Summary
Anna, a detached and diffident director, arrives in Germany to show her latest film; she checks into a hotel, invites a stranger to her bed, and abruptly tells him to leave. He asks her to a birthday lunch with his mother and daughter; she goes. Afterward, in Cologne, she meets an old friend, a Polish Jew and war refugee. In Brussels, she spends the night at a hotel with her mother, whom she rarely sees. On the train, a stranger tells his story. Last, it s home to Paris, where her lover Daniel picks her up and they go to a hotel. Throughout, people make personal revelations to her, and Anna listens with little affect. Although it was 30 years ago, the war seems ever present.
Chantal Akerman
De Chantal Akerman. 1978. Plans fixes avec cadre et très belle photo. Contrairement à Jeanne Dielman où l’ascenseur ponctuait les séquences de manière verticale, le voyage en train qui emmène Anna donne au film un axe horizontal. Le sujet du film évoquerait la Shoah sachant que la famille maternelle de la réalisatrice a été décimée dans les camps. Telerama : Vous aimez le bercement du train, les paysages qui défilent, les gares désertes dans le petit matin frisquet, les rencontres d’un soir, les questions sans réponse ? Alors ce film est pour vous. Une femme blonde aux yeux bleus, douce et pâle comme l’aurore, voyage seule en train. C’est une cinéaste qui se rend en Allemagne, à Essen, où elle est accueillie pour présenter son dernier film. Elle y passe une partie de la nuit avec un homme – fiasco. Elle le revoit brièvement le lendemain, puis repart, s’arrête le temps d’une correspondance à Cologne pour voir une amie, puis à Bruxelles, où elle dort avec sa mère, à l’hôtel. Avant de retrouver Paris et son compagnon. C’est un étrange et fascinant voyage, au bout de l’intime. Fait de solitude et de compagnie labile, d’exil intérieur. La femme, le train, le lit, voilà sa trinité sacrée. Aurore Clément, actrice fétiche – avec Delphine Seyrig – de Chantal Akerman, y est son double, si l’on veut. Son fantasme aussi – jamais l’actrice n’a si bien porté son prénom que dans ce film, qui la sublime. Comme une veilleuse à la fois charnelle et spectrale, droit dans sa jupe, portant des couleurs d’automne. Le film est hiératique, mais non dénué de burlesque, imperceptible. Le silence alterne avec des moments d’épanchements. On regarde autant les images, qu’on les écoute. Partition très fine – le tchouk-tchouk du roulement ferroviaire, le bruit des talons d’Aurore, le son des rideaux qu’on tire, les annonces dans les gares. Les plans-séquences fixes, offrant souvent un cadre dans le cadre, sont comme des tableaux. Et vers la fin il y a cette séquence, très audacieuse et sans doute à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du cinéma érotique franco-belge. Jean-Pierre Cassel est allongé sur le ventre, Aurore Clément lui masse longuement les épaules, le dos, puis descend jusqu’aux fesses, qu’elle caresse, avant de tenter un geste. Il l’arrête. Rebecca Zlotowski s’en serait-elle inspirée pour sa scène, très remarquée, d’Une fille facile ?
Recommandé par Memorizer, car vous avez aimé 'Toute une nuit'.