâclée — et utilisation de ces dons pour fuir, voler de l’argent (qu’il promet de rendre, histoire de se donner bonne conscience) et surtout conquérir le cœur de la fille qu’il aime. Même lorsqu’il apprend qu’il existe d’autres comme lui, ce n’est pas la curiosité qui le pousse à aller plus loin — ce qui aurait été logique — mais le danger qui menace sa petite amie. Un ressort scénaristique facile, qui réduit considérablement le potentiel du récit.
Et c’est bien là le problème : l’idée de départ était prometteuse, mais elle se retrouve sacrifiée sur l’autel d’une romance envahissante dont le film n’avait pas besoin pour se développer. Un héros capable de se téléporter partout sur Terre devrait avoir mille raisons de vouloir en savoir plus sur ses semblables et sur l’étendue de ses capacités. Introduire plus tôt ce deuxième jumper, véritable bouffée d’énergie, aurait permis de dynamiser le film et de donner enfin de l’ampleur à l’univers esquissé.
Le film avait un budget à la hauteur de ses ambitions : 85 millions de dollars. Le problème, c’est qu’il n’a pas été confié à la bonne personne. Il y avait sûrement de disponible des personnes plus inspirés par le projet. Il en résulte une mise en scène hésitante qui donne une impression de brouillon. Résultat : l’action est parfois illisible, accentuée par des effets spéciaux inégaux. Leur côté flou colle certes à l’idée de “saut” dans l’espace, mais l’ensemble manque de lisibilité et de fluidité.
Reste tout de même quelques trouvailles efficaces, notamment dans la dernière partie avec les sauts en continu de pays en pays et l’utilisation de l’environnement ainsi que l’utilisation inventive des objets qui donne au film du grand spectacle.
Enfin, un mot sur Hayden Christensen. Longtemps critiqué — parfois plus par effet de mode que par réelle objectivité — il se révèle ici plutôt convaincant. Il réussit à insuffler un minimum de charisme à un personnage écrit de manière bien trop superficielle. Ironiquement, son collègue jumper, plus secondaire, paraît souvent plus intéressant : plus fun, plus énergique, grâce à un temps de présence bien plus réduit. Je trouve aussi qu’il a un côté Tom Holland. Quant à Samuel L. Jackson, il fait le travail mais son rôle manque cruellement de profondeur ; avec un peu plus d’épaisseur, il aurait pu incarner un antagoniste marquant.
Au final, Jumper ressemble à une bande annonce d’1H30 pour un film que j’aurai aimer voir
