
2024
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Marion Fayolle
Résumé
"Les enfants, les bébés, ils les appellent les "petitous". Et c’est vrai qu’ils sont des petits touts. Qu’ils sont un peu de leur mère, un peu de leur père, un peu des grands-parents, un peu de ceux qui sont morts, il y a si longtemps. Tout ce qu’ils leur ont transmis, caché, inventé. Tout. C’est pas toujours facile d’être un petit tout, d’avoir en soi autant d’histoires, autant de gens, de réussir à les faire taire pour inventer encore une petite chose à soi." Dans une ferme, l’histoire se reproduit de génération en génération : on s’occupe des bêtes, on vit avec, celles qui sont dans l’étable et celles qui ruminent dans les têtes. Peintes sur le vif, à petites touches, les vies se dupliquent en dégradé face aux bêtes qui ont tout un paysage à pâturer. Marion Fayolle crée un monde saisissant dont la poésie brutale révèle ce qui s’imprime par les failles, par les blessures familiales, comme dans les creux des gravures en taille-douce.
Un ensemble de textes qui composent un récit autour de la fin d’une époque dans une ferme isolée du centre de la France. Sensible mais on reste un peu au dehors, spectateur. Jolie plume
Premier roman de Marion Fayolle Texte magnifique, brut, dépourvu de fioritures, et extrêmement imagé, dont la poésie franche et âpre vient serrer le cœur J’ai pleuré plusieurs fois On suit l’histoire d’une famille qui vit dans une ferme reculée, ça parle de transmission, d’amour, de non dit, le tout dans un environnement brut, rural, isolé, parfaitement illustré. J’ai senti l’odeur de la ferme et l’amour de ma grand mère en lisant le livre.
Pas d’intrigue. Succession de courts chapitres descriptifs de la vie à la ferme. Les personnages n’ont pas de nom. Très impersonnel
Pas fini Je n’aime pas
Très belle écriture livre court rustique et fleuri, très intense.
Sur une enfance à la ferme des hauts plateaux de la Loire. Beau
L'histoire : Quelque part en Ardèche, une bâtisse dont la longueur est telle qu’il faut s’en écarter pour la contempler tout entière. Ses murs de pierres abritent trois générations d’éleveurs et une très grande lignée de bovins. Autour, il y a les poules, les lapins, les prairies et les arbres. Dans ce paysage à l’horizon inviolé, toute la famille met la main à la pâte. Les jeunes et les anciens cohabitent, s’occupent des bêtes. Chaque nouvel être vient au monde avec une mission sur les épaules : reprendre la ferme parentale. Sans éclipser les autres membres de la famille, la perspective de la petite dernière constitue le centre du récit. Son regard dévoile la beauté de la terre et du pelage des vaches. Il dévoile aussi ses rêves et ses angoisses. Ses angoisses justement, sa mère ne voit que ça. La gamine porte en elle les failles de ses ancêtres. Dans un monde où les blessures du paysage imprègnent les hommes et leurs enfants après eux, dans une vie où l'on transmet ses monstres comme on transmet sa ferme, quelle place reste-t-il à la dernière-née pour mener sa propre histoire, sculpter son être dans un même bois ? Des bêtes en héritage Le pépé, la mémé, la mère... Les personnages de Marion Fayolle semblent tout droit sortis d'un jeu de sept familles. Aucun d'entre eux n'est désigné par un prénom ou un nom. Les personnages sont des types. Ils représentent une génération d'éleveurs. Les jeunes rêvent d'ailleurs, "imaginent une vie à eux, qui ne serait pas celle des parents, qu’ils auraient réussi à inventer tout seuls". Les vieux ne veulent pas vivre sans les bêtes et craignent le départ des jeunes. Les perspectives radicalement différentes des personnages n'en font toutefois pas des êtres que tout oppose. Bien au contraire. Avec une démarche presque naturaliste, Marion Fayolle questionne l'hérédité. On hérite de la terre de ses parents, de leur étable, de leur cheptel. Pas seulement. On hérite aussi d'une sensibilité, d'un univers mental. La petite dernière hérite des bêtes qui broutent et de celles qui trottent dans la tête, envahissent le quotidien et contre lesquelles il faut lutter. Un monde magique qui se promène de génération en génération, marque au fer les nourrissons, les suit où qu'ils aillent. Mots d'amour à la ruralité "Dès l'enfance, ils ont appris à dormir avec l'odeur des bêtes, avec leurs meuglements, le bruit des chaînes quand elles se grattent, celui des corps lourds qui tombent pour se reposer, des jets d'urine sur les grilles, des bouses qui s'éclatent sur la dalle". Marion Fayolle ne lisse par la réalité du quotidien des éleveurs. Au fil des pages, elle relève les odeurs, la fatigue et les bruits. Mais elle évoque aussi la joie, les parties de cartes, les chants de la mémé et, parce qu'il est là, l'amour pour le troupeau. Du même bois est le récit d'un monde qui disparaît. Le livre de Marion Fayolle le fait brillamment vivre. Avec quelques mots de patois et le dépoussiérage des clichés d'un vieil album, l'autrice plonge à bras-le-corps dans une paysannerie qui s'éteint. Et si les enfants partent et que le silence s'immisce dans l'étable, elle ne manque pas d'écrire la force de leur attachement à la terre, de montrer qu'il est possible d'avoir, tout à la fois, des racines et des ailes.
Je me suis ennuyée mais j'ai apprécié l'écriture originale
Tres beau premier romain de Marion Fayolle sur une histoire transgenerationnelle d’une ferme (betail). 4 generations sont depeintes, pour une histoire a la fois tres simple mais sublimée par une ecriture ciselée qui ressemble je trouve bcp a Laurent Gaudé. Une sorte de saudade s’installe, mais sans sombrer dans la facilité et la nostalgie d’un monde paysan idealisé, bien au contraire. Un excellent premier roman, aussi bien sur le fond que la forme.