Summary
An Italian epic that follows the lives of two brothers, from the 1960s to the 2000s.
Coup de coeur 2024 ♥️
Drame • de Marco Tullio Giordana • Italie • 3h • avec Luigi Lo Cascio, Alessio Boni, Jasmine Trinca, Adriana Asti L'histoire d'une famille italienne depuis la fin des années 60 jusqu'au début du XXIe siècle. Au centre des événements, deux frères, Nicola et Matteo Carati. Jeunes, ils partagent les mêmes rêves, les mêmes lectures et les mêmes amitiés. Matteo, le littéraire, aussi brillant que tourmenté, contraste avec Nicola, un jeune homme calme et souriant, qui se destine à la médecine. En compagnie de deux amis, ils se préparent à un grand voyage qui doit les emmener jusqu'au Cap Nord. Une rencontre bouleverse leurs projets. Emu par la détresse d'une jeune schizophrène, Giorgia, dont il a la charge, Matteo l'enlève et se met en tête de la reconduire dans sa famille. Nicola lui vient en aide. Les deux frères ne tardent toutefois pas à être séparés. L'un renonce à ses études, l'autre se rend en Norvège... ▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️ Le générique égrène des clichés sépia évoquant les vingt ans qui ont suivi la libération de l'Italie, les Animals chantent House of the Rising Sun. Nos meilleures années vient de commencer, par les présentations : Rome, été 1966, deux frères révisent leurs examens - Matteo (Alessio Boni) en littérature, Nicola (Luigi Lo Cascio) en médecine. L'un est beau, genre condottiere ombrageux, l'autre est sympathique, quand il sourit il ressemble à Dustin Hoffman. On a envie d'en savoir plus, ça tombe bien : on va passer six heures avec eux. Les deux acteurs sont un peu trop vieux pour être à l'orée de leur vie d'étudiants, mais il faudra les suivre au fil des décennies. Ces six heures que l'on va passer en leur compagnie ne relèvent pas de l'expérimentation cinématographique mais de ce format qui convient si bien à l'été, le feuilleton, qui permet familiarité et empathie avec les personnages, emménagement dans les meubles d'une histoire que l'on partagera jusqu'à ce que les lumières se rallument, et que - dans le cas du film de Marco Tullio Giordana - l'on portera longtemps en soi. Ce film, que l'on nous présente sous la forme de deux parties de trois heures, le cinéaste l'a tourné en quatre épisodes, destinés à la télévision. La plupart du temps cette destinée manifeste suffit à disqualifier un film. Ici, il se produit un phénomène étrange. Nos meilleures années, sans dissimuler sa parenté avec le petit écran, parvient à utiliser les outils de la fiction télévisée en épisodes pour en faire les instruments d'une intensité dramatique, d'une émotion tout à fait dignes du grand cinéma. Matteo et Nicola, donc. Le premier est un garçon sensible et irritable. Le second est plus grégaire, il vit sa vie de jeune Romain en compagnie de quelques copains, petits bourgeois sûrs de leur réussite économique, comme lui. En cet été 1966, frères et amis doivent partir pour le cap Nord, après leurs examens. Mais Matteo a été embauché comme aide-soignant dans un hôpital psychiatrique où il a fait la connaissance de Georgia, une jeune psychotique abandonnée par les siens. Révolté par le traitement que l'institution lui inflige, il la fait évader et, en compagnie de son frère, tente de lui trouver un asile. On croit discerner, dans ces séquences d'exposition, la trame de ce qui va suivre. Matteo le révolté, Nicola le suiviste, Georgia la demoiselle en détresse qu'ils aiment également. Mais le scénario se joue élégamment des attentes du spectateur. Sans les prendre à contre-pied systématiquement, il les déçoit parfois, les dépasse souvent. A l'arrivée, ne serait-ce que de ce premier épisode, rien ne s'est passé comme prévu. Pour ne pas tout dévoiler, on se contentera de révéler l'engagement de Matteo dans la police. Tout comme le scénario manie respectueusement (de façon à ne jamais laisser le spectateur sur le bord de la route) les conventions romanesques, la mise en scène passe élégamment de la petite à la grande forme. Ce premier épisode culmine par une évocation des inondations de Florence, en 1966, catastrophe naturelle qui suscita une mobilisation de toute la jeunesse italienne. 