Le Soupir des vagues
2018 Japon Réalisé par Kôji Fukada 1h50 avec Dean Fujioka, Mayu Tsuruta, Taiga Taiga
Drame sentimental. À Sumatra, des années après le tsunami, un bel amnésique surgit des flots… Une fable fantastique, un message écologique tout en douceur.
Kôji Fukada n’a pas fini de nous surprendre par sa capacité à aborder tous les genres avec une réussite constante — ou presque. Après le mélo familial angoissant d’ Harmonium , la SF poétique de Sayonora ou la farce satirique d’ Hospitalité , place à la fable fantastique dans Le Soupir des vagues , tourné il y a deux ans. Touche-à-tout de talent, le cinéaste japonais n’en reste pas moins fidèle à ses motifs narratifs de prédilection : les événements traumatiques qui hantent durablement les personnages (le deuil, la guerre et le tsunami de décembre 2004 dans l’océan Indien) et l’intrusion d’un élément étranger plus ou moins perturbateur au sein d’une communauté. Dans Le Soupir des vagues , un beau jeune homme amnésique, mystérieusement sorti des eaux, va susciter la curiosité, puis le trouble chez les habitants de Sumatra.
On comprend vite que l’inconnu, baptisé Laut (« la mer », en indonésien) par ses nouveaux amis, est l’incarnation placide mais implacable d’une nature qui peut autant sauver l’espèce humaine que la détruire. Mais le message écologique sur fond de tragédie est délivré en douceur, sinon en sourdine, à travers une mise en scène d’une grande délicatesse. Fukada renoue même avec le charme solaire de son merveilleux marivaudage Au revoir l’été à travers un délicieux chassé-croisé amoureux aux quiproquos dignes de son maître Éric Rohmer.