Résumé
"Quand on est vivant, on occupe les places que les morts ont laissées. C’est la règle." Agonie est sorcière. Félicité, passeuse de fantômes. Le silence dure depuis trente ans entre ces deux filles de berger, jusqu’au jour où la mort brutale de leur mère les réunit malgré elles. Pour recueillir ses derniers mots, elles doivent retrouver son spectre, retracer ensemble le passé de cette femme qui a aimé l’une et rejeté l’autre. Mais le fantôme de leur mère reste introuvable, et les témoins de sa vie, morts ou vivants, en dessinent un portrait étrange, voire contradictoire. Que voulait-elle révéler avant de mourir ? Qui était vraiment cette femme fragmentée, multiple ? Leur quête de vérité emmènera les sœurs des ruelles de Nice au désert d’Almería, de la vallée des Merveilles aux villages abandonnés de Provence, et dans les profondeurs des silences familiaux. Entrez dans le salon de thé. Prenez une tasse chaude à l’abri de la pluie. Écoutez leur histoire.
J’ai été emportée par ce bouquin. J’ai commencé à le lire ne me disant « mais qu’est ce que je suis en train de lire c’est pas du tout mon style », le livre s’ouvre sur la naissance des jumelles, Egonia et Félicité, c’est un truc bizarre, fantastique, la naissance presque des créatures plus que d’enfant. Et puis je l’ai dévoré, à lire 200 pages par jours. Un régal. C’est deux enfant, l’une aimé et trop choyé, étouffée, l’autre haïs, rejeté et abandonné. 50 ans plus tard, la mère meurt, et les jumelles se retrouvent pour comprendre leur histoire. Du thé, de la magie, de la sorcellerie, de la généalogie, et une grande épopée vers la compréhension, l’acceptation et le pardon. Un livre sur la fabrication de la sororité entre deux enfants qui se sont aimé, détesté, oublié, puis aimé à nouveau. Quasiment aucun homme, que des femmes puissantes aux histoires grandiloquentes, un récit intergénérationnel qui voyage entre Nice, l’arrière pays et l’Espagne. Et JADORE le fait que le narrateur s’adresse à nous directement et j’aurais tellement aimé être dans un café un jour de pluie dans le vieux Nice à siroter un thé en lisant ce bouquin. « C'est très simple, en réalité, n'importe qui peut l'apprendre. Les gens croient qu'en hurlant contre le vent, en suppliant le ciel, ils arriveront à quelque chose. Pas du tout. Tu aimerais, toi, qu'on te crie de partir, qu'on te supplie de disparaître? Bon. Les nuages, c'est pareil. Comme n'importe qui, au fond: il faut apprendre à les connaître. Les fréquenter longtemps sans réclamer leur compagnie. Devenir leur ami. Rester depuis l'enfance sous la pluie poisseuse, des journées et des nuits, et surtout sans se plaindre, parce que râler, ça change rien. Ecouter la tempête siffler furieusement sans jamais lui répondre, sans imprécations, sans la maudire. Se laisser brûler la peau par la lumière qui t'aveugle, se laisser brunir les bras et blondir les cheveux. S'enraciner, presque, à se faire passer pour un arbre et recevoir la foudre s'il faut en arriver là pour protéger les bêtes. Alors, petit à petit, le ciel te connaît. Il sait où te trouver, le rythme de ton pas, la texture de ta peau, le timbre de ta voix. Et comme tu n'as rien demandé de toutes ces années, comme tu l'as laissé couler, souffler, brûler, hurler sur toi, si un jour tu dis doucement, sans insister, j'aimerais un peu moins de vent, s'il te plaît, il va pas te le refuser. Voilà comment on devient tempes-taïre. De la patience et du silence. Du temps sans toit, sans tuiles et sans ardoises entre le ciel et toi. Rien de plus. Mais les gens, tu as beau leur expliquer, ils écoutent pas. »
Tout un chapitre sur le thé, la récolte, la confection, l'infusion, ça rend très authentique. Sur comment Marine enseigne son savoir à Félicité. Ambiance un peu mystique. C'est original et pourtant banal l'infusion du thé mais ça se lit très bien. Ca donne envie de boire du thé. Chapitre sur le nom et l'outrenom : comment le nom qu'on donne aux enfants ouvre le destin, est relié à une mémoire, un héritage. L'outrenom donne des ombres et des reflets. "Le fleuve et la rive". Mais il faut le retrouver son outrenom, ce n'est pas tout le monde qui y arrive. Selon Vera, l'outrenom ne nous enchaîne que si on le laisse faire, mais il peut être plus vaste. "Il ne suffit pas de savoir ce qu'on est pour le devenir". Le prix de l'imaginaire est justifié ! La magie dans le quotidien. Le récit est extrêmement bien écrit, on se croit dans un film. Le narrateur s'adresse directement à nous, nous interpelle ce qui rend la lecture très authentique. A la fin, ces deux jumelles qui redeviennent sœurs, Carmine qui est à la fois Carmen, caridad et tant d'autres pour essayer d'enfermer Carine et par répercussions Egonia. "Ne les laisse plus t'enfermer, ne laisse plus jamais le souvenir de Carmine te mettre sous clé".
Récit qui perturbe au début un peu par la façon d’être raconté, mais très plaisant. Un petit bémol car je trouvais que ça traînait un peu en longueur mais à contrario la fin était peut être trop rapide. Une lecture tout de même plaisante.
Vrmt chokbar de comment j'ai aimé, jlai déjà dis mais je pourrais grave le relire sans problème quoi
⚠️Roman fantasy⚠️. Ambiance mystique, un univers bien construit. L'imaginaire se mêle au réel et c'est une réussite. Absolument tous les personnages sont attachants, une vraie personnalité bien définie pour chacun, un passé expliqué au fil des pages. On suit les deux sœurs dans la quête du fantôme de leur mère et on découvre aussi leur conflit, leur point de vue respectif, leurs interrogations sur cette mère qui a été si différente dans l'enfance de l'une et de l'autre. De nombreux aller-retour dans le passé, des histoires dans l'histoire, nécessaires et on ne s'y perd jamais. J'attendais le coup de cœur, ce livre me faisait la promesse d'un thé partagé avec des fantômes, rendez-vous compte... Mon rêve. Ce coup de cœur n'est pas venu mais quand j'y pense, c'est plutôt logique. Mon coeur était ailleurs, au-delà des pages, haut dans le Ciel, insaisissable. Destiné à d'autres fantômes que ceux-là, tout simplement.
Très poétique et émouvant, un voyage dans un univers peuplé de magie dans le quotidien