🇮🇹 DES BONDS ET DES ELLIPSES Marco Tullio Giordano en fait une espèce de Woodstock avant l'heure, un point de départ pour chacun des personnages : Matteo avance lentement sur un chemin de croix qu'il s'est lui-même tracé pendant que Nicola devient psychiatre (et l'on sait alors que son chemin croisera à nouveau celui de Giorgia) tout en se liant avec une militante révolutionnaire, Giulia. Le récit avance par bonds, ne craignant pas l'ellipse. Le piège aurait été bien sûr de vouloir illustrer consciencieusement chaque épisode de l'histoire italienne de ces quarante dernières années. Mais le film choisit ses sujets : un frère policier, l'autre psychiatre. Le passage du mai rampant aux années de plomb pour Matteo, la lutte contre l'institution asilaire et la revendication du bonheur individuel pour tous - y compris les malades - pour Nicola. On verra aussi, au fil des heures, la Sicile sous la coupe de la mafia et l'atomisation du mouvement ouvrier, on entreverra l'avènement de l'imbécillité télévisuelle et la tentative de prise de pouvoir des juges. Au début de la seconde partie, cet entrelacs d'histoires, de trajectoires individuelles culmine avec la narration détaillée et éclatée d'un réveillon, à Rome, en 1983. C'est là que se situe le point culminant de Nos meilleures années,un paroxysme mélodramatique qui pourtant ne s'éloigne jamais d'une double vérité, celle des personnages, telle que l'ont défendue des acteurs d'un engagement rare, celle de l'histoire italienne qu'a retracée Tullio Giordana, avec un sens aigu du temps qui passe, parfois horriblement lent, comme en cette nuit de réveillon, parfois si vite, comme lorsqu'il faut passer pudiquement sur les années les plus récentes. C'est le temps des vacances, pour beaucoup le seul moment de l'année où l'on peut passer six heures de son temps au cinéma. Nos meilleures années le mérite largement. LE MONDE • 08 juillet 2003. ▪️🇮🇹🇮🇹🇮🇹🇮🇹🇮🇹▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️ Le tourbillon de la vie et le vent de l'Histoire, quelques mariages et autant d'enterrements : sur ce modèle classique des grandes sagas familiales, Nos meilleures années a réussi à créer la surprise. Le style sobre de Marco Tullio Giordana donne une vérité à ces quatre décennies de l'histoire italienne, racontées à travers des personnages forts, tous liés à un idéal, pour le meilleur et pour le pire. Au début des années 1960, la vie est légère comme une virée en Vespa pour les frères Carati. Mais rien n'est tracé. Etudiant en médecine, Nicola devient un partisan de l'antipsychiatrie, et rencontre la belle Giulia, qui milite aussi pour la liberté et le renouveau, du côté politique. Matteo, lui, entre dans l'armée, s'enferre dans la solitude... Ces deux trajectoires recoupent le mouvement d'ensemble de tous les personnages. Il y a ceux qui se cognent à la vie et ceux qui l'embrassent. Il ne s'agit pas seulement d'une capacité à être heureux. Le film montre que chacun est aussi confronté à une autre difficulté : trouver ou non sa place dans une société italienne en évolution, moderne et rétrograde à la fois. Entre l'histoire collective, plus présente dans cette première partie, et la sphère familiale, sur laquelle se resserre la seconde, Marco Tullio Giordana trouve l'équilibre. On le sent passionné par son sujet, impressionné par le sérieux du propos, mais il sait aussi se risquer à l'émotion. — TÉLÉRAMA • Frédéric Strauss • Publié le 29 mars 2014.
Magnifique fresque familiale. 6h de film, d'émotion. l'Italie et ses tumultes de la fin du 20ème siècle. Formidable !
Géniale fresque italienne des années 60 à nos jours
Enorme