Livre du club de lecture, j'ai arrêté à la moitié mais sinon tout le club a adoré. C'est un livre sur les juges anti mafia dans les années 80/90. J'ai lâché parce-que c'est assez compliqué à suivre avec beaucoup de noms et de prénoms, des va et vient entre personnages et époques et je pense aussi que la traduction française n'est pas super et a garder des constructions de phrases italiennes qui sont lourdes en français.
Surtout sur le fond, j'avais un peu envie d'avoir une vue sur le côté "enquête" de la lutte contre la mafia et de suivre ça un peu comme un sujet policier. En réalité ce n'est pas du tout l'angle du livre qui suit les déboires judiciaire du pool de juges et prends le sujet sous l'angle philosophique, émotionnel et éthique de leurs parcours avec un côté fataliste et tragique. Il y a en plus un côté déprimant à la passivité (ou complicité) de la société italienne qui entourent ces juges. Je pense que c'est un bon roman intéressant dans tous les cas mais juste pas vraiment la lecture dont j'avais envie.
L'avis du club:
Bonjour, à tous, voici le compte rendu du club de jeudi 15 mai, avec mes excuses, je pensais l’avoir envoyé mais il était resté dans mes brouillons.
Un grand merci à Delphine pour son accueil, c’était bon de se retrouver tous ensemble, avec aussi les retours de Joel et d’anne.
Boris présente Falcone, de Roberto Saviano. Trois éléments se dégagent de la discussion.
Une interrogation sur l’angle retenu: tout d’abord, n’est ce pas un portrait trop appuyé du juge Falcone, au détriment du pool anti mafia? Les avis divergent - certains rappellent que l’auteur met en lumière les nombreuses victimes de la mafia - juges, policiers, civils - et qu’il s’agit finalement d’un hommage à une série d’acteurs courageux, prêts à braver un sort souvent déjà scellé. Pour d’autres en revanche, la focale se porte trop sur le juge star, qui était déjà critiqué comme tel à l’époque, ce qui a sans doute contribué à son isolement et à le faire cibler par Riina et ses hommes. Deuxième interrogation sur l’angle, le luxe de détails dont le livre fait preuve. Certains lecteurs ont souffert, notamment dans les premiers chapitres, l’enquête étant quasi journaliste sur tel ou tel attentat, avec force citations de coupures de presse et rapports d’époque en notes de bas de page. En revanche Saviano réussit sans doute par ce biais à rendre précisément l’atmosphère de ces années de plomb judiciaires, et sa construction en chapitres nerveux, passant d’un personnage l’autre, permet un rythme auquel on finit par adhérer.
Deuxième aspect: comment la société de l’époque a t elle traité un héros tel que Falcone? Le livre est clairement une ode au courage de l’homme, un portait également du citoyen privé qui aime malgré les menaces les joies simples, se remarie, connaît divers échecs professionnels. Falcone en ressort humanisé, attirant, vivant et l’on ressent également l’effet miroir avec la propre vie de Saviano, lui-même sous escorte policière. Il s’agit d’un portrait nettement positif de Falcone, y compris dans
les yeux de nombreux acteurs de l’époque. D’un autre côté, le livre fait le récit glaçant d’une société italienne où les autres magistrats, les politiques, ne se privent pas de critiquer et finalement mettre en danger le juge Falcone, ou plus généralement les juges anti mafia. Et, par endroits, les défauts de Falcone sont également démontrés, par exemple une certaine incapacité à rallier à sa cause d’autres magistrats. Le livre dégage ainsi une grande mélancolie, un sentiment d’effort sans cesse contré au risque de l’impuissance, à l’image des nominations successives au pôle anti mafia décidées par le conseil de la magistrature.
Finalement, les résonances avec notre propre époque: dans une société anxieuse, victime elle aussi de la corruption des puissants, et pas seulement en Italie, avec une certaine incapacité à lutter contre les narcotrafics, le parcours de vie de Falcone nous envoie t il un message d’espoir? Les avis sont partagés. Le portrait du monde administratif et ses lâchetés ne serait sans doute pas différent aujourd’hui, et incité à l’humilité. D’un autre côté, la figure d’un homme droit, se sachant visé et poursuivant sa tâche, dominant les déceptions, montre certainement un chemin d’inspiration pour nous tous, en 2025. J’ajoute que j’ai pris grand plaisir à regarder les liens sur d’autres podcasts que vous avez partagé, et y vois un signe que ce livre nous a marqués collectivement, pour cela merci Boris.